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FINANCES NEWS HEBDO / LUNDI 30 SEPTEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
fiscal encourageant en offrant des incitations aux contribu- teurs ou aux entrepreneurs uti- lisant ces plateformes, créant ainsi un climat favorable pour l’investissement. Néanmoins, force est de constater que comme tout mode de financement, le crowdfunding comporte cer- tains risques. D’abord, celui de la fraude, puisque les contribu- teurs peuvent être confrontés à des projets qui ne sont pas sérieux ou qui ne se réalisent jamais. Et ce, malgré une véri- fication et validation de projets rigoureuses. Cela porte atteinte à la confiance des utilisateurs. Vous avez également le manque de retour sur inves- tissement, en particulier dans le modèle de l’equity crowd- funding (prise de participation dans une entreprise), car il n'y a pas de garantie de retour sur investissement, notamment dans les startups qui ont sta- tistiquement un risque d’échec beaucoup plus important. D’un autre côté, le risque réglementaire est à prendre en considération, car bien que la loi 15-18 ait créé un cadre légal, le manque d’expé- rience dans sa mise en œuvre fait qu’il pourrait exister des incertitudes réglementaires ou des virgules administratives à gérer, notamment en matière de fiscalité et de gestion des fonds. Il y a enfin le risque de satura- tion, car si trop de projets sont lancés en même temps sans atteindre leur objectif de finan- cement, cela pourrait nuire à l'image du crowdfunding et décourager les contributeurs. Selon le baromètre du crow- funding au Maroc, entre 2021 et 2023, un montant remar- quable de 10,9 millions de DH a été collecté à travers 409 campagnes, démontrant une adoption croissante du crowd- funding comme solution de financement. Le crowdfunding au Maroc représente donc une oppor-
Le baromètre du crowfunding au Maroc affiche entre 2021 et 2023 un montant remarquable de 10,9 millions de DH, collecté à travers 409 campagnes.
tunité majeure pour le finan- cement alternatif. Toutefois, il reste à peaufiner l'écosystème pour maximiser son potentiel, développer les synergies et trouver un équilibre entre inno- vation, protection des inves- tisseurs et sensibilisation du public. F.N.H. : Que pensent les opérateurs de la loi 15-18 ? Existe-t-il des contraintes qui freinent le développement de ce secteur naissant ? S. T. : Dans l’ensemble, les opérateurs du crowdfunding au Maroc ont accueilli la loi 15-18 avec optimisme, car elle a permis de donner un cadre légal et officiel à ce mode de financement alternatif. Avant cette loi, l’écosystème évoluait dans une certaine incertitude juridique, ce qui dissuadait de nombreux investisseurs et por- teurs de projets. La structuration du marché que la loi a apportée, ne pou- vait qu’être appréciée par les opérateurs. Enfin, les rôles, les responsabilités et les droits des différentes parties pre-
nantes ont été définies (plate- formes, contributeurs, porteurs de projets), tout en encadrant les pratiques pour protéger les investisseurs. En outre, ce cadre législatif favorise un cli- mat de confiance des utilisa- teurs et des investisseurs, ce qui a incité plusieurs acteurs à se lancer dans ce secteur. Mais malgré cet enthousiasme initial, il existe certaines contraintes liées à l’application de la loi 15-18, qui freinent le développement rapide de ce secteur. • Un processus de régula- tion lourd : Bien que la loi 15-18 soit un pas en avant, les opérateurs soulignent que sa mise en œuvre reste lourde. Les procédures administra- tives pour obtenir les autorisa- tions nécessaires peuvent être longues et complexes, ce qui décourage certains entrepre- neurs ou plateformes de se
lancer. • Des limites sur les montants: La loi impose des plafonds stricts sur les montants que les projets peuvent lever via le crowdfunding. Bien que cela soit une mesure de pro- tection pour éviter les excès, certains opérateurs estiment que ces plafonds sont trop bas et limitent la capacité des projets à mobiliser des fonds suffisants pour des initiatives ambitieuses. - Des barrières à l’investisse- ment étranger : Le cadre actuel présente encore des obstacles pour attirer des fonds ou des contributeurs étrangers. Les opérateurs souhaitent une plus grande ouverture du marché international pour diversifier les sources de financement. Les procédures fiscales et de change peuvent être perçues comme restrictives pour les investisseurs étrangers. • Une insuffisance d’incitations fiscales : Les opérateurs esti- ment que des mesures incita- tives supplémentaires, comme des avantages fiscaux pour les investisseurs ou les porteurs de projets, pourraient encoura-
Le crowdfunding permet de mobiliser non seulement l'épargne locale, mais aussi des fonds venant d’investisseurs internationaux.
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