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ECONOMIE
JEUDI 11 ET VENDREDI 12 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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sociale, plus technologique et plus écologique. On assistera ainsi à un double mouvement : celui de la centralité retrouvée des secteurs essentiels à la vie comme l’éducation, la santé, l’alimentation et l’écologie, mais également, en combinaison avec la montée en puissance de la digitalisation, de l’intelligence artificielle et de la recherche et l’innovation. Les changements seront réels mais s’inscriront dans le temps. Les grandes plaques tectoniques de l’économie mondiale bougeront mais elles le feront sur un temps long. Peut-être pas à l’échelle des manuels d’histoire mais certaines à celle de la vie d’une entreprise. L’anticipation, la veille stratégique, le suivi des données et des marchés seront donc autant de facteurs essentiels pour permettre de gérer la complexité et l’incertitude et se préparer, autant que faire se peut, aux conjonctures de crises et
de chocs exogènes dont les cycles se rapprocheront cer- tainement. F.N.H. : Quel impact cela aura-t-il sur les relations du Maroc avec l'Union euro- péenne, son partenaire his- torique ? F. S. : Selon moi, le
La perspective d’une taxe carbone au niveau de l’UE et de son Green Deal per- met au Maroc d’envi- sager une nouvelle compétitivité «verte» !
Maroc-UE
Quelles relations après la crise ? ◆ Une nouvelle vision stratégique devrait permettre au Maroc et à l’UE de concevoir ensemble un espace commun de co-production. ◆ Plus l’économie marocaine approfondit et accélère la diversification de ses partenariats internationaux, plus elle pourra consolider son rôle central dans l’axe Europe-Méditerranée-Afrique. ◆ Fathallah Sijilmassi, président-fondateur de Positive Agenda Advisory, ancien ambassadeur et ancien secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, ana- lyse dans cet entretien* la redéfinition du partenariat Maroc-UE, à l’aune des changements structurels en cours dans les relations économiques mondiales.
Maroc sort renforcé de cette crise. Je sais que la phrase peut sembler étonnante compte tenu des impacts socioéconomiques importants de cette crise sur notre économie nationale. Mais je relève deux points essentiels pour soutenir mon propos. Tout d’abord, l’exemplarité de la gestion de la crise sanitaire par le Maroc dans le cadre des Hautes Orientations Royales ainsi que la solidarité collective qui a été observée au niveau de la société civile, constituent aujourd’hui, en termes économiques, autant de véritables fac- teurs de compétitivité et consolident la position du Maroc en tant que partenaire international fiable. Ensuite, contrairement à de précédentes conjonctures économiques difficiles pour le Maroc lors des dernières décennies, les diffi- cultés rencontrées par l’économie marocaine à la faveur de la crise de la Covid-19 s’inscrivent dans le contexte d’une crise mondiale. Un grand nombre de pays, parmi les plus développés, feront face en 2020 et peut-être en 2021 à des récessions, des déficits budgétaires et des pres- sions énormes sur les finances publiques. La présidente de la Commission européenne, puisque vous me posez la question sur cet ensemble, vient d’annoncer un grand emprunt
4 milliards de personnes confinées, un pétrole à moins de 35$ le baril et une perspective de récession mondiale ! Il faut donc se projeter sur l’avenir avec pru- dence et surtout avec le souci de s’appuyer sur les sources fiables et officielles. Mais, nous assisterons probablement dans les années à venir à des changements structurels dans les relations économiques mondiales et l’on peut raisonnablement penser que ces chan- gements seront marqués par les caractéristiques suivantes : La mondialisation sera «corrigée» et ajustée» et non arrêtée. Elle recentrera ses dyna- miques vers une trajectoire plus humaine, plus
Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Les pays du monde entier sont en train de revoir leurs modèles économiques afin de s’adapter aux nouvelles contraintes imposées par la Covid-19. Pensez-vous que cela passera par une reconsidéra- tion des relations économiques interna- tionales ? Fathallah Sijilmassi : Le premier grand ensei- gnement de cette crise est l’humilité. Personne n’aurait pensé au début de l’année 2020 que quelques semaines après, nous aurions près de
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