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JEUDI 12 OCTOBRE 2023
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Changement climatique
Un accélérateur de l’exode rural
◆ Face au manque d’eau dû à la sécheresse et au réchauffement climatique, de nombreux ruraux optent pour l’exode rural. C omme c’est le cas dans le reste du monde, au Maroc, le réchauffe- ment climatique continue de pro- gresser. Alors que le premier mois de la nouvelle saison automnale tend à s’écouler, les températures restent anormalement élevées, ce qui laisse présa- ger une année aussi sèche que celles qui l’ont précédée. D’après le rapport du World Resources Institute, le Royaume occupe le 23 ème rang sur un total de 165 pays exposés aux risques hydriques. En 2022, la disponibilité en eau au Maroc s’est située à 606 m 3 par personne et par an, au moment où le seuil absolu de pénurie d’eau est fixé à 500 m 3 / habitant/ par an. Les premiers à pâtir de cette situation sont les habitants des zones rurales qui se retrouvent face à une rareté extrême de l’eau, dont les effets peuvent s’avérer désastreux. Face au changement climatique, l’exode rural est souvent l’ultime solution. En quête de conditions de vie meilleures, de nombreux paysans choisissent de migrer vers les villes. Selon un constat dressé récemment par la Banque mondiale, la sécheresse peut aggraver l’exode rural. Dans son rapport «Groundswell», l’institution financière estime qu’en raison de l’impact du changement climatique sur l’agriculture pluviale, 5,4% de la population marocaine totale, soit environ 1,9 million de personnes, migreront à l'intérieur du pays d’ici 2050. Notons que selon les statistiques fournies par le haut-commissariat au Plan (HCP), l’exode rural touche annuellement près de 152.000 personnes. Pour Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), le carac- tère persistant de la sécheresse actuelle Par M. Ait Ouaanna
L’exode rural a un lien direct avec le changement climatique.
peut effectivement pousser les ruraux à se déplacer. «Ce n’est pas la première fois que le Maroc connaît une telle sécheresse; ce fut le cas durant les années 80. Mais la sécheresse actuelle est assez particulière puisqu’elle dure dans le temps et affecte les différents points d’eau. Ajoutons à cela le changement climatique radical qui nous met face à des températures anormales»,
déplore-t-il. Et de poursuivre : «L’exode rural a un lien direct avec le changement climatique. Les éleveurs et agriculteurs vivant dans des zones où l’accès aux ressources hydriques est de plus en plus limité, se trouvent au bout d’un moment obligés de se déplacer vers des endroits où les conditions de vie sont meilleures. C’est surtout un problème économique, car 80% de la population du monde rural dépendent directement de l’agriculture et avec un manque, voire une absence de précipitations, ces personnes perdent leur principale source de revenu. Ils peuvent supporter une année ou deux, mais maintenant, la sécheresse est à sa 4 ème année consécutive» , relève-t-il. Notons qu’afin de soutenir les agriculteurs et en vue de réduire l’impact de la séche- resse et des effets de la conjoncture, le gouvernement a mis en place un Programme national de réduction de l’impact du déficit pluviométrique. D’une enveloppe d’environ 10 milliards de dirhams (MMDH), ledit pro- gramme s’articule autour de trois axes prin- cipaux. Le premier concerne la protection du capital animal et végétal et la gestion de la rareté des eaux, le deuxième est dédié à l’assurance agricole et le troisième porte sur l’accompagnement financier des agricul- teurs et des professionnels pour faire face aux urgences. ◆
EN BREF
L'AIEA prévoit un net essor d'ici 2050 ENERGIE NUCLÉAIRE L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) table sur une forte augmentation de la capacité de production nucléaire au cours des trois prochaines décennies sur fond d'urgence clima- tique. «Le changement climatique joue un rôle clé, tout comme la sécurité de l'approvisionnement énergétique» , a déclaré le Directeur général de l'instance onusienne, Rafael Grossi. Devant «la situation géopolitique et les conflits militaires», «de plus en plus de pays considèrent l'énergie nucléaire comme une source d'énergie résiliente et fiable », explique l'instance onu- sienne. Dans le scénario le plus favorable au nucléaire, l'AIEA prévoit le doublement au moins de la puissance installée, qui grimperait à 890 gigawatts en 2050 contre 369 GW actuellement. Elle misait auparavant sur 873 GW. Les partisans de l'atome soulignent qu'il s'agit d'une source d'énergie très peu émettrice de CO2 et pilotable, c'est-à-dire qui peut être mobilisée en fonction des besoins, à l'inverse du vent ou du soleil. Mais en raison du coût et des risques, des pays restent résolument contre. ◆
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