fait appel aux portemonnaies d’éventuels donateurs (d’autant plus que Tanjazz est parvenu à maturité), la BMCI, charmée par son bagout persuasif, ne se fait pas forcer la main. Elle lui pro- cura soutien. Sollicitée, elle eut l’élégance de ne pas le marchan- der. L’écot qu’elle apporte ne se veut pas chiffrable, dans la mesure où il s’étend par-delà le finance- ment. À tout seigneur, tout hon- neur. La Fondation BMCI a sou- tenu la participation de la chan- teuse Elisabeth Kontomanou et les artistes Ablaye Cissoko, Anne Pacéo ainsi que Rita Payes. Jazzablanca, accessible pour tous à la Place des Nations unies La BMCI a été profondément séduite par la magie du jazz, impressionnée par sa splendeur, son dynamisme, sa diversité et
son originalité. Elle s’est engagée à le promouvoir. Décidant de ren- forcer son soutien à la musique jazz, elle devient sponsor offi- ciel, depuis 2014, du Jazzablanca. Et, sous son impulsion, l’événe- ment propose gratuitement des concerts au public casablancais sur la «scène BMCI», située sur la Place des Nations unies, met- tant en avant tous les courants du jazz et révélant les jeunes talents marocains. Libre d’accès, ladite scène incarne la dimension urbaine et inclusive d’un festival profondément atta- ché à sa ville, qui se veut acces- sible à tous. Pour 2023, et suite à l’appel à projets lancé en début d’année, la scène BMCI a accueil- li 6 groupes marocains, dont les registres et sensibilités musicales font la part belle aux musiques du Sud. Ces musiciens ont fait
Jazz à tous les étages
retour financier. C’est le cas de la Fondation BMCI, une entité puis- sante et rayonnante, qui embrasse le mécénat culturel, et plutôt de belle manière. En effet, la Fondation BMCI a apporté son soutien à plusieurs projets. Pendant 10 ans, elle a soutenu le Concours internatio- nal de musique du Maroc. Elle a également été présente lors de la première édition du salon Visa For Music, une plateforme interprofessionnelle de l’industrie musicale au Maroc. De plus, elle a accompagné pendant plusieurs années le Printemps Musical Des Alizés, un festival dédié à la musique de chambre et à la musique classique à Essaouira. En outre, la Fondation a prêté la main à l’artiste marocaine Firdaous pour l’enregistrement de son clip «Rouh li halak», ainsi qu’à Karim Kadiri, artiste luthiste marocain, pour le lancement de son deuxième album intitulé «You are here» avec le groupe M’oud Swing. C’est ainsi que la musique continue à nous entraîner vers de nouveaux horizons. Lorsque, il y a plusieurs années, Philippe Lorain, qui n’hésitait pas à puiser dans ses propres fonds,
Aux sources du jazz, musique née en Louisiane, précisément à la Nouvelle-Orléans, se trouvent les rythmes et les modes apportés par les esclaves noirs. Aussi, le negro spiritual est une des premières expressions musicales noires, puisant son inspiration dans les chants religieux protestants. Mais plus déterminant encore se révèle le blues, où l’âme noire confie dans une chanson rudimentaire- ment accompagnée ses problèmes existentiels. Ce blues intervient dans tous les courants consti- tutifs de la trajectoire du jazz. Le premier style apparu est le New Orléans, du nom de la ville où il a vu le jour. Il se particularise d’emblée par l’emploi de petites formations d’où se détachent les instruments à vent et une section rythmique. Ce genre fondateur évoluera allègrement vers une forme classique. Duke Ellington propagera la mode des grandes formations orchestrales. Les thèmes originaux sont vite délaissés au profit de la chanson urbaine. C’est alors l’âge d’or du swing. Une plus profonde mutation s’opère avec le be-bop, éclos à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier rompt la régularité rythmique au bénéfice d’une diversification des rôles instrumentaux, sans pourtant heur- ter la tradition. Un franc rejet de celle-ci apparaît avec le free jazz des années soixante, où l’improvi- sation la plus libre constitue le principal élément structurel de la musique. De cette présentation sommaire découle l’évidence selon laquelle le jazz est une musique évolutive, mouvante, volatile. Sous le terme, sont réunis des styles distincts, ne présentant parfois aucune commune mesure, et pourtant se réclamant crânement d’un même genre dont la vocation demeure l’expression, manifeste ou diffuse, d’une lutte sociale ou politique.
105 HORS-SÉRIE N°45 / FINANCES NEWS HEBDO
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