S OCIÉTÉ
Viols au Maroc
Pourquoi il faut durcir la loi Au Maroc, les violeurs écopent souvent de peines clémentes dépassant rarement les trois ans, au moment où le Code pénal prévoit cinq, dix ou vingt ans. La réforme en cours du Code pénal offre une opportunité de remédier aux lacunes existantes et d’améliorer la réponse judiciaire aux affaires de viol.
emmenée chez la gynécologue ainsi que la psychologue. Puis, nous sommes allés chez le pédiatre pour le bébé afin de le circon- cire et de lui administrer les vaccins néces- saires », nous confie Meriem Othmani, présidente fondatrice d’INSAF. Et de poursuivre : «Nous avons tenté de reconstruire Sanae qui était trau- matisée par les supplices endurés. Elle n’avait jamais vu la mer; nous l’avons donc emmenée à la plage où elle a joué comme tous les enfants du monde. Sanae n’a jamais eu la chance d’être scolari- sée; nous nous sommes alors mobilisés pour qu’elle puisse intégrer une école de seconde chance. Pour ce faire, INSAF s’est chargée de lui octroyer les fournitures sco- laires dont elle aura besoin. En parallèle, nous assurons à Sanae des cours de sou- tien scolaire pour qu’elle puisse rattraper son retard». Notons qu’INSAF est actuellement en contact avec d’autres cas similaires. A cet effet, l’association vient de créer une sec- tion «particulière pour ces cas de profonde détresse». Pareillement, l’ONG «Ne touche pas à mon enfant» ne ménage aucun effort pour venir en aide aux enfants victimes de viol. « Premièrement, nous nous assu- rons que la victime bénéficie de soins et des prestations médicales nécessaires dans les établissements hospitaliers, en coordina- tion avec les unités de prise en charge des femmes et des enfants victimes de violence. Nous prenons soin de réduire les circuits et les procédures nécessaires afin que la crise psychologique de la victime ne se multiplie pas. Nous la soutenons et avons le droit d’être partie civile après avoir payé
U
n crime glaçant, une affaire qui ne risque pas de tomber dans les oubliettes : deux ans «seu-
militants des droits de la femme et de l’enfant ont clamé haut et fort un dur- cissement des jugements prononcés dans ce genre d’affaires pour protéger les enfants de la violence dans toutes ses formes. Et ce, particulièrement celle à caractère sexuel, notamment à travers la révision des textes législatifs, confor- mément aux conventions internationales ratifiées en la matière. Symbole de mobilisation collective, des milliers de personnes ont signé la péti- tion «Arrêtons les crimes contre les femmes et les enfants », réclamant la réouverture du procès. Les ‘assos’ à l’assaut S’activant depuis des années dans la défense des droits des femmes et enfants en détresse, l’Institut national de solida- rité avec les femmes en détresse (INSAF), a pris en charge la victime et son bébé. « Dès que nous avons appris la nouvelle concernant le viol de Sanae, nous avons immédiatement envoyé deux de nos assis- tantes sociales pour enquêter dans la région de Tiflet. Nous nous sommes occu- pés de la victime et de son bébé et l’avons
lement» pour avoir violé et mise enceinte une fille de 11 ans… Certes, cette peine jugée «trop clémente» a vite été revue à la hausse suite à une vague d’indignation et de colère de la part notamment de la société civile. Néanmoins, cela n’a pas servi de leçon : le tout dernier exemple qu’on peut citer concerne un enfant de 12 ans issu d’Imintanout, dont le violeur a écopé d’une peine «dérisoire» de huit mois de prison et une amende de cinq cents dirhams. Quelques mois et cinq cents dirhams suffiraient-ils à amoindrir le mal infligé à un être privé de son inno- cence à un âge très précoce ? Selon le corps associatif, il s’agit bel et bien d’une justice très «injuste» . En effet, les peines prononcées en pre- mière instance à l’encontre des trois hommes inculpés dans l’affaire de viol de Tiflet ont été largement décriées sur la toile et dans les rues du Royaume. Contestant un verdict jugé laxiste, les
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°45 100
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