ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 11 SEPTEMBRE 2025
Catastrophes naturelles Le Maroc met des garde-fous, mais sont-ils suffisants ? Face à la multiplication des catastrophes naturelles et au souvenir du séisme d’Al Haouz, le Maroc déploie de nouvelles plateformes d’urgence et renforce son fonds de solidarité. Mais la question de la suffisance de ces dispositifs reste entière. Par Désy. M.
santé, les forces armées et l’ap- pareil sécuritaire afin d’éviter les chevauchements et d’assurer une coordination fluide. Et pour garan- tir cette fluidité, la numérisation des stocks et leur rotation régu- lière s’imposent comme condi- tions essentielles pour prévenir les pertes et optimiser l’investis- sement. Le fonds de solidarité renforcé Parallèlement, sur l’aspect de la prise en charge assurantielle, le gouvernement a relevé la taxe de solidarité sur les contrats d’assu- rance de 1% à 1,5%, portant les ressources du Fonds de solidarité contre les événements catastro- phiques (FSEC) à environ 450 mil- lions de dirhams par an, contre 300 millions auparavant. Cette déci- sion vise à renforcer les moyens financiers pour indemniser aussi bien les assurés que les victimes non couvertes, et à répondre aux sinistres dans un contexte de hausse mondiale des coûts de réassurance. Cependant, même avec cette hausse, certains experts du sec- teur des assurances estiment que les ressources restent modestes au regard de l’ampleur potentielle des catastrophes. Un choc com- parable à celui d’Al Haouz, qui avait causé des milliers de victimes et engendré plusieurs milliards de dirhams de pertes, dépasserait largement la capacité de finance- ment annuelle du fonds. Celui-ci est davantage calibré pour prendre en charge des sinistres de faible ou moyenne envergure, ou encore des séries de micro-événements moins médiatisés mais fréquents à travers le pays. Il est indéniable que les plate- formes d’urgence et le renfor- cement du FSEC marquent une avancée dans la stratégie de rési- lience du Maroc. Néanmoins, ces dispositifs soulignent aussi des limites qu’il faudra repousser. Le Royaume progresse dans la bonne direction, mais il devra encore opti- miser sa capacité de stockage aux normes internationales, diversi- fier ses mécanismes financiers et ancrer une culture de prévention pour ne pas voir ses efforts dilués par la gravité des crises futures. ◆
Selon la société de réassurance Swiss Re, au S1 2025, les catastrophes naturelles ont engendré des pertes économiques mondiales estimées à 135 milliards de dollars.
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eux ans après le séisme d’Al Haouz en septembre 2023, le Maroc ne veut plus se retrouver dans une situation de vulnérabilité face aux risques de catastrophes naturelles. Au-delà des reconstructions et de la prise en charge des sinistrés, le Royaume s’arme désormais de dispositifs préventifs et assuran- tiels pour renforcer sa résilience. En raison de l’aggravation du dérè- glement climatique, les pays sont de plus en plus exposés aux catas- trophes naturelles, notamment les séismes, les inondations, les glis- sements de terrain, etc. Au pre- mier semestre 2025, celles-ci ont engendré des pertes économiques mondiales estimées à 135 milliards de dollars, dépassant largement
la moyenne des dix et trente der- nières années, selon la société de réassurance Swiss Re. Le Maroc n’a pas été épargné. Ce même semestre a été considéré comme l’un des plus coûteux en termes de catastrophes naturelles, confir- mant la nécessité d’une réponse nationale structurée. Des plateformes régionales d’urgence Sous l’impulsion royale, douze plateformes régionales d’urgence verront le jour, dont le lancement des travaux de celle de la région de Rabat-Salé-Kénitra a déjà été acté par le Roi Mohammed VI en mai dernier. Ce programme mobi- lise un investissement global de 7 milliards de dirhams, dont 2 mil- liards pour la construction et 5 pour l'acquisition des produits et autres équipements. Ces infras- tructures disposeront de 36 entre- pôts stockant des produits de pre- mière nécessité (tentes, hôpitaux
de campagne, générateurs, eau potable, médicaments, etc.), répar- tis sur 240 hectares, dimensionnés selon la densité démographique et la typologie des risques propres à chaque territoire. Ces plateformes permettront de couvrir les besoins vitaux de 200.000 sinistrés et de garantir des réserves équivalentes à trois fois celles mobilisées après le séisme d’Al Haouz. Un investissement important qui traduit une volonté d’institution- naliser la solidarité et d’apporter un soutien structuré et normé aux populations sinistrées. Toutefois, des défis existent. Selon les experts, le Maroc accuse encore du retard sur les normes internatio- nales en matière de stocks straté- giques, notamment pour le pétrole, le butane, le sucre ou les médi- caments. Ils insistent aussi sur la nécessité d’une gouvernance effi- cace, pilotée par le ministère de l’Intérieur en collaboration étroite avec les collectivités locales, la
Les plateformes d’urgence permettront de couvrir les besoins vitaux de 200.000 sinistrés et de garantir des réserves équivalentes à trois fois celles mobilisées après le séisme d’Al Haouz.
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