BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 FÉVRIER 2025
faut avancer de manière mesu- rée, mais résolument vers ces nouvelles technologies» , insiste Gourari. Le déficit de compétitivité freine l’essor du SaaS Si la modernisation par le SaaS s’impose comme une évidence, un défi majeur subsiste : la com- pétitivité des infrastructures locales. Youssef Koun, Chief Operating Officer et représentant de DabaDoc, ne mâche pas ses mots : « Nous sommes contraints de recourir à des solutions cloud étrangères faute d’offres compé- titives au Maroc». L’absence de data centers de classe mondiale et de fournis- seurs SaaS locaux capables de rivaliser avec les géants interna- tionaux complique l’essor d’un écosystème technologique perfor- mant. La dépendance aux infras- tructures étrangères pose égale- ment un enjeu de souveraineté numérique. «Le Maroc doit investir massivement pour offrir des solu- tions compétitives et adaptées aux spécificités locales, notamment en matière de fiscalité et de régle- mentation» , ajoute Gourari. Ainsi, l’ère du numérique boule- verse les modèles économiques, et le secteur financier marocain ne pourra y échapper. L’adoption du SaaS représente une opportu- nité unique d’améliorer la compé- titivité du marché, tout en ouvrant la voie à une finance plus agile et connectée. Mais cette transition ne pourra réussir sans un chan- gement profond des mentalités. «Nous devons passer d’une logique de possession à une logique de consommation de services», plaide Thomas Nokin, de Basikon. Une révolution cultu- relle pour un secteur ancré dans des pratiques traditionnelles. Pourtant, l’alternative est simple: évoluer ou risquer l’obsoles- cence. L’Infra Finances Forum aura eu le mérite d’initier un débat structu- rant. La balle est désormais dans le camp des décideurs et des régulateurs. Sauront-ils transfor- mer l’essai et placer le Maroc sur la carte des nations financière- ment digitalisées ? ◆
Le Maroc hésite encore à adopter pleinement le SaaS pour ses infrastruc- tures financières, malgré la transfor- mation mondiale du secteur.
Infrastructures financières Le Maroc à la croisée des chemins L Le SaaS offre des avantages importants en termes de flexibilité et de réduction des coûts, mais la question de la souveraineté des données et de la compétitivité des infrastructures locales reste cruciale. Par Y. Seddik
ongtemps frileux face à l’exter- nalisation de ses infrastructures financières, le Maroc n’a désor- mais plus le luxe d’ignorer la vague SaaS qui transforme les écosystèmes bancaires et tech- nologiques à l’échelle mondiale. Si ailleurs, le cloud, les API et la flexibilité des services à la demande sont devenus les nou- veaux piliers de l’innovation finan- cière, le Royaume avance encore à tâtons. C’est en tout cas l’idée qui s’est imposée à l’issue de l’Infra Finances Forum, tenu à Casablanca sous l’égide d’Inte- rworld Africa en partenariat avec l’APSF, l’AUSIM et l’APEP, avec le soutien de HPS. «Le shift est en train de se faire d’une manière très forte à l’in- ternational, mais encore timide au Maroc», concède Mohamed Chaibi, directeur des services paiement chez HPS. Si, ailleurs, l’externalisation des infrastruc- tures informatiques au profit de solutions cloud et API est deve-
nue un standard, le marché maro- cain reste réticent. En cause ? La sensibilité des données finan- cières et une culture d’entreprise encore attachée à la possession des infrastructures plutôt qu’à leur exploitation optimisée. Cette prudence, bien que com- préhensible, entrave la mutation numérique du secteur. «Nous avons connu la même résis- tance avec l’hébergement des data centers hors des sièges sociaux, et aujourd’hui, c’est une évidence. Le paiement suivra la même trajectoire», prédit Chaibi. Un avis partagé par plusieurs intervenants qui pointent du doigt
un frein plus psychologique que technologique. Le SaaS promet flexibilité, évoluti- vité et réduction des coûts. Mais à quel prix ? La question de la sou- veraineté des données reste cru- ciale. «L’externalisation ne signifie pas perte de contrôle» , tempère Adil Gourari, Country Leader de Babybridge Digital. «Il s’agit plu- tôt de recentrer les entreprises sur leur cœur de métier, tout en garantissant des niveaux de sécu- rité et de conformité optimaux grâce aux API et aux architec- tures hybrides» , explique-t-il. Les banques marocaines, clas- sées organismes d’importance vitale, doivent répondre à des obli- gations réglementaires strictes. Ce statut renforce la nécessité d’un encadrement précis des données hébergées sur le cloud. Pour éviter un blocage total, les solutions hybrides – combinant cloud privé et infrastructures tra- ditionnelles – pourraient repré- senter une voie médiane. « Il
La réticence face au cloud et aux API, due à la sensibi- lité des données financières, freine la modernisation du secteur bancaire marocain.
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