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ECONOMIE
JEUDI 11 ET VENDREDI 12 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Chloroquine
◆ Capharnaüm médical et politique autour de ce médicament à bas coût. ◆ Le Maroc reste droit dans ses bottes et continue d’utiliser la chloroquine pour le traitement des patients atteints de la Covid-19. Cafouillage autour d’un médicament qui coûte… 12 DH J amais un trai- tement n’a sus- cité autant de polémiques. En pleine pandémie Par D. William Le Maroc a foi en ce médicament devenu l’objet de toutes les attentions dans le monde scientifique.
du coronavirus, les scienti- fiques se déchirent sur l’ef- ficacité de ce traitement. Enjeux médicaux, finan- ciers, politiques… tout se mêle dans un formidable brouhaha qui laisse pan- toise l’opinion publique. Dans ce débat public bien pourri, même la toute puis- sante Organisation mon- diale de la santé (OMS) s’est prise les pieds dans le tapis, montrant, de par ses tergiversations, la forte influence que peuvent avoir des revues scienti- fiques, à l’instar du Lancet, sur ses décisions. Le Lancet justement, la Rolls Royce des revues scientifiques, qui a publié une étude observation- nelle polémique flinguant sans retenue le traitement à base de chloroquine cher au professeur Didier Raoult, l’a finalement reti- rée, entamant fortement sa crédibilité. Trois des quatre auteurs de cette fameuse étude se sont finalement rétrac- tés, estimant qu’ils ne pouvaient plus se « porter garant de la véracité des sources des données pri- maires ». Et ce, d’autant que la société les ayant collectées (Surgisphere), dirigée par le quatrième
auteur, a refusé de donner l’accès à la base de don- nées. En réalité, le Lancet s’est fait lamentablement flouer par la petite société américaine Surgisphere, une coquille vide qui a orchestré une escroque- rie médicale à dimension internationale. Résultats : l’OMS, qui, au lendemain de la publi- cation de l’étude, a sus- pendu l’utilisation de l’hy- droxychloroquine dans le cadre de l’essai Solidarity, a quelques jours plus tard changé de fusil d’épaule pour reprendre ses essais cliniques.
s’y est tenu. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on. Le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, n’a pas dit autre chose lors de ses différentes sorties : « au moment où l'Organisation mondiale de la santé avait appelé à suspendre les essais cli- niques au niveau mondial, le Maroc est resté atta- ché à sa décision initiale, dont la pertinence a été démontrée quelques jours après ». « Le Maroc a assumé cette responsabilité en raison de l'efficacité de ce médica- ment, qui peut être prou- vée », fait-il savoir, assurant que les patients guérissent lorsqu'ils utilisent la chlo- roquine dès les premières phases de la maladie. D’ailleurs, pour Ait Taleb, « le nombre des décès au Royaume est parmi les plus faibles au monde et c'est la raison pour
laquelle nous ne pouvons pas remettre en question l'efficacité de ce médica- ment ». En cela, le ministre a d’ailleurs promis que des rapports du comité scien- tifique concernant les cas traités à la chloroquine et la durée de traitement seront publiés. Même son de cloche du côté deMohamed El Youbi, directeur de l'épidémiolo- gie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé. Contacté par nos soins, El Youbi confirme que « la chloroquine a été recommandée dès le début de la pandémie par le comité scientifique et technique composé de médecins de référence et en phase avec les progrès scientifiques réalisés à tra- vers le monde ». « Ce comité était convain- cu depuis le départ de l’efficacité du protocole thérapeutique utilisé, et les
résultats probants obte- nus lui ont donné raison », ajoute-t-il. Clairement, le Maroc a foi en ce médicament devenu l’objet de toutes les atten- tions dans le monde scien- tifique, et dont le paquet ne coûte que 12 DH. Dans ce sens, les disposi- tions nécessaires ont été prises pour l'importation de la matière brute du sul- fate d'hydroxychloroquine afin d'éviter la rupture de stock et assurer le traite- ment aux patients. Mais le protocole théra- peutique n’explique pas, à lui seul, la bonne ges- tion de la pandémie au Maroc. « Ce traitement a été accompagné du confi- nement et de l’intensifica- tion des dépistages. Ces trois facteurs ont permis de limiter la propagation de l’épidémie », conclut El Youbi. ◆
Le Maroc, une ligne constant e
Le Maroc, à l’instar de certains pays comme le Sénégal, est resté loin de ces cafouillages et vives polémiques. Il a adopté la chloroquine depuis le début de la pandémie, et
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