FNH N_ 1207

DEVELOPPEMENT DURABLE 30

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 11 SEPTEMBRE 2025

de portefeuille éthique », dont l’auteur est le professeur Boiti, démontre sans ambiguïté que «les entreprises marocaines ayant adopté une démarche RSE robuste ont surperformé leurs homologues tradition- nelles, et même l’indice MASI, sur le court, le moyen et le long terme» , lit-on. Autrement dit, au Maroc, être une entreprise socialement responsable, c’est aussi être financièrement plus perfor- mant. «Ce lien entre éthique et rentabilité transforme la RSE d’un simple devoir en un avan- tage concurrentiel stratégique, surtout dans un contexte où la transition énergétique devient un pilier central de la responsa- bilité des entreprises» , précise notre expert. L’un des leviers les plus acces- sibles pour les entreprises est l’autoconsommation d’électri- cité verte. En effet, l’entrée en vigueur de la loi n°86-12 sur les partenariats public-privé (PPP) et des décrets d’application, de nombreuses entreprises ont commencé à installer des pan- neaux solaires sur leur toit ou leur parking. Des usines agroa- limentaires près de Casablanca couvrent jusqu’à 40% de leurs besoins énergétiques, des centres logistiques à Tanger Med alimentent leurs entrepôts frigorifiques en photovoltaïque, et le groupe OCP a intégré l’au- toconsommation dans ses sites miniers et industriels. Ces initiatives permettent non seulement de réduire la facture énergétique, mais aussi de se prémunir contre les hausses de prix, notamment en période de crise géopolitique. « Et si demain le prix du baril atteint 140 dol- lars, comme le redoute le CESE en cas de survenance d’une crise géopolitique totalement imprévisible ? Les entreprises qui auront investi dans l’énergie verte seront les moins expo- sées» , prévient Mohamed Boiti. La transition énergétique n’est plus seulement une affaire de préservation de l’environne-

 L’un des marqueurs les plus tangibles de la RSE d’une entreprise n’est plus son bilan social, mais son bilan carbone.

RSE & Transition énergétique

Un emboîtement bénéfique ?

De plus en plus, l’engagement énergétique emboîte le pas à l’engagement social des entreprises marocaines, ou en devient le soubassement. Et pour cause : réduction de l’empreinte carbone, quête de compétitivité et accès aux marchés mondiaux. La RSE se redessine.

Par Désy M. L

e Maroc accélère sa transi- tion énergétique, et dans cet élan, les entreprises du privé comme du public ne sont plus de simples spectatrices. Elles deviennent des acteurs clés, voire des moteurs de cette mutation. De l’autoconsomma- tion solaire aux engagements en hydrogène vert, en passant par la décarbonation de la logis- tique, le monde des affaires redessine le visage de la dura- bilité. Comment ? Grâce à une notion appelée Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). En effet, au Maroc, la RSE n’est plus seulement une question de charte éthique ou de mécénat. Elle quitte les salles de réu- nion pour s’inscrire directement dans les câbles électriques, les toits solaires et les chaînes de production. «Aujourd’hui, l’un

Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Maroc consacre près de 6% de son PIB aux impor- tations énergétiques, soit envi- ron 80 milliards de dirhams par an. Une dépendance qui fragi- lise toute l’économie, et donc les entreprises. Cette réalité conduit donc les entreprises à orienter leur stratégie RSE vers l’adoption de solutions d’éner- gies renouvelables comme une nécessité stratégique. RSE & rentabilité Une étude approfondie menée sur 12 ans (2008-2019), portant sur les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca, et dont les résultats sont consignés dans le livre «L’investissement socialement responsable, théorie et pratique de gestion

des marqueurs les plus tan- gibles de la RSE d’une entre- prise n’est plus son bilan social, mais son bilan carbone», affirme Mohamed Boiti, consultant en transition énergétique et auteur d’un ouvrage sur le sujet. Cette notion, qui traditionnelle- ment reposait sur trois piliers, à savoir social, environnemental et économique, fait à présent converger ces trois dimensions vers un enjeu central, celui de l’énergie. Celle-ci représente la majeure partie de l’empreinte carbone des entreprises indus- trielles, logistiques et agricoles. De plus, le coût de l’électri- cité et des carburants impacte directement la compétitivité, et les marchés internationaux (notamment européens) exigent désormais des filières décar- bonées.

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