Eco-Note N°1 : Le choc Volcker

Vol. 01 – Le choc Volcker

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Toutefois, les années 1970 ont été marquées par des rigidités économiques structurelles considérables, à l’image des négociations collectives qui couvraient en moyenne 80% des salariés dans les pays de l’OCDE (7) . À ce titre, l’indexation générale des salaires constituait un puissant moteur de la spirale salaires-prix: lorsque les prix à la consommation accéléraient de 1%, les salaires progressaient automatiquement de 1%, ce qui augmentait les coûts des entreprises en proportion de leur masse salariale, poussant ainsi les prix à la hausse. Mais, dans les années 1980, la plupart des pays ont décidé d’arrêter, voire d’interdire, les clauses d’indexation en raison du risque de voir les chocs inflationnistes se prolonger à cause de ce dispositif (8) . Une plus grande flexibilité économique, avec une fixation des salaires moins centralisée, permet aux entreprises de moduler les réévaluations salariales en fonction de leur capacité à répercuter l’augmentation des coûts sur leurs clients, leur permettant également d’étaler les réévaluations dans le temps, en fonction de l’évolution de leurs marges (9) . De plus, l’intensité énergétique du PIB a considérablement diminué depuis les années 1970. Cette baisse régulière de la quantité d’énergie nécessaire pour générer un dollar de revenu s’explique par les nombreuses mesures prises par les pays importateurs de pétrole afin de réduire leur vulnérabilité aux chocs énergétiques. Notamment, en réalisant des avancées technologiques et en se tournant vers des sources, telles que le gaz naturel et les énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire et éolienne. En outre, un changement de paradigme s’est opéré dans le cadre des politiques monétaires depuis les années 1970. À cette époque, les mandats des banques centrales comportaient de multiples objectifs concurrents, notamment en matière de production et d’emploi, et les décideurs étaient enclins à attribuer la hausse de l’inflation à des facteurs spéciaux, sous-estimant ainsi l’impact omniprésent et durable des pressions excessives de la demande globale. En revanche, les banques centrales d’aujourd’hui ont des mandats clairs en matière de stabilité des prix, exprimés sous la forme d’une cible d’inflation explicite, et ont obtenu des résultats crédibles dans la réalisation de leurs objectifs. Par conséquent, l’inflation – en particulier la composante sous-jacente – est devenue beaucoup moins sensible aux chocs sur les prix.

(7) Banque mondiale. 2022. Global Economic Prospects, Juin 2022. Washington, DC (8) BCE, Bulletin mensuel, 2008 (9) Agnès Bénassy-Quéré, “A price-wage loop on the Christmas tree?”, DG Trésor, 2022

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