Hors série Numéro 45

nu qu’ «il n’y a pas de solutions faciles» , soulignant que «le système de retraite était déjà sur la table des gouvernements précédents pendant des années, et les mesures prises n’ont pas permis d’aboutir à une solution». L’objectif de l’exécutif est, selon elle, de clore ce dossier cet été ou en septembre prochain. C’est pourquoi ce dossier brûlant est au cœur du dialogue avec les partenaires sociaux. La ministre de l’Économie et des Finances avait ainsi présidé, le mercredi 5 octobre 2022, au siège de son département, la première réunion de la Commission chargée de la réforme de retraite, dont la création s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions de l’Accord social et de la Charte nationale du dialogue social, conclus le 30 avril dernier entre le gouvernement, les centrales syndicales et les organisations et associations professionnelles des employeurs. Dissension sur l’’âge de départ Pour l’exécutif, l’équation se résume en l’augmentation du taux des cotisations, la baisse des pen- sions et, surtout, le recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, tous secteurs confondus. Ce à quoi les syndicats s’opposent farouche- ment. Pour Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), «la

réforme de la retraite ne peut se faire au détriment des travailleurs. Tout projet imposé par le gouver- nement, sans concertation avec les syndicats, ne peut donner des résultats probants. Nous rejetons la vision de l’Exécutif basée sur la hausse obligatoire de l’âge de la retraite, la baisse des pensions et l’augmentation des cotisations. C’est un lourd fardeau à supporter par la classe ouvrière». Et de pré- ciser que «dans les quatre caisses marocaines, seule la CMR présente des risques majeurs pour le moyen terme, et ce pour des raisons de mauvaise gouvernance. Alors que les projections pour les autres, à savoir le RCAR, la CNSS, et la CIMR ne prévoient de déficit qu’à partir de 2052». Moukharik propose ainsi d’« adopter une approche partici- pative dans ce dossier et de prendre en considération la pénibilité des métiers », estimant que «la hausse de l’âge de départ à la retraite ne doit pas être obligatoire» . S’il concède à lâcher du lest en ce qui concerne la hausse des cotisations, avec une «augmentation sur la base des deux tiers de la part patronale et un tiers de la part salariale», il refuse caté- goriquement toute baisse des pen- sions. «Déjà, elles sont faibles pour la plupart des retraités, en plus du renchérissement du coût de la vie à cause de l’inflation», argumente- t-il.

exemple, prévoit un premier défi- cit global dès 2027, et ses réserves risquent de s’épuiser d’ici 2040. De même, les régimes du secteur public gérés par la Caisse maro- caine des retraites (CMR-RPC) et la Caisse nationale de retraites et d’assurances (RCAR-RG) sont confrontés à des difficultés finan- cières croissantes. Le régime CMR-RPC a enregistré son premier déficit global en 2015, et l’épuisement de ses réserves est prévu pour 2028. Quant au régime RCAR-RG, il fait face à un déficit global imminent cette année, avec un épuisement de ses réserves prévu pour 2044. Pour faire face à ses obligations par la suite, la CMR aura besoin d’envi- ron 14 milliards de dirhams par an pour financer le déficit du sys- tème, avait expliqué au Parlement la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Pour elle, «le niveau actuel du taux de cotisation (28%) et l’âge légal de départ à la retraite (63 ans) ne laissent qu’une faible marge pour adopter une nouvelle réforme paramétrique» . L’horizon à court terme de la pérennité du système rend l’impact de la réforme para- métrique limité à réduire la dette implicite sans aborder la pro- blématique de l’épuisement des réserves du système. Nadia Fettah Alaoui, qui a héri- té de ce dossier brûlant, a recon-

L’objectif de l’exécutif est, selon Nadia Fettah Alaoui, de clore ce dossier cet été ou en sep- tembre prochain.

79 HORS-SÉRIE N°45 / FINANCES NEWS HEBDO

Made with FlippingBook flipbook maker