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FINANCES NEWS HEBDO / LUNDI 30 SEPTEMBRE 2024

ECONOMIE

de leurs produits et la traçabilité de leur origine, le lieu de pro- duction et de conditionnement. Le problème, c’est que ces normes changent dans le temps et il faut à chaque fois réadap- ter la chaîne de production et de valeur pour se conformer», explique Abderrahim Mouhajir, consultant agricole. Force est de constater que les exportateurs marocains de pro- duits agricoles connaissent par- faitement le marché européen et concentrent tous leurs efforts sur ce débouché. Pour investir de nouvelles contrées, ils doivent surmonter de nombreuses contraintes comme la langue, la logistique, la législation et aussi les normes tarifaires. «La plupart des exportateurs agricoles marocains travaillent avec les marchés européens, et ce pour des considérations his- toriques et culturelles. D’autres s’intéressent accessoirement aux marchés africains. Alors que certains veulent avoir un accès à d’autres débouchés très inté- ressants, comme l’Amérique du nord, la Russie ou les pays du Golfe. Pour répondre aux exi- gences de ces marchés, il faut se conformer à leurs normes. Et le plus souvent, elles sont diffé- rentes des normes européennes. D’où un effort supplémentaire à envisager» , ajoute Mouhjir. C’est pour cette raison que des fédérations ou associations tournées vers l’export, comme l’Association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel) ou la Fédération natio- nale de l’agroalimentaire (Fenagri), ont conçu des guides au profit de leurs membres. A noter enfin que les normes non tarifaires sont dénoncées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organi- sation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation (FAO). Elles estiment qu’elles sont un obs- tacle pour le développement des échanges dans le monde. Et pénalisent les petits exploitants au profit des grands agriculteurs qui ont les moyens pour y faire face. ◆

 Pour qu’ils répondent aux normes exigées, la certification des produits agricoles nécessite des budgets conséquents qui alourdissent leur coût final.

En dépit de leur potentiel, certains marchés sont boudés à cause des normes exigées. Les barrières non tarifaires, un obstacle pour la diversification des débouchés Par C. Jaidani M Exportations agricoles

algré les années successives de sécheresse, le Maroc main- tient ses capacités d’exporta- tion de produits agricoles. Pour les fruits et légumes, principale filière concernée, leur valeur a atteint 1,6 milliard de dollars en 2023, soit une hausse de 12%, dépassant de 50% la moyenne des 5 dernières années. Nonobstant d’une concurrence acharnée des autres pays de la Méditerranée, les produits maro- cains sont incontournables dans de nombreux marchés, notam- ment européens. La tomate, produit phare des exportations, avec plus de 66% du volume, totalise, à elle seule, une valeur de 1,06 milliard de dollars. Plus

de 70% de ces exportations sont destinées à l’Europe et plus précisément à des partenaires historiques et commerciaux du Royaume, comme l’Espagne et la France. Le Maroc a, depuis un certain temps, essayé de diversifier ses débouchés vers des marchés extra européens. Il s’agissait d’augmenter le volume exporté, mais aussi de réduire la dépen- dance vis-à-vis de l’Europe. Car lorsque les relations politiques ne sont pas au beau fixe, les exportations agricoles maro- caines en pâtissent et sont la cible d’actes d’hostilité, que ce soit des agriculteurs euro- péens, notamment espagnols et français, ou des députés au Parlement européen. Les pro- testataires arguent que les pro- duits marocains contiennent des taux de pesticides élevés par rapport aux normes tolérées par

Bruxelles. Ils avancent égale- ment l’argument du respect de l’environnement ou le travail des enfants. Pour certains parlemen- taires soutenus par des lobbies pro-algériens, c’est à cause du sahara marocain, qui ne doit pas figurer comme territoire national dans l’accord agricole. «Les produits marocains sont très appréciés dans les marchés européens, tant pour leur qua- lité que pour leurs prix compéti- tifs. Ils concurrencent fortement les produits locaux. C’est pour cette raison que les agriculteurs européens mènent de temps à autre des actes d’hostilité envers les produits marocains. Les barrières non tarifaires sont toujours utilisées pour mettre la pression et les bloquer. Pour surmonter ces obstacles, les exploitants marocains sont obli- gés de consacrer des budgets conséquents pour la certification

Les exportateurs marocains de produits agricoles connaissent parfaitement le mar- ché européen et concentrent tous leurs efforts sur ce débouché.

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