Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 6 février 2025 - 8 DH - N° 1183
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Chômage Equation insoluble… pour le moment
Industrie - Bourse
Un mariage scellé pour booster l’économie marocaine
P. 16/17
P. 12 à 15
Moins d’Etat, plus de privé INVESTISSEMENT ● Avec une pression croissante sur les finances publiques et des ambitions sociales grandissantes, le Maroc ne peut plus compter uniquement sur le budget de l’État pour financer ses grands projets.
P. 18/19
Droit de grève
Prêts bancaires
Sahara marocain Les illusions… tebbouniennes
La relance attendue en 2025
Vive colère syndicale
P. 2
P. 3
P. 7
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
ACTUALITÉ
26 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Jean-Baptiste Kouatche : WashMinute, «La récente levée de fonds marque une étape clé dans le développement de notre startup»
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Voyons voir : Sahara marocain : Les illusions… tebbouniennes
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
BOURSE & FINANCES
DEVELOPPEMENT DURABLE
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Secteur agricole : Un dilemme eau-énergie à concilier Interconnexion électrique : Le DG de l’ONEE signe un accord de partenariat avec la Mauritanie
Point Bourse Hebdo : La hausse reprend ses droits Prêts bancaires : 2024, une année de transition vers une relance attendue en 2025 Infrastructures financières : Le Maroc à la croisée des chemins Capital- investissement : Dealflow.ma, une plate- forme M&A pour dynamiser le secteur Entretien avec Farid Benlafdil : Financement, 100 questions sur le capital-investissement au Maroc
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Droit de grève
L La colère syndicale
e Maroc se dote d’un nouveau cadre législatif encadrant le droit de grève. Lundi dernier, la Chambre des conseillers a adopté, à la majori- té, le projet de loi organique n° 97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève. Adopté définitivement par la Chambre des représentants, mercredi 5 février, le texte a fait l’objet d’une mosaïque d’amendements durant son circuit législatif : pas moins de 247 propositions ont été débattues, discutées, parfois arrachées au forceps. Sur ce point, on ne pourra pas reprocher au gouvernement d’avoir manqué d’ouverture. Mais entre les concessions et les restrictions, ce qui en ressort est un texte dont les contours restent flous pour certains, et dont les zones grises ne manqueront pas d’alimenter de futurs bras de fer. D’ailleurs, le projet de loi a certes passé l’épreuve du vote, mais semble avoir parallèlement exacerbé les tensions. L’Union marocaine du travail (UMT), outrée par la version finale du texte, a quitté l’hémicycle en guise de protestation. De même, plusieurs centrales syndicales ont annoncé une grève générale les 5 et 6 février, dénonçant une atteinte «grave et sans précédent» au droit constitutionnel de grève. Des réactions qui résument, à elles seules, le climat délétère qui entoure cette réforme. Laquelle est censée garantir un équilibre entre les impératifs écono- miques et les droits des travailleurs, mais est perçue comme un corset trop serré pour les syndicats. Ces derniers dénoncent un texte liberticide, restrictif et une tentative à peine voilée de bâillonner la contestation sociale sous couvert de régulation. Autre angle mort dénoncé par les centrales syndicales : la précarité du marché du travail, où le secteur informel échappe à toute réglementation et où les salariés les plus vulnérables, ceux qui auraient le plus besoin de protection, risquent d’être les laissés-pour-compte de cette réforme. Du côté du gouvernement, c’est cependant un autre son de cloche. Les promo- teurs du texte le présentent comme un jalon essentiel dans l’édification d’un Etat de droit, garantissant à la fois la liberté d’entreprendre et celle de revendiquer. Dans les couloirs du Parlement, la majorité salue ainsi «un cadre légal équilibré qui renforcera la confiance des investisseurs et dynamisera l’économie nationale». D’où les propos rassurant du ministre de l’Insertion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, qui affirme que cette loi garantit un équilibre entre la continuité du service public, la liberté d’en- treprendre et le droit de grève, en conformité avec la Constitution. Il y voit même un instrument de pacification du climat social et de modernisation du dialogue entre employeurs et salariés. Mais l’argument du gouvernement, selon lequel cette loi ne vise qu’à encadrer le droit et non à le restreindre, n’a manifestement pas convaincu. Ce plaidoyer a du mal à se frayer un chemin dans un paysage syndical qui y voit davantage une mise au pas qu’un progrès démocratique. Et cette réaction hérissée des syndicats laisse entrevoir un nouveau front de contestations sociales. Le gouvernement pourra-t-il alors apaiser les tensions ? Sachant qu’une réforme qui ne convainc pas ceux qu’elle concerne directement, est vouée à une mise en œuvre difficile. Pour ne pas dire chaotique. u
HIGH-TECH
Industrie - Bourse : Un mariage scellé pour boos- ter l’économie marocaine Stratégie : Cosumar vise 1 million de tonnes à l’export «dans un avenir proche» Séduire les investisseurs en Bourse : Les clés du succès selon Adil Douiri Dari Couspate : L'épopée boursière racontée par son Directeur général 12 13 14 15 FOCUS AGRO-INDUSTRIE
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Intelligence artificielle : DeepSeek ébranle les géants de la Silicon Valley Aux origines du gaming au Maroc : L’envers du décor technique (3 ème partie)
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Gestion des affaires publiques : L’INPPLC et le CESE s’associent pour renforcer la participation des citoyens
ECONOMIE
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Chômage : Equation insoluble… pour le moment Investissement : Moins d’Etat, plus de privé Entretien avec Said Tahiri : Tourisme, «Les star- tups permettent d’améliorer l’efficacité opéra- tionnelle des entreprises touristiques» Produits alimentaires : Instabilité des prix à l’approche du mois de Ramadan Habitat : Faut-il taxer les logements vacants ? Building Logistics Services : Moncef Belkhayat pied au plancher
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Sahara marocain
Les illusions… tebbouniennes
I
Par D. William
l est des illusions qui s’accrochent aux esprits comme des sangsues. Abdelmadjid Tebboune, président d’une Algérie en quête de repères, en a donné une illustration frappante dans son entretien accordé dimanche dernier au média français L'Opinion. Fidèle à la ligne dogmatique du régime, il s’est fendu d’un plaidoyer éculé sur le Sahara marocain, évoquant un supposé «dossier de décolonisation » et affirmant que l’Algérie n’en était qu’un spectateur. Dans cet exercice d’équilibrisme verbal, Tebboune a surtout confirmé ce que chacun savait déjà : le Sahara marocain reste une obsession pour le pouvoir algérien. Il révèle même avoir tenté de dissuader Emmanuel Macron de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ce territoire. «Je l’ai alors prévenu : ‘Vous faites une grave erreur !’», confie-t-il, non sans un brin de condescendance. Comme si la France devait s’aligner sur ses lubies géopolitiques au risque de «perdre» l’Algérie. Que ce pays cherche à masquer maladroitement son implication dans le conflit ne surprend plus. C’est un refrain connu, usé jusqu’à la corde : Alger ne serait qu’un observateur neutre, voire un mécène humanitaire prêtant sa voix aux Sahraouis opprimés. Mais les faits sont têtus. Le Polisario, ce groupe séparatiste qui tente vainement de s’ériger en interlocuteur légitime, ne pourrait survivre un seul jour sans le soutien algérien. C’est sur le sol algé- rien que ce mouvement a érigé ses bases arrières.
C’est grâce à l’Algérie qu’il reçoit un appui logis- tique, militaire et diplomatique constant. Le mensonge d’une Algérie extérieure à ce conflit s’effondre donc devant l’évidence : ce pays ne cesse d’alimenter la crise et de torpiller toute ini- tiative de paix. C’est Alger qui finance. C’est Alger qui arme. C’est Alger qui bloque. La main tendue Face à cette hostilité constante, le Maroc a pourtant multiplié les gestes d’ouverture. Le Roi Mohammed VI, avec une patience qui force l’admi- ration, n’a cessé d’inviter l’Algérie à la raison. Dans son discours du 6 novembre 2018, à l’occasion de la Marche verte, il lançait un appel solennel : «(…) Depuis mon accession au Trône, j’ai appelé avec sincérité et bonne foi à l’ouverture des frontières entre les deux pays, à la normalisation des rela- tions maroco-algériennes. C’est, donc, en toute clarté et en toute responsabilité que je déclare aujourd’hui la disposition du Maroc au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs
qui entravent le développement de nos relations. A cet effet, je propose à nos frères en Algérie la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation (...)». Une main tendue, restée sans réponse. Dans un autre discours, celui du 30 juillet 2021, le Souverain, loin de toute acrimonie, revenait à la charge : «(…) Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans conditions à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage (…) A sa plus proche convenance, j’invite Son excellence le président algérien à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune (…)». Là aussi, le pouvoir algérien est resté muet, comme il le fera un an plus tard, quand le Souverain renou- velait son invitation : «Nous aspirons à œuvrer avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales entre deux peuples frères, unis par l’Histoire, les attaches humaines et la communauté de destin» . Cette posture intransigeante, voire méprisante ne se contente pas de nuire aux relations bilatérales entre les deux pays. Elle constitue une menace réelle pour la stabilité de la région. En maintenant artificiellement le conflit, Alger empêche la conso- lidation du Maghreb et contribue à l’érosion du tissu sécuritaire en Afrique du Nord. Alors que le Sahel est devenu un foyer d’instabi- lité où prolifèrent groupes terroristes et réseaux criminels, l’Algérie joue un double jeu. D’un côté, elle se pose en rempart contre l’insécurité régio- nale; de l’autre, elle soutient les séparatistes du polisario, dont la collusion avec le terrorisme et le crime organisé dans la région sahélo-saharienne est avérée et dénoncée par plusieurs ONG inter- nationales. En tout cas, la reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara est deve- nue un fait incontournable. Après Washington, plusieurs grandes capitales européennes (Madrid, Berlin, Paris…) ont pris acte de la réalité. L’initiative marocaine d’autonomie est aujourd’hui considé- rée comme la seule voie sérieuse et crédible pour sortir de cette impasse. Alger peut-elle éternellement jouer la montre ? Croire que le Maroc pliera sous les mensonges d’Etat et la pression diplomatique ? La réponse est évidente. Rabat avance, multiplie les accords et renforce son influence. Alger, elle, s’isole. ◆
Le Polisario, ce groupe séparatiste qui tente vainement de s’ériger en interlo- cuteur légitime, ne pourrait survivre un seul jour sans le soutien algérien.
oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Economie nationale
Le satisfecit de Akhannouch L e Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a affirmé mardi que 2025 sera une année d’ambitions et de continuité pour le Maroc, malgré les pressions écono- miques mondiales. Il a souligné la poursuite des réformes pour assu- rer la soutenabilité des finances publiques et accélérer les investis- sements, atteignant 340 milliards de DH en 2024. L’inflation est maîtrisée sous 1%, tandis que la croissance économique a atteint 4,3% à fin sep-
Ramadan 1446
Rencontre ministérielle pour garantir des prix stables D ans le cadre des préparatifs pour le mois de Ramadan 1446, la Commission ministérielle de veille et de suivi de l’approvisionnement des marchés et des prix a tenu une réunion mardi 4 février 2025 au siège du ministère de l’Intérieur. Cette rencontre a rassemblé plusieurs ministres, res- ponsables d’institutions publiques et autorités locales, afin d’évaluer la situation du marché et d’anticiper les besoins en produits de consommation. Selon les données présentées, l’approvisionnement en denrées alimentaires demeure globalement stable, avec des stocks suffisants pour répondre aux besoins durant le Ramadan et les mois suivants. Toutefois, les autorités appellent à une vigilance accrue face aux risques de spéculation, de hausse injustifiée des prix et de pratiques frauduleuses. Des mesures ont été annoncées pour renforcer les contrôles, garantir le respect des règles de concur- rence et de protection du consommateur et assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs économiques et administratifs. Un dispositif de signalement sera également mis en place pour permettre aux citoyens de dénoncer toute anomalie liée à l’approvisionnement ou aux pratiques commerciales. ■
tembre. Le tourisme a battu un record avec 17,4 millions de visiteurs et les IDE ont progressé de 24,7%. Les exportations ont atteint 455 Mds de DH, contribuant à la réduction du déficit budgétaire à 3,9%. Le gouvernement vise un déficit de 3,5% en 2025, soutenu par une hausse des recettes fiscales et une amélioration des équilibres macroéconomiques, confirmée par les évaluations internationales. ■
Exécution de la LF 2024
Les recettes fiscales dépassent les prévisions
L es recettes fiscales ont atteint 110,8% des prévisions de la Loi de Finances 2024, soit une hausse de 37,6 Mds de DH par rapport à 2023, selon le ministre chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. Cette progression s'explique par l'augmentation des principaux impôts, dont
l'impôt sur le revenu (+9,5 Mds de DH) et la TVA (+12,4 Mds de DH). La régularisation fiscale a généré 125 Mds de DH, renfor- çant la trésorerie de l'État de 6 Mds de DH. Parallèlement, les dépenses ordinaires ont été maîtrisées, progressant de 5,6% en raison du dialogue social et du soutien à l’éducation. Le déficit budgétaire a été réduit à 3,9%, poursuivant sa trajectoire descendante et consolidant ainsi la stabi- lité financière du Maroc en vue des grands projets à venir. ■
Grève : Le projet de loi définitivement adopté
L a Chambre des représentants a adopté à la majorité, mercredi, en deuxième lecture, lors d'une session législative, le projet de loi orga- nique n° 97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève. Ce projet de loi a été approuvé par 84 voix, tandis que 20 députés ont voté contre, sans aucune abstention. Selon le ministre de l’Insertion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, le texte, qui a fait l’objet de nom- breux amendements, garantit un équilibre entre les
droits des employeurs et des salariés. Parmi les amendements clés : la reconnaissance de la grève de solidarité et politique, ainsi que l'extension du droit de grève aux travailleurs domestiques et indépendants. De même, l’employeur ne pourra plus entraver le droit de grève, sous peine d’amendes allant jusqu’à 200.000 dirhams. La majorité salue un texte protecteur, tandis que l’opposition critique un manque de concertation. D’ailleurs, ce texte est vivement contesté par les cen- trales syndicales, qui ont appelé à une grève nationale de 48 heures, mercredi 5 et jeudi 6 février. ■
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Zone Euro
USA
Afrique
L'inflation a augmenté en décembre au plus haut depuis plusieurs mois
L'inflation poursuit sa hausse en janvier
72% des acteurs financiers optimistes pour les trois prochaines années Q uelque 72% des acteurs finan- ciers affichent une vision favo- rable des trois prochaines années, avec les fintechs comme fers de lance (88%), selon la 4 ème édition du Baromètre de l'industrie financière africaine. L’inclusion financière et la digitalisation s’imposent comme des moteurs clés de cette croissance, tandis que les banques et assurances adoptent une posture plus prudente, précise le Baromètre, fruit d’une col- laboration entre Deloitte et l’Africa Financial Summit (AFIS). L’édition 2024 met en lumière l’accélération des chantiers de transformation digi- tale, avec 36% des projets cloud déjà matures et une forte adoption des partenariats technologiques (84%). ■
L’ inflation a poursuivi sa tendance haussière en décembre aux Etats- Unis pour atteindre son niveau le plus élevé depuis huit mois, en raison d'une augmentation des dépenses de consommation. Selon les données récemment publiées, l’indice PCE a progres- sé à 2,6% sur un an contre 2,4% un mois plus tôt. Sur un mois, la hausse a également accéléré à +0,3%, contre 0,1% en novembre, en droite ligne des attentes des analystes. Les coûts de la main-d'œuvre ont augmenté au quatrième trimestre, sur fond de hausse légère des
salaires. Les pressions sur les prix se sont intensifiées au quatrième trimestre au niveau de la première économie mondiale, freinant les progrès dans la réduction de l'in- flation. De nouvelles données sur l'in- dice des coûts de l'emploi ont montré que les rémunérations ont augmenté de 0,9% au qua- trième trimestre, soit à peu près au même rythme qu'au début de l'année. Selon les analystes, les nouveaux chiffres laissent penser que la Réserve fédérale (FED) sera moins pressée de reprendre son cycle de réduction des taux d'intérêt. ■
L’ inflation s'est encore légè- rement accélérée en janvier dans la zone Euro, à 2,5% sur un an, en hausse pour le quatrième mois consécutif à cause d'une aug- mentation des tarifs de l'énergie, a annoncé Eurostat. En décembre, la hausse des prix à la consommation avait atteint 2,4%. Les analystes de Factset s'attendaient en moyenne à une stabilité de l'indicateur lors du premier mois de l'année 2025. L'inflation était tombée en septembre à son niveau le plus bas en trois ans et demi, à 1,7% en glissement annuel, mais est repassée depuis octobre au- dessus de la cible de 2% visée par la Banque centrale européenne (BCE). Cependant, l'inflation sous-jacente - corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation -, qui fait référence pour les experts, est stable en janvier à 2,7% sur un an, un niveau inchangé depuis septembre et conforme aux attentes des analystes de Factset. ■
ONU
Donald Trump décide le retrait des Etats-Unis de plusieurs instances
L e président américain, Donald Trump, a signé mardi un décret exécutif retirant les Etats-Unis de plusieurs instances des Nations unies, dont le Conseil des droits de l'homme (CDH). En vertu de ce décret qui prolonge la suspension du financement de l’agence onusienne pour les réfu- giés palestiniens (UNRWA), Trump ordonne également un réexamen de la participation de son pays à l'Or- ganisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Tout en soulignant le « potentiel énorme » de l'ONU, le locataire de la Maison Blanche a pointé du doigt la «mauvaise gestion» en son sein. « Le décret appelle à réexaminer l’im- plication et le financement américains au sein de l’ONU, à la lumière des dis- parités considérables et des niveaux de financement entre les différents pays », a déclaré un conseiller du pré- sident américain. ■
Espagne
Feu vert de l'exécutif à la réduction à 37,5 heures de la semaine de travail
A près un an de délicates tractations, le gouvernement espagnol a donné son feu vert mardi à la réduction de 40 à 37,5 heures de la semaine de travail, sans garantie à ce stade d'avoir une majorité pour faire adopter ce projet de loi par le Parlement. « C'est un jour historique» car « cela fait 41 ans que la durée légale de la semaine de travail n'a pas été modifiée dans notre pays », a déclaré la ministre du Travail Yolanda Diaz, figure du parti d'extrême gauche Sumar, à l'issue du Conseil des ministres. « La réduction de la journée de travail
va améliorer la productivité dans notre pays (...) Cela ne sert à rien de passer des heures et des heures au travail, il s'agit d'être efficaces », a insisté la ministre, chargée de piloter cette réforme phare du gouverne- ment de gauche espagnol. Le texte adopté mardi résulte d'un accord signé le 20 décembre avec les deux principaux syndicats de salariés, UGT et CCOO, mais sans les organisations patronales, qui avaient décidé mi-novembre de quitter la table des négociations, après onze mois de réunions infructueuses. ■
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Point Bourse Hebdo La hausse reprend ses droits
Le marché reprend le chemin de la hausse cette semaine et actualise ses sommets historiques. Les flux d’activités restent soutenus.
Evolution de l'indice Masi depuis début 2024
L
Par Y . Seddik
es sceptiques y ont cru, les prudents l’attendaient, mais la Bourse de Casablanca en a déci- dé autrement. La saisonnalité ? Rapidement oubliée. La pause, qui aurait dû s’installer en cette troisième semaine de janvier, n’aura été qu’un court souffle avant une nouvelle accélération haussière. Le Masi, infatigable, a repris sa course vers les som- mets, rafraîchissant au passage ses plus hauts annuels à 16.248 points grâce à un gain hebdoma- daire de 2,31%. Avec des volumes toujours sou- tenus à 1,94 milliard de dirhams sur le marché central, le marché actions continue d’étonner par sa vigueur. Les acheteurs ont claire- ment repris la main, et l’euphorie ambiante semble annihiler toute velléité de consolidation. Le géant refait surface S’il y a bien une star cette semaine, c’est Maroc Telecom. Avec une envolée de +17% à 106 DH, la deuxième capitalisa-
tion du marché a réveillé son potentiel et s’est imposée comme le moteur du Masi cette semaine (et même du mois). Sans avoir pleinement profité du précédent rallye, l’opérateur télécom s’est offert une réévaluation importante en atteignant des plus hauts de 52 semaines à 106 DH. Les analystes s’accordent à dire que le titre présentait une belle décote, désormais en voie de correction dans ce climat bour- sier euphorique. «Maroc Telecom se négocie actuellement à des niveaux que nous estimons être attractifs, soit respectivement 13x et 12x les bénéfices 2025E, 2026E», ont récemment écrit les analystes de CFG Bank. Un bilan mensuel de haute facture Janvier 2025 entre déjà dans l’his- toire boursière de Casablanca. L'effet janvier, cette mécanique bien huilée où gérants et inves- tisseurs particuliers se reposi- tionnent massivement sur le mar-
TOP Performances
FLOP Performances
Salafin Oulmès AGMA
-8,4%
+60,93% +15,54%
Maghreb Oxygène Itissalat Al-Maghrib Minière Touissit
-5,93%
-5,95%
+9,36 %
ché, a pleinement joué son rôle cette année. Les chiffres sont sim- plement spectaculaires : +10% de performance pour l’ensemble des indices (Masi, Masi20, Masi ESG, Masi Mid and Small Cap); 12,65 milliards de DH de volumes trai- tés; une capitalisation qui frôle les 830 milliards de DH; 21 secteurs dans le vert, avec seulement 2 en légère baisse (moins de 1%) et un secteur inchangé. Du jamais vu depuis longtemps.
Bref, le Masi vient de signer l’un des meilleurs mois de janvier de son histoire, si ce n’est le meilleur. Il surperforme une large majorité des indices mondiaux et montre une solidité notable. Les volumes élevés traduisent une confiance intacte des investisseurs, et la dynamique reste en place. Le mar- ché est donc solidement campé sur les hauteurs, en attendant les résultats trimestriels qui démarrent en ce mois de février. ◆
BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Prêts bancaires 2024, une année de transition vers une relance attendue en 2025 Les banques restent sélectives en termes de crédits, mais la relance se profile grâce à une politique monétaire accommodante et des investissements massifs. En 2024, les prêts à l’équipement ont progressé de 9%, portés par un regain d’investissements privés (+10,7%), tandis que les crédits aux ménages restent atones.
milliards dès 2025, selon Fitch Ratings. Cette vague d’inves- tissements devrait dynamiser la demande de crédits d’investisse- ment, notamment dans le BTP, les énergies renouvelables et l’in- dustrie manufacturière. Dans ce contexte, les grandes banques marocaines, disposant d’assises financières solides et d’un savoir- faire éprouvé, devraient jouer un rôle central dans le financement de cette transformation. Un assouplissement monétaire favorable La réduction du taux directeur par Bank Al-Maghrib en décembre 2024 (-25 points de base à 2,5%) marque un tournant et devrait contribuer à la relance du crédit. De plus, avec une inflation désor- mais sous contrôle (inférieure à 1%), une nouvelle baisse des taux en 2025 semble probable. Par conséquent, cette orientation pourrait accélérer la reprise des financements, aussi bien pour les particuliers que pour les entre- prises. Toutefois, un obstacle majeur sub- siste : les créances en souffrance. En septembre 2024, elles attei- gnaient 98 milliards de dirhams, soit 8,6% des crédits accordés. Un niveau qui pèse sur la capa- cité des banques à accorder de nouveaux prêts. À cet égard, Fitch estime qu’une réduction de 20% de ces créances douteuses chez les six principales banques amé- liorerait leur ratio CET1 de 185 points de base, libérant ainsi des marges de manœuvre pour de nouveaux financements. L’année 2025 pourrait voir une relance plus franche du crédit, soutenue par la baisse des taux et la mise en œuvre des grands pro- jets d’investissement. En outre, un effet de rattrapage est également attendu. De nombreux ménages et entreprises ayant différé leurs décisions de financement en 2024 pourraient ainsi revenir sur le marché dans un contexte plus favorable. Reste néanmoins à voir si les banques assoupliront suffisamment leurs critères pour accompagner cette dynamique et soutenir la croissance écono- mique. ◆
Par Y. Seddik
La baisse du taux directeur à 2,5% par Bank Al-Maghrib et la maîtrise de l’infla- tion (<1%) devraient favoriser la reprise du crédit en 2025.
L
’
année 2024 s’achève avec un bilan contrasté pour le crédit ban- caire au Maroc. En effet, si la masse monétaire a progressé de 7,9% en décembre pour atteindre 1.889,7 milliards de dirhams, cette expansion ne s’est pas pleine- ment répercutée sur le finance- ment de l’économie réelle. Ainsi, la croissance des prêts bancaires au secteur non financier est res- tée timorée à 2,6%, ce qui tra- duit la prudence des banques et des emprunteurs (tant les entre- prises que les ménages) dans un contexte encore marqué par des incertitudes. Plus en détail, les crédits aux sociétés non financières pri- vées n’ont progressé que de
0,7% contre 1,1% en novembre, signe d’une demande hésitante et d’un accès au financement encore sélectif. En revanche, les entreprises publiques ont vu leur encours croître de 7,3%, porté par un effort soutenu de l’État pour financer des projets stratégiques, notamment dans les infrastruc- tures et l’industrie. Côté ménages, le crédit évolue à un rythme modéré (+1,7%), loin des niveaux observés avant la pandémie. Plusieurs facteurs expliquent cette prudence. D’une part, les conditions d’octroi restent toujours exigeantes mal- gré les dernières baisses du taux directeur. D’autre part, bien que l’inflation soit en baisse, celle-ci
n’a pas encore relancé la consom- mation. Par ailleurs, une grande partie des ménages attend une nouvelle baisse des taux avant d’investir dans l’immobilier. Des prêts d’investissement en nette progression Un signal positif émane toute- fois des crédits à l’équipement, qui affichent une hausse de 9%, dopés par un regain d’appétit des entreprises privées (+10,7%). Cette tendance devrait s’intensi- fier, portée par les vastes chan- tiers d’infrastructures et les inves- tissements industriels à venir. Par ailleurs, d’ici 2030, le Maroc prévoit des investissements de 100 milliards de dollars, dont 34
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BOURSE & FINANCES
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faut avancer de manière mesu- rée, mais résolument vers ces nouvelles technologies» , insiste Gourari. Le déficit de compétitivité freine l’essor du SaaS Si la modernisation par le SaaS s’impose comme une évidence, un défi majeur subsiste : la com- pétitivité des infrastructures locales. Youssef Koun, Chief Operating Officer et représentant de DabaDoc, ne mâche pas ses mots : « Nous sommes contraints de recourir à des solutions cloud étrangères faute d’offres compé- titives au Maroc». L’absence de data centers de classe mondiale et de fournis- seurs SaaS locaux capables de rivaliser avec les géants interna- tionaux complique l’essor d’un écosystème technologique perfor- mant. La dépendance aux infras- tructures étrangères pose égale- ment un enjeu de souveraineté numérique. «Le Maroc doit investir massivement pour offrir des solu- tions compétitives et adaptées aux spécificités locales, notamment en matière de fiscalité et de régle- mentation» , ajoute Gourari. Ainsi, l’ère du numérique boule- verse les modèles économiques, et le secteur financier marocain ne pourra y échapper. L’adoption du SaaS représente une opportu- nité unique d’améliorer la compé- titivité du marché, tout en ouvrant la voie à une finance plus agile et connectée. Mais cette transition ne pourra réussir sans un chan- gement profond des mentalités. «Nous devons passer d’une logique de possession à une logique de consommation de services», plaide Thomas Nokin, de Basikon. Une révolution cultu- relle pour un secteur ancré dans des pratiques traditionnelles. Pourtant, l’alternative est simple: évoluer ou risquer l’obsoles- cence. L’Infra Finances Forum aura eu le mérite d’initier un débat structu- rant. La balle est désormais dans le camp des décideurs et des régulateurs. Sauront-ils transfor- mer l’essai et placer le Maroc sur la carte des nations financière- ment digitalisées ? ◆
Le Maroc hésite encore à adopter pleinement le SaaS pour ses infrastruc- tures financières, malgré la transfor- mation mondiale du secteur.
Infrastructures financières Le Maroc à la croisée des chemins L Le SaaS offre des avantages importants en termes de flexibilité et de réduction des coûts, mais la question de la souveraineté des données et de la compétitivité des infrastructures locales reste cruciale. Par Y. Seddik
ongtemps frileux face à l’exter- nalisation de ses infrastructures financières, le Maroc n’a désor- mais plus le luxe d’ignorer la vague SaaS qui transforme les écosystèmes bancaires et tech- nologiques à l’échelle mondiale. Si ailleurs, le cloud, les API et la flexibilité des services à la demande sont devenus les nou- veaux piliers de l’innovation finan- cière, le Royaume avance encore à tâtons. C’est en tout cas l’idée qui s’est imposée à l’issue de l’Infra Finances Forum, tenu à Casablanca sous l’égide d’Inte- rworld Africa en partenariat avec l’APSF, l’AUSIM et l’APEP, avec le soutien de HPS. «Le shift est en train de se faire d’une manière très forte à l’in- ternational, mais encore timide au Maroc», concède Mohamed Chaibi, directeur des services paiement chez HPS. Si, ailleurs, l’externalisation des infrastruc- tures informatiques au profit de solutions cloud et API est deve-
nue un standard, le marché maro- cain reste réticent. En cause ? La sensibilité des données finan- cières et une culture d’entreprise encore attachée à la possession des infrastructures plutôt qu’à leur exploitation optimisée. Cette prudence, bien que com- préhensible, entrave la mutation numérique du secteur. «Nous avons connu la même résis- tance avec l’hébergement des data centers hors des sièges sociaux, et aujourd’hui, c’est une évidence. Le paiement suivra la même trajectoire», prédit Chaibi. Un avis partagé par plusieurs intervenants qui pointent du doigt
un frein plus psychologique que technologique. Le SaaS promet flexibilité, évoluti- vité et réduction des coûts. Mais à quel prix ? La question de la sou- veraineté des données reste cru- ciale. «L’externalisation ne signifie pas perte de contrôle» , tempère Adil Gourari, Country Leader de Babybridge Digital. «Il s’agit plu- tôt de recentrer les entreprises sur leur cœur de métier, tout en garantissant des niveaux de sécu- rité et de conformité optimaux grâce aux API et aux architec- tures hybrides» , explique-t-il. Les banques marocaines, clas- sées organismes d’importance vitale, doivent répondre à des obli- gations réglementaires strictes. Ce statut renforce la nécessité d’un encadrement précis des données hébergées sur le cloud. Pour éviter un blocage total, les solutions hybrides – combinant cloud privé et infrastructures tra- ditionnelles – pourraient repré- senter une voie médiane. « Il
La réticence face au cloud et aux API, due à la sensibi- lité des données financières, freine la modernisation du secteur bancaire marocain.
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Capital- investissement Dealflow.ma, une plateforme M&A pour dynamiser le secteur Dealflow.ma, la toute première plateforme africaine dédiée aux opérations de cession et de levée de fonds, vise à fluidifier et professionnaliser le marché des fusions-acquisitions et du capital- investissement au Maroc.
succès récent des introductions en Bourse de CFG Bank, Akdital, TGCC et CMGP, qui ont surperfor- mé sur le marché boursier, illustre l’importance d’un accompagne- ment par des fonds d’investisse- ment», explique-t-il à l’audience. Dealflow.ma : structurer et accélérer les transactions Face à ces défis, Dealflow.ma se positionne comme une solu- tion innovante en centralisant les opportunités d’investissement et de cession sur un marché encore morcelé. Son objectif est de créer un écosystème digita- lisé réunissant investisseurs, chefs d’entreprise, cabinets de conseil, banques d’affaires, avocats d’af- faires et experts-comptables. En seulement quelques mois, Dealflow.ma a déjà agrégé plus de 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en transactions et fédère une communauté d’investisseurs représentant plus de 5 milliards de dirhams de capitaux disponibles. L’efficacité de Dealflow.ma s’est rapidement illustrée par des suc- cès concrets. Lors de la confé- rence, un exemple frappant a été présenté : une entreprise du secteur de la santé, réalisant un chiffre d’affaires de 700 millions de dirhams, a trouvé un intérêt en seulement deux heures après la publication de son dossier sur la plateforme. Ce cas démontre la réactivité et l’efficacité du modèle proposé par Dealflow.ma, permettant aux vendeurs et aux investisseurs de gagner un temps précieux tout en garantissant un processus struc- turé et sécurisé, avec un accom- pagnement de bout en bout. Dealflow.ma bénéficie du sou- tien de partenaires institutionnels et privés influents, parmi les- quels DPI (Development Partners International), Tana Capital, Africa Invest, CDG Invest ou encore la Banque mondiale (IFC). Ces acteurs ont rejoint la plateforme et se disent ouverts à l’étude des deals qu’elle propose. «L’idée est de réaliser des transactions dans les règles de l’art, en impliquant tous les acteurs de l’écosys- tème» , souligne le co-fondateur de Dealflow.ma. ◆
Par A. Hlimi
Hassan Mdgahbri Alaoui, co-fondateur de Dealflow.ma
L
e marché du capital-investis- sement au Maroc est en pleine mutation. Les signaux de maturité sont nombreux, mais le potentiel est encore très loin d’être suffi- samment exploité. En près de 24 ans, les fonds de capital-investis- sement ont investi dans moins de 10 entreprises par an, soit environ 230 entreprises financées pour un montant global dépassant 1 mil- liard de dollars. À titre de compa- raison, des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria ou l’Égypte ont mobilisé près de 70 milliards de dollars, soit 70 fois plus que le Maroc. «Pourtant, le pays compte plus de 100.000 entreprises de taille intermédiaire, éligibles aux fonds
pagnement. L’événement est une représenta- tion grandeur nature de la force de la plateforme : un guichet unique où les entrepreneurs ont accès, de manière totalement anonyme, à l’ensemble des acteurs néces- saires pour réaliser une opération en capital. Se positionnant en maître d’or- chestre dans cet événement, Hassan Medaghri Alaoui ne cache pas son enthousiasme pour la croissance du marché. «Dans les cinq prochaines années, entre 15 et 20 milliards de dirhams seront mobilisables pour des investis- sements, nécessitant une meil- leure structuration des transac- tions afin d’attirer ces capitaux. Le
d’investissement. Cependant, des obstacles persistent : un nombre élevé de dossiers soumis sont rejetés, principalement en raison de problèmes de qualification ou d’échecs lors des audits de due diligence» , nous explique Hassan Medaghri Alaoui, qui se positionne en tant que «facilitateur» de deals dans ce marché. Nous l’avons rencontré dans un hôtel casablan- cais en marge d’une rencontre organisée par la plateforme qu’il dirige : Dealflow.ma. Dans la salle, des entreprises de toutes tailles, triées sur le volet et intéressées par des levées de fonds avec, en face, un parterre de banques d’af- faires, de juristes spécialisés dans le M&A et de structures d’accom-
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Financement 100 questions sur le capital-investissement au Maroc
F.N.H. : Quelles sont les dif- férences entre le capital- investissement au Maroc et dans d'autres marchés émergents ? F. B. : Le capital-investissement au Maroc présente des caracté- ristiques spécifiques qui le dis- tinguent de celui d'autres mar- chés émergents : il est encore relativement (i) jeune avec une vingtaine d’entreprises inves- ties par an lors des 5 dernières années et (ii) une forte dépen- dance aux organismes de déve- loppement internationaux qui représentent près de 70% des fonds levés. Aussi, plus de 55% des fonds levés proviennent de capitaux étrangers. Le marché se concentre principalement sur (iii) les entreprises en phase de croissance, le capital développe- ment représentant plus de 70% au Maroc. F.N.H. : Quelles sont les principales étapes d'une transaction de capital- investissement ? F. B. : Les transactions de capi- tal-investissement suivent un processus structuré, divisé en plusieurs étapes : • Prospection : Les sociétés de gestion de fonds identifient des entreprises cibles qui présentent un potentiel de croissance. L’identification des opportunités se fait à travers le réseau de la SDG, les banques d’affaires, par- fois les banques commerciales ou bien à travers une approche proactive en sélectionnant des sociétés via des bases de don- nées. • Engagement de confidentia- lité : La SDG signe cet engage- ment pour pouvoir recevoir des informations financières, com-
Finances News Hebdo, en partenariat avec Boursenews, vous propose une série d’entretiens sur le capital-investissement, réalisés avec l’expert Farid Benlafdil *. L’objectif est de vous expliquer, de manière claire et accessible, les principes du capital-investissement, tout en mettant en lumière les rôles des investisseurs, des entrepreneurs et des sociétés de gestion.
Propos recueillis par A. Hlimi
Finances News Hebdo : Qu'est-ce que le capital- investissement ? Farid Benlafdil : Le capital- investissement fait référence aux investissements réalisés dans des sociétés non cotées en Bourse, généralement pour financer leur croissance ou leur restructuration. Les investis- seurs fournissent des capitaux en échange d'une participation au capital et cherchent à géné- rer un retour sur investissement, souvent par le biais de la revente des actions après une période de 4 à 6 ans. F.N.H. : Quel est l’état du marché au Maroc ? F. B. : Le marché du capital- investissement au Maroc est en pleine expansion, bien qu’il reste encore modeste par rap- port aux standards internatio- naux. Le nombre d’entreprises ayant bénéficié de ce finance- ment alternatif est seulement de 280 entreprises sur les 20 der- nières années, soit une moyenne de 14 entreprises par an, avec un total de 14 milliards de dirhams investis, soit une moyenne de
50 millions de DH par entreprise. En 2023, seulement 25 entre- prises ont ouvert leur capital à des fonds d’investissement. Le Fonds Mohammed VI pour l’in- vestissement est attendu à partir de 2025 pour dynamiser davan- tage le secteur et pourrait contri- buer à doubler sa taille dans les années à venir. F.N.H. : Quelles sont les principales sociétés de capital-investissement opé- rant au Maroc ? F. B. : Au Maroc, nous avons une vingtaine de sociétés de ges-
tion de fonds d’investissement qui ont levé, depuis les années 2000, 68 fonds pour un total de 22 milliards de dirhams. Je citerai les plus anciennes : AfricInvest, CDG Invest Growth, Mediterrania Capital Partners. En France, le nombre de sociétés de gestion dépasse 300; et en 2023, elles ont investi plus de 20 milliards d’euros dans plus de 2.500 entreprises. Le PIB de la France est égal à 2.800 milliards d’euros, soit environ 20 fois le PIB du Maroc. A ce titre, le Maroc devrait accompagner au moins une centaine d’entreprises par an.
Au Maroc, nous avons une vingtaine de sociétés de gestion de fonds d’investissement qui ont levé, depuis les années 2000, 68 fonds pour un total de 22 milliards de dirhams.
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