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SPÉCIALE EDITION COVID-19

“P remièrement, l’objectif d’une politique de relance ne devra pas être simplement de retrouver le niveau de morosité économique de l’avant-Covid-19, mais de servir de point de départ et de rampe de lancement à un nouveau modèle de développement. Il en résulte que du point de vue du soutien à l’offre, l’objectif premier devra être non seulement de relancer la machine productive, mais aussi de produire des transfor- mations structurelles profondes à travers des soutiens et subventions ciblés et conditionnés, en vue de faire émerger un potentiel industriel puissant, compétitif et souverain. Ainsi, la R&D, le rattrapage technologique et l’innovation devront être au centre de la réflexion en vue d’élaborer une stratégie. En contrepartie, l’Etat devra assurer aux secteurs désignés comme stratégiques, un «protectionnisme éduca- teur» pour reprendre le concept de Frédéric List. Au niveau de la demande, une baisse importante de la TVA sur les biens produits localement devra impérativement accompagner un soutien direct aux ménages. Le but de la manœuvre est de stimuler la consommation des produits nationaux dans la mesure du possible, en vue d’éviter que cette demande solvable n’aille d’avantage nourrir nos importations. RACHID ACHACHI Docteur en sciences économiques “I l faut distinguer deux étapes dans le processus de gestion de la crise actuelle; la première était axée sur le sauvetage, l’État pompier. C’est dans ce cadre que le CVE a été mis en place afin que les décisions soient prises rapidement et d’une manière concertée -public/privé-, même si le rôle du privé était plus spectateur qu’acteur. La deuxième étape, la plus importante, consiste à relancer l’économie nationale. Elle sera longue, difficile et coûteuse, avec toutes les mesures budgétaires et autres qu’il faut prendre. Ceci nécessite des décisions politiques qui vont engager le pays sur plusieurs années (endettement, déficit budgétaire…). Et là, c’est le rôle des institutions élues démocratiquement, Parlement et gouvernement, qui doivent assumer leurs responsabilités avec un débat transparent. À mon avis, dès la levée de l’état d’urgence sanitaire, le CVE n’a aucune raison de continuer à exister. Le passage entre le plan de sauvetage qui remplace les revenus manquants et le plan de relance qui doit poser de nouvelles priorités, risque d’être délicat. Faudra-t-il relancer tout ou faire des choix en insistant sur des secteurs plus por- teurs ? De façon évidente, ce sera à l’État de faire ces choix. Pour éviter que la récession causée par cette épidémie se HAMMAD KASSAL Entrepreneur et professeur universitaire à Al Akhawayn

A cet effet, un patriotisme économique doit être fortement encouragé à travers des campagnes de sensibilisation, mais avant tout à travers un engagement tangible et concret des entreprises nationales en termes de qualité et de poli- tique de prix. D’autres mesures fiscales et redistributives peuvent être envisagées, comme un impôt sur la fortune, une baisse de l’IR pour les tranches inférieures,… En résumé, les deux piliers d’une politique de relance s’inscrivant dans le cadre d’un nouveau modèle de déve- loppement devront être le rattrapage technologique et l’émergence d’une classe moyenne solide et dynamique.

transforme en dépression, la puissance publique est obligée d’augmenter sensiblement la dette publique pour amortir le choc. C’est cette dette publique qui permettra à l’État d’offrir les garanties aux banques pour leur permettre d’accorder des crédits aux entreprises en difficulté. La question est évidemment de savoir qui va payer la note et comment ? Seule la croissance qui génère l’enrichissement, va permettre demain de rembourser la dette d’aujourd’hui».

114 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]

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