FNH N_ 1207

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 11 SEPTEMBRE 2025

pense que c’est un faux débat et les statistiques le confirment. L’augmentation de plus de 10% de leurs arrivées en 2025 confirme qu’ils constituent un marché de base indispensable, qui amortit les risques de vola- tilité de la demande étrangère classique. Au-delà des arrivées, leur contribution est tout aussi signi- ficative en devises et en trans- ferts financiers. Par contre, leur consommation touristique est différente de celle des touristes étrangers de séjour (TES). Leur consommation est en effet variée (un peu d’hébergement, beaucoup plus de restauration, de transport, d’animation et de loisirs). De plus, une partie de leurs transferts financiers est réinjectée dans des activités touristiques ou para-touris- tiques. Les Marocains du monde sont aussi un levier de structuration de l’offre, puisqu’ils ont des attentes spécifiques : qualité de service, confort, authenti- cité et rapport qualité-prix. Leur fidélité conditionnelle pousse les opérateurs à rehausser les standards et à diversifier les produits. Ils contribuent ainsi indirectement à la profession- nalisation et à la modernisation du secteur. Par ailleurs, étant des ambas- sadeurs naturels du Maroc à l’international, ils jouent un rôle de promotion naturelle et gra- tuite du Maroc à l’étranger, en incitant leurs amis, collègues et réseaux à découvrir la destina- tion. Cet effet bouche-à-oreille est un facteur de notoriété et de diversification des marchés émetteurs Force est de rappeler que les MDM jouent un rôle impor- tant dans la soutenabilité et la résilience de la destination. Ils reviennent régulièrement, plu- sieurs fois dans l’année, pri- vilégient souvent des régions moins saturées et consom- ment des produits locaux, ce qui favorise la répartition ter- ritoriale des flux et l’ancrage durable du tourisme dans les économies locales. ◆

 Les grandes métropoles

marocaines comme Tanger, Casablanca et Fès enregistrent une hausse spectaculaire des nuitées.

rences et expositions/événe- ments); • L’Asie (Chine, Inde, Asie du Sud-Est) à moyen terme, à tra- vers des accords favorisant la connectivité avec ces pays, à très fort potentiel d’émission de touristes; • L’Afrique, pour profiter de l’effet CAN et au-delà, et être un hub pour les arrivées de notre continent. Cette diversification permettra de réduire le risque de chocs géographiques et d’améliorer la résilience de notre secteur. Il faut aussi créer des pro- duits différenciés par marché. L’ONMT a une excellente data et a réalisé des études de très grande pertinence. Il faut savoir en profiter et en faire bénéficier les opérateurs. Il faut optimiser l’hôtelier et stimuler les dépenses locales, à savoir les excursions, la gastronomie et le retail. Il est primordial d’apporter un véri- table soutien à l’offre locale, notamment former, labelliser l’offre de qualité et promouvoir des normes de services pour convertir une fréquentation en recettes plus élevées. Ces indicateurs (+13% de nui- tées et 67 MMDH de recettes en devises à fin juillet 2025) confir- ment que le tourisme est rede- venu un moteur puissant pour l’économie marocaine. La prio- rité maintenant est d’optimiser la qualité de l’offre, d’améliorer

F. N. H. : Comment inter- prétez-vous la progres- sion notable des arrivées en provenance des mar- chés européens (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie ...) et nord-améri- cain ? Quelles implica- tions pour la stratégie de diversification des mar- chés émetteurs ? S. T. : D’abord, il s’agit de nos marchés historiques, où il faut continuer à créer des offres ciblées (produits liés à ces mar- chés, packages «city break» pour Européens, combinés golf/spa pour segments pre- mium…), renforcer la connecti- vité saisonnière et les partena- riats avec TO et low-cost. Cela n’est pas suffisant, car il faut penser à la diversification pour ne pas dormir sur nos lauriers et se reposer unique- ment sur le marché européen. Pour cela, il faut repenser notre stratégie marketing et renforcer nos lignes directes vers : • L’Amérique du Nord (USA/ Canada), pour le tourisme haut de gamme et la diaspora; • Le Moyen-Orient/GCC, notamment pour le tourisme premium et MICE (Réunions- voyages de motivation-confé-

la connectivité et de diversifier les marchés émetteurs pour transformer cette affluence en retombées durables et équi- tablement réparties sur l’en- semble du territoire. F. N. H. : Quel rôle attri- buez-vous aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) dont les arrivées ont augmenté de plus de 10%, dans la structura- tion et la soutenabilité de la croissance touristique nationale ? S. T. : Les Marocains du monde jouent un rôle central dans la dynamique touristique nationale. Ils représentent près de la moitié des arrivées aux postes frontières, et leur contribution dépasse la simple dimension conjoncturelle liée aux vacances d’été. Ils repré- sentent un socle stable de la demande touristique, une clientèle fidèle moins sensible aux crises géopolitiques ou aux fluctuations économiques internationales. D’ailleurs, dès la reprise post-pandémique, ils ont afflué au Maroc et ont tiré la demande. Une croissance qui s’est confirmée sur les 3 dernières années. Un débat s’est fortement répandu ces derniers mois sur le rapport qualité prix, la cherté de la destination, et le fait que plusieurs RME auraient boudé la destination Maroc. Je

Le Maroc a accueilli 13,5 millions de touristes à fin août 2025, soit une hausse de 15 % par rapport à la même période en 2024.

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