DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 11 SEPTEMBRE 2025
ment. Elle devient un critère d’accès aux marchés. Dès jan- vier 2026, l’Union européenne appliquera son mécanisme d’ajustement carbone aux fron- tières (MACF), taxant les impor- tations selon leur empreinte carbone. Dans ce contexte, l’accès à une électricité verte devient un passeport commer- cial. Le projet HVDC, qui relie- ra Dakhla à Casablanca sur 1.400 km avec une capacité de 3.000 MW d’énergie solaire et éolienne, envoie un signal fort. Il permettra d’acheminer de l’électricité solaire et éolienne des provinces du Sud vers les zones industrielles du nord. Une opportunité unique pour les entreprises de se connecter à un réseau 100% renouvelable. L’avenir, selon Boiti, passe aussi par l’hydrogène vert. Le Maroc a validé pour 32,5 mil- liards de dollars de projets des- tinés à produire de l’ammoniac, de l’acier bas-carbone et des carburants durables, position- nant le Royaume comme un hub africain de l’hydrogène. «Nous pourrions très vite voir des usines marocaines fabri- quer des pièces automobiles 100% alimentées à l’hydrogène vert pour le marché européen », fait-il savoir. Malgré ces avancées, des obs- tacles persistent, alerte Boiti. Les données du ministère de la Transition énergétique montrent que, paradoxalement, les capa- cités de stockage des produits pétroliers continuent de croître. Plus 25% au port de Jorf Lasfar et 51% des nouvelles capaci- tés de stockage programmées d’ici 2030 seront dédiées au gasoil, le carburant le plus uti- lisé dans le transport et l’indus- trie. «Cela illustre la difficulté à couper avec les énergies fos- siles», affirme l’expert, tout en estimant qu’une combinaison d’incitations fiscales, de finan- cements verts, de formation technique et de bilans carbone obligatoires pourrait accélérer la bascule. ◆
La vision marocaine mise en avant Sommet africain sur le climat :
L a vision africaine du Maroc en matière de cli- mat a été mise en avant lundi à Addis-Abeba lors du 2e Sommet africain sur le cli- mat. L’ambassadeur Mohamed Arrouchi, représentant permanent du Royaume auprès de l’UA et de la CEA-ONU, a rappelé que cette vision se traduit par une coopération Sud-Sud solidaire et constante, notamment à travers le partage d’expériences et l’ac- compagnement des pays africains face aux effets du changement climatique. Il a souligné que depuis la COP22 à Marrakech en 2016, le Maroc a initié trois Commissions africaines pour le climat : celle du bassin du Congo, de la région du Sahel et des États insulaires africains. Ces structures visent à mobiliser des financements, mutualiser les bonnes pratiques et développer
des projets adaptés aux spécifici- tés régionales. Arrouchi a affirmé que le Royaume, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, considère la lutte contre le réchauffement comme une responsabilité natio- nale, continentale et universelle. Sa vision repose sur la solidarité, la résilience et le développement durable, en plaçant l’adaptation au même rang que l’atténuation. Le Maroc soutient ainsi les initia- tives africaines pour l’adaptation et les énergies renouvelables, au service de la sécurité alimentaire,
de la gestion durable de l’eau et de la transition énergétique, tout en mobilisant la jeunesse et les femmes. La diplomatie climatique maro- caine, a-t-il poursuivi, plaide au sein de l’UA, de l’ONU et des forums internationaux pour la jus- tice climatique, l’accès équitable aux financements verts et le trans- fert de technologies adaptées. Elle intègre également la dimension environnementale dans l’initiative royale Atlantique, afin de faire de cet espace une zone de coopéra- tion et de résilience partagée. ◆
Benali plaide pour un cadre ESG africain Secteur minier L a ministre de la Transition éner- gétique et du Développement durable, Leila Benali, a appelé lundi à Nouakchott à l’adop-
tion d’un cadre africain ESG (envi- ronnement, social et gouvernance) spécifique au secteur minier. «Notre ambition est d’acter, au prochain Congrès africain de Marrakech en novembre, un cadre adapté et conçu par les ministres africains des Mines, pour l’Afrique» , a-t-elle affirmé dans une allocution lue en son nom à la Conférence internationale de l’éner- gie et des minéraux «Mauritanides». Ce cadre doit permettre aux États et opérateurs d’assurer le finance- ment des opérations minières, de l’extraction à la transformation, tout en valorisant le capital naturel afri- cain. Benali a souligné que les réfé- rentiels existants, importés d’autres régions, ne correspondent pas aux réalités du continent. Elle a rappelé que le Congrès international des mines du Maroc (IMC 2024) avait déjà consacré un consensus africain sur l’importance d’un tel outil, condi-
tion pour un financement durable des ressources. La ministre a mis en avant le modèle marocain, notamment le corridor OTC (Origination, Transit, Certification), soutenu par un cadre ESG et validé par plusieurs pays africains, ainsi que la coopération du Royaume avec l’AMDC pour harmoniser les politiques minières et renforcer la traçabilité. Elle a aussi cité l’initiative stratégique du Corridor Atlantique lancée par le Roi Mohammed VI,
visant à relier les pays du Sahel à l’Atlantique via le Maroc et à garantir aux minerais certifiés des normes ESG rigoureuses. Selon elle, les réformes engagées au Maroc visent à rompre avec l’exportation de matières brutes à faible valeur ajoutée et à intégrer les chaînes de valeur mondiales dans l’énergie, le stockage et le digital. Elles cherchent aussi une répartition équitable des risques et richesses à l’échelle territoriale. ◆
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