ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
Pour autant, en passant au crible les statistiques du HCP, l’on se rend compte que le Maroc ne manque pas de dynamisme dans certains sec- teurs. En 2024, les services ont généré 160.000 nouveaux emplois, répartis à hauteur de 51.000 postes pour la branche du «commerce» , 44.000 pour les « services sociaux fournis aux collectivités » et de 39.000 postes pour les «activités finan- cières, d'assurance, immobi- lières, scientifiques, techniques, de services administratifs, de soutien». L’industrie et le BTP ont éga- lement apporté leur pierre à l’édifice, avec respectivement 46.000 et 13.000 nouveaux postes. Sur le papier, la tendance semble prometteuse. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la plupart de ces emplois sont souvent précaires, mal rémunérés et faiblement protégés. Pendant ce temps, «l’agricul- ture, forêt et pêche», pilier historique de l’emploi rural, a perdu 137.000 postes. Une véritable saignée pour un pays où ce secteur occupe encore plus d’un quart des actifs, mais qui est confronté, entre autres, à des épisodes de séche- resse sévères depuis plusieurs années. Néanmoins, pour le chef du gou- vernement, Aziz Akhannouch, qui s’exprimait mardi à la Chambre des conseillers, le taux de chômage nécessite une lecture plus nuancée. Il estime en effet que les emplois perdus dans l'agriculture en raison de la sécheresse sont en majo- rité informels, non rémunérés, liés essentiellement à l’entraide familiale en milieu rural et ne représentent pas des emplois permanents. La réponse du gouvernement Conscient de cette problé- matique du chômage que le Royaume traine comme un boulet, le gouvernement multi- plie les initiatives en faveur de l’emploi. Idmaj, Tahfiz, Taehil,
L’agriculture, forêt et pêche, pilier historique de l’emploi rural, a perdu 137.000 postes.
Alors que l’économie marocaine a généré 82.000 emplois en 2024, le nombre de chômeurs a pourtant augmenté, portant le taux de chômage national à 13,3%. Les jeunes sont les premiers frappés par cette problématique, notamment les diplômés qui peinent à trouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications. Equation insoluble… pour le moment Par D. William A Chômage
première vue, l’économie maro- caine fait preuve d’une rési- lience certaine. Entre 2023 et 2024, 82.000 emplois ont été créés, principalement en milieu urbain, selon la dernière note du haut-commissariat au Plan (HCP) concernant le marché du travail. Pourtant, alors que l’on pourrait croire à une embellie, le nombre de chômeurs a augmen- té de 58.000 personnes, portant le taux de chômage national à 13,3% contre 13% l’année précédente, soit 1.638.000 chô- meurs au niveau national. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, c’est un naufrage : 36,7% sont sans emploi, soit 0,9 point de plus par rapport à 2023. Tandis que pour pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, le taux de chômage passe de 20,6 à 21%
(+0,4 point). L’autre vraie problématique concerne les jeunes diplômés, qui peinent à trouver un emploi correspondant à leurs qualifi- cations. Leur taux de chômage atteint 19,6%, un chiffre qui en dit long sur l’inadéquation entre l’offre et la demande. Trop de jeunes issus des universités se retrouvent sans débouchés, tandis que certains secteurs peinent à recruter faute de com- pétences adaptées. Comment expliquer tout ce paradoxe ? La réponse se niche dans un indicateur que l’on regarde trop rarement avec gravité : la croissance. En 2024, le pro- duit intérieur brut marocain a péniblement atteint 3%, et les prévisions pour 2025 ne sont guère plus exaltantes, avec un
modeste 3,8%. Or, pour générer un nombre suffisant d’emplois et absorber les flux annuels de nouveaux arrivants sur le mar- ché du travail, il faudrait une croissance supérieure à 6% sur plusieurs années. Ce qui serait, d’ailleurs, en adéquation avec les ambitions fixées dans le cadre du nouveau modèle de développement, à savoir atteindre un rythme moyen annuel supérieur à 6% afin de pouvoir doubler le PIB par habi- tant à l’horizon 2035. On est donc bien loin. Le Royaume peine à accélérer son développement écono- mique, entravé par les aléas climatiques, un modèle produc- tif encore trop dépendant du secteur agricole et les tensions géopolitiques internationales.
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