FNH N° 1183

ECONOMIE

18

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025

Investissement Moins d’Etat, plus de privé

Un expert évoluant au Centre de la prospection écono- mique et sociale ayant requis l’anonymat souligne que le rendement de l’investisse- ment public est aujourd’hui insuffisant : « Quand on inves- tit un Dirham dans le secteur public, on obtient un retour d’un Dirham. Cette équation ne répond plus aux exigences du NMD, qui vise à transfor- mer le Maroc en une éco- nomie émergente à l’horizon 2035» , a-t-il affirmé. L’objectif principal de la réforme est donc clair : inver- ser la tendance pour que l’investissement privé repré- sente les deux tiers du total, tout en optimisant la rentabili- té des entreprises publiques. De ce fait, cette initiative devient impérative, car elle permettra de «renforcer l’at- tractivité du pays pour les investisseurs étrangers, qui préfèrent des économies plus ouvertes avec un État moins interventionniste et un envi- ronnement des affaires plus assaini» , explique le profes- seur Edman. De plus, cette transformation s’inscrit dans la volonté de moderniser le secteur public, de favoriser les partenariats public-pri- vé et de s’aligner avec les objectifs de développement durable. Elle est donc essen- tielle pour rendre l’économie marocaine plus compétitive et inclusive, conformément aux ambitions du NMD. Modus operandi La réforme de la politique actionnariale ne relève pas d’un simple choix stratégique, mais bien d’une nécessité pour assurer la viabilité du modèle économique maro- cain. Pour Edman, sa faisabi- lité dépend de plusieurs fac- teurs, à la fois favorables et contraignants. Elle est renfor- cée par une volonté politique forte, soutenue par des objec- tifs stratégiques majeurs. Parmi eux, l’organisation de la Coupe du monde 2030 constitue un levier important,

Avec une pression croissante sur les finances publiques et des ambitions sociales grandissantes, le Maroc ne peut plus compter uniquement sur le budget de l’État pour financer ses grands projets.

Par Désy. M.

 L’investissement au Maroc repose à 66% sur le secteur public, tandis que le privé ne représente qu’un tiers des flux financiers.

L

e Royaume franchit une nou- velle étape dans sa stratégie de développement écono- mique avec l’adoption d’une politique actionnariale ambi- tieuse. Publiée au Bulletin offi- ciel, cette réforme vise à ren- forcer le rôle des entreprises publiques tout en réorientant l'investissement vers le sec- teur privé. Une transformation majeure qui s'inscrit dans les objectifs du Nouveau modèle de développement (NMD) et qui ambitionne de redéfinir le rôle de l’État en tant qu’ac- tionnaire. Hassan Edman, professeur universitaire d'économie et gestion à Agadir, précise que la nouvelle politique du Royaume s’articule autour de 15 axes, dont 7 fondamen- taux à vocation économique,

sociale, territoriale et insti- tutionnelle. Parmi ces axes majeurs, 5 ont un impact éco- nomique direct : «Assurer la souveraineté nationale dans les secteurs stratégiques, favoriser l’intégration interna- tionale et la coopération Sud- Sud, dynamiser l’investisse- ment privé, encourager l’in- novation et l’emploi productif et intégrer le développement durable et la résilience clima- tique». À ceux-ci, s’ajoutent des objectifs d’équité territo- riale et de renforcement de la gouvernance publique. Plusieurs raisons straté- giques expliquent la néces- sité de cette transformation. Tout d’abord, l’amélioration de la gestion des ressources publiques en optimisant l’effi- cacité des établissements et

entreprises publics (EEP) et en renforçant leur gouvernance. En effet, de nombreux établis- sements publics dépendent encore des subventions éta- tiques ou accumulent des déficits importants, ce qui pèse lourdement sur le bud- get public. Actuellement, les subventions aux EPP dépassent les 40 milliards de dirhams par an.

Un nouveau cap pour l’investissement

L’investissement au Maroc repose à 66% sur le secteur public, tandis que le privé ne représente qu’un tiers des flux financiers. Un déséquilibre qui, selon les experts, freine la dynamique de croissance et limite l’impact économique des investissements réalisés.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker