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LUNDI 30 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Le crowdhunding reste méconnu de la population qui en a le plus besoin (porteurs de projets et TPME) par manque d’information et de sensibilisation. Les défis d’ordre technologique et financier, comme l’accès au paiement en ligne, constituent des freins supplémentaires. Entretien avec Saïd Tahiri, économiste. «Le cadre législatif favorise un climat de confiance des utilisateurs et des investisseurs» Financement collaboratif

Il est essentiel de continuer à tra- vailler sur l’amélioration de l’envi- ronnement réglementaire et fiscal pour encourager davantage d’in- vestissements via le crowdfunding, tout en renforçant la confiance des utilisateurs. Les trois dernières années ont jeté des bases solides, mais pour un développement véri- tablement exponentiel, il faudra poursuivre les efforts à tous les niveaux. F.N.H. : Quelles sont les plateformes existantes au Maroc ? Comment peut-on les développer et y a-t-il des risques dans la pratique de ce mode de financement ? S. T. : À ce jour, plusieurs plate- formes de crowdfunding opèrent au Maroc. Je pourrais vous en citer quelques-unes : Cotizi.com, Wuluj. com, kiwi collecte, Kofounderz, 212, Afineety… Chacune de ces plateformes a des caractéristiques propres à elle, opère dans un ou plusieurs sec- teurs spécifiques, et répond à dif- férents besoins, qu'ils soient per- sonnels, associatifs ou liés à des projets d’entrepreneuriat. Elles ont le mérite d’exister aujourd’hui, mais il est important de stimuler leur développement. Pour cela, il faut agir sur plusieurs axes majeurs, à savoir : • La sensibilisation et l’informa- tion, car il est crucial de renforcer la connaissance du crowdfunding auprès du grand public, des PME et même des investisseurs. Des campagnes de sensibilisation à travers les médias et les réseaux sociaux pourraient encourager plus de participation. • Le développement des infrastruc- tures numériques, avec des solu- tions de paiement en ligne acces- sibles et sécurisées, avec une inté- gration plus large de services de paiement mobile. • Encourager les partenariats en créant des synergies entre les pla- teformes locales et les plateformes internationales, ce qui pourrait per- mettre de mutualiser les expertises et d’augmenter la visibilité des pro- jets marocains à l’étranger. • Mettre en place un dispositif

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Trois ans après la mise en place de la loi 15-18 sur le crowd- funding, comment évaluez- vous l'écosystème ? Saïd Tahiri : Tout d’abord, la loi a créé un cadre légal qui a permis de structurer et de légitimer les plate- formes de financement participatif, offrant ainsi plus de visibilité et de sécurité aux investisseurs et aux porteurs de projets. Grâce à cette loi, mais aussi aux circulaires de Bank Al- Maghrib et de l’AMMC, de nouvelles plate- formes ont vu le jour, et certaines initiatives, qui étaient dans l’infor- mel, ont pu migrer vers un modèle transparent et réglementé. Plusieurs facteurs freinent encore l’expansion de cet écosystème. D'une part, le manque de com- munication autour du concept du crowdfunding envers les porteurs de projets et les TPME, si bien qu’il reste encore méconnu par cette population. Il y a encore beaucoup à faire en termes de sensibilisation et d’information, notamment sur les avantages de ce mode de finance- ment. D'autre part, les défis d’ordre tech- nologique et financier, comme l’ac- cès au paiement en ligne pour une grande partie de la population, qui

restent à ce jour des freins supplé- mentaires. Cela dit, il est encourageant de constater que certains secteurs spécifiques, comme les startups technologiques et les projets cultu-

rels, semblent avoir mieux saisi le potentiel de ce financement alter- natif. Des success-stories com- mencent à émerger, ce qui pourrait servir de catalyseur pour un déve- loppement plus large dans l’avenir.

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