FInances News Hebdo 986

C ULTURE

32

JEUDI 11 ET VENDREDI 12 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

voyage imaginaire». D’où son attrait sur-affirmé pour les couleurs chaudes et froides. De ces peintres qu’il évoque avec admiration, la conversation glisse vers d’autres angles pointant du doigt, d’abord, la démarche créative. «En ce qui me concerne, je dirais que c’est une sorte de couloir plein de portes, plus on les ouvre l’une après l’autre, plus ça devient intéressant. On s’éloigne de l’idée initiale, on s’étonne soi-même… c’est là où ça devient bon. Être maître de son travail du début à la fin, s’assimile à de la simple virtuosité». Il ne suffit pas de représen- ter le monde pour le dire, il importe de le «recréer» afin de mieux l’interpréter. «Tout artiste véritable se sent, du fait de sa sensibilité, étran- ger, déraciné face aumonde qui l’entoure. C’est pour ça qu’il crée entre paren- thèses une œuvre. Ce défi le rassure et fait son iden- tité, l’œuvre est son cocon qui le protège émotionnel- lement, qui le renforce face au monde extérieur». D’où cette coprésence constante de la sensibilité et du geste pictural, l’une émanant de l’âme, l’autre surgissant du corps. La peinture de Hassan Lahlou, grâce à son art de la matière et à son jeu subtil de la transparence, impose sa profondeur, happe le regard, convoque les sens. Vos yeux, une fois dessillés, discernent une farandole de silhouettes composant un théâtre de figures où le spectateur est progressive- ment saisi d’un sentiment d’irréalité. «Mes thèmes sont vastes, mais c’est tou- jours la figure humaine qui prime. Cette dernière per- met l’introspection psycho- logique».

Hassan Lahlou, délices expressionnistes ◆ On ne connait pas, ou à peine, Hassan Lahlou, ce peintre acquis à l’expressionisme. Ses œuvres valent le détour. Elles portent sur «le monde» un regarde sensible. Rencontre.

U ne vie, disait Henri Michaux, est déroulable comme une mer- veilleuse ficelle à nœuds et à secrets. De celle impartie à Hassan Lahlou, on débobine quelques précieux fils d’Ariane et en épaississant les zones d’ombre. Il est des vocations, qui pour éclore, empruntent des chemins de travers. Parfois impénétrables. Celle de Hassan Lahlou pour l’art pictural jaillit dans le sillage des peintres illuminés. Né à Rabat, en 1970, Hassan Lahlou a fait des études, qui le font bâil- ler d’ennui, à l’ESAM de Paris, puis à l’académie Charpentier pour une for- mation fructueuse en archi- tecture d'intérieur. Il mène de front, avec un rare esprit de méthode, des activités distinctes. De fait, il est tout uniment archi- tecte d’intérieur, décorateur et artiste-peintre depuis des décennies. Il eut, en effet, pour première pas- sion le dessin, dans lequel il entra comme on entre en religion. Il découvrit vite l’architecture, dont il expé- rimenta longtemps la capa- cité à explorer la géométrie, avant de bifurquer carré- ment vers la peinture. Quand il raconte l’épisode, l’événement parait avoir été tout simple. De son propre aveu, il était déjà familier de peinture. «Pour autant que je me rap- Propos recueillis par R. K. H.

rieuse. Alors, Hassan, dans le dessein de parfaire son art, se mit à écumer les galeries et musées. Avant de s’arrimer, il tâta et fré- quenta profitablement des maîtres en la matière. «Mes années parisiennes m’ont surtout permis d’acquérir la maîtrise technique grâce à mes visites dans les musées où j’ai pu découvrir les peintres qui allaient devenir pour moi mes maîtres et mes idoles», reconnaît-il. Sacerdoce dans lequel il s’abima sans aucun via- tique, sinon une foi ardente et une ferveur saisissante. «On ne peut se prétendre

pelle, c’est la peinture qui m’a rencontré et non l’in- verse. Ceci depuis la plus tendre enfance. J’ai com- mencé à peindre très jeune, et il y avait déjà une matu- rité différente du petit gar- çon que j’étais. Ça devenait sérieux vers l’âge de 12 ans, à peu près, et malgré mes études dans la décoration, j’ai choisi la peinture pour unique métier» , précise-t-il. A douze ans, Hassan Lahlou avait trouvé sa voie : la peinture. Rien ne le distrai- ra, sinon ses études, per- çues non comme une acti- vité distante, mais comme une complémentarité impé-

peintre si l’on n’a pas assi- milé toute l’histoire de l’art, les courants des anciens… si l’on ne se sent pas de leurs familles, alors on est dans l’imposture», répète- t-il à l’envi, comme pour se faire absoudre d’éventuels écarts commis envers les cannons plastiques. Sagacité «La peinture occidentale me parlait plus qu’autre chose. Picasso pour son inventivité, Van Gogh pour sa force intérieure qui se reflétait à travers ses pay- sages qui n’étaient que le point de départ pour son

Made with FlippingBook flipbook maker