SPÉCIALE EDITION COVID-19
Immobilier
Le secteur immobilier traverse une crise profonde, qui devrait s’accentuer à cause d’une régression du pouvoir d’achat et une frilosité des banques. Dans l’entretien qui suit, Mohamed Lahlou, président-fondateur de l’Association marocaine des agents immobiliers (AMAI), fait un diagnostic du secteur et émet quelques recommandations pour redresser la situation. Il estime que la crise est l’occasion de faire un véritable bond en avant et gommer les lacunes enregistrées par le passé. «C’est le moment de lancer une assurance pour le locatif impayé»
Finances News Hebdo : Quel est l’im- pact de la crise de la Covid-19 sur le secteur immobilier ? Mohamed Lahlou : La pandémie impacte toute l’économie nationale, et ses effets devraient se poursuivre au cours des mois à venir. L’impact négatif sur l’immobilier est considé- rable avec l’arrêt total de la plupart des chantiers, sachant que l’activité est un grand pourvoyeur d’emplois et mobilise d’importants investisse- ments. Pour les agences immobilières,
le rythme de travail est quasi nul. Avec le confinement, le problème de la mobilité des clients s’est posé avec acuité. En effet, une personne qui réside dans une zone ne peut se déplacer vers une autre pour visiter un bien immobilier en vue de son achat ou de sa vente. F. N. H. : Quelles sont vos prévisions pour l’après Covid-19 ? M. L. : Depuis des années, l’immobi- lier souffre d’une situation défavo- rable du marché. En cause, un stock important qui reste à écouler. L’après- confinement ne se présente pas sous de bons auspices. La situation écono- mique en berne devrait augmenter le chômage, et cela aura un effet direct sur la demande. On recense aussi un impact psycholo- gique dû au fait que les gens diffèrent tous leurs projets à une date ulté- rieure afin d’avoir plus de visibilité. D’autres conditions entrent en jeu, à l’image du rôle que devraient jouer les banques. Seront-elles plus souples en matière d’octroi de crédit ? Le taux d’intérêt s’inscrira-t-il à la baisse ou à la hausse ? F. N. H. : Quelles sont les mesures que vous proposez pour relancer l’activité ? M. L. : L’Etat doit consentir un effort
au niveau fiscal pour donner une impulsion au secteur. A cet égard, une révision du taux d’enregistrement ou des droits de la conservation foncière s’impose. Un abattement de 50% sur les droits d’enregistrement est sou- haitable. Pour leur part, les promo- teurs doivent revoir à la baisse leur prix entre 10 à 15%, voire 20%. Ces mesures devraient leur permettre de régler un tant soit peu leurs crédits et d’éviter de subir davantage le cumul des frais financiers. Maintenir les prix actuels ne sert pas leurs intérêts, surtout avec une offre abondante de produits. Dans l’ensemble, ces mesures devraient redynamiser le secteur. Actuellement, la logique qui prévaut est celle du redémarrage et qui doit se faire sans trop de dégâts. F. N. H. : Quid de la location ? M. L. : Avec cette sur-offre de biens immobiliers, les promoteurs peuvent investir le segment de la location, encore faut-il qu’ils trouvent un ter- rain d’entente avec les banques pour connaitre le mode de rembourse- ment des crédits (revenus locatifs ou autres). Avec la crise, la location prendra une place prépondérante et pourra contribuer à relancer le sec- teur. Toutefois, il est utile de renforcer la confiance entre le locataire et le
Mohamed Lahlou
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74 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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