Argenteuil_2023_03_31

COLLECTIVITÉ

UN PRIX PRESTIGIEUX POUR JEANNE CARRIÈRE

Jeanne dit avoir appris beaucoup. Puis les finalistes ont déposé leur version finale au jury le 15 mars, au terme du parcours créatif. «J’ai écrit un scénario avec mes jointures!», lance-t-elle. C’est sans page de présentation et sans nom associé aux textes que les scénarios ont été soumis. Aucun membre du jury ne connaissait l’histoire personnelle de Jeanne, personne n’était même au courant qu’un des finalistes avait une paralysie – ce qui était primordial pour elle. «J’espérais vraiment gagner… mais pour les bonnes raisons. C’était important. Je ne voulais pas que ce soit politique et ça, ils me l’ont juré.» C’est donc dans la plus complète objecti- vité que le scénario de Jeanne a été déclaré vainqueur, par un jury composé de profes- sionnels du milieu. Une reconnaissance qui la touche énormément. Le jury a souligné la qualité de son écriture cinématographique, achevée et touchante. «Le scénario se démarquait aussi par le traitement tout en subtilité de la thématique de la violence conjugale et du trauma, par la qualité des dialogues et par ses personnages haute- ment attachants», a souligné Johanne Larue, directrice générale du développement et de la production audiovisuelle à la SODEC et présidente du jury final du concours. L’émotion était grande pour Jeanne et ses parents -qui sont d’un soutien indéfectible depuis le début- à l’annonce du gagnant. «Mes pieds ne touchent plus terre», a blagué Jeanne, dans son discours de remerciement. Assise à la table de sa cuisine, ses grandes fenêtres offrant une superbe vue sur la forêt d’érables, entaillés pour produire le sirop du «Shack de la providence» avec les voisins, Jeanne a les yeux brillants. «Hé que je suis contente. Je suis encore sur une baloune», dit la jeune femme de 27 ans. Sa voix douce et posée contraste avec sa passion, les projets qui se bousculent, les opportunités qui cognent à sa porte. On la sent portée: elle doit maintenant choisir son producteur, ses comédiens, et se plonger dans l’esthétique qu’elle veut donner au court-métrage: la qualité des images, la luminosité, l’ambiance sonore. C’est que Jeanne veut réaliser elle-même son film, en fauteuil roulant. «Pour être scénariste et réaliser, tu n’as pas besoin de giguer, pas besoin de danser, pas besoin de courir. Tu as besoin de ta tête. Pis ça, je l’ai au complet!». Comme plusieurs scènes du film sont situées dans un champ agricole, une certaine adaptation sera nécessaire, mais tout est possible: certains producteurs proposent de lui créer un poste de réalisation dans la boîte d’un pick-up! D’ici là, elle est à la recherche des lieux - une terre avec un élevage de bisons, pour la fin de l’automne - qu’elle espère trouver dans Argenteuil, son coin de pays dont elle est particulièrement fière. Prolifique, la jeune scénariste n’en sera pas à sa première réalisation. Elle a écrit

et réalisé Lavée, son premier court-métrage, qui a même été sélectionné aux Rendez-vous Québec Cinéma en 2021; aux côtés d’un autre de ses scénarios portés à l’écran la même année: Le Froid. Ayant eu le privilège d’interpréter le personnage principal de Lavée, j’étais aux premières loges pour constater la rigueur de son travail de réalisatrice et le niveau d’exigence qu’elle avait envers elle-même et son équipe. Sa direction sait mettre en valeur le talent de chacun: que ce soit le directeur photo, le perchiste, le respon- sable des accessoires ou la scripte, chacun s’investit à fond parce que l’ambiance invite à la création, à la confiance et au dépasse- ment. Une réalisatrice au talent inné, aussi inspirante que l’être humain qu’elle est. Jeanne a fait des études en travail social avant de poursuivre en scénarisa- tion à l’INIS. BIGFOOT traite de la violence conjugale, exprimée à travers les yeux d’un enfant. L’écriture de Jeanne est empreinte d’une sensibilité distincte, unique. Ses dialogues sont bouleversants, inattendus, ils camouflent des sentiments criants, qui s’expriment entre les mots. Son écriture nous plonge dans l’histoire, on avance avec elle, et chaque réplique nous dévoile un peu plus la profondeur et la complexité des personnages et leur passé. Ils révèlent leur vulnérabilité là où on ne l’attend pas. C’est le 1er décembre 2021 qu’elle a déposé son projet au concours, soit 15 jours avant son accident. À sa sortie du coma, elle a appris que son scénario avait été sélectionné parmi les finalistes. Ne sachant pas de quoi aurait l’air sa vie, elle a demandé que sa candidature soit reportée à une année ultérieure. L’automne dernier, comme son passage de l’hôpital à la maison approchait à grands pas, se replonger dans son film lui a semblé être le projet idéal pour aborder le tournant vers sa nouvelle vie. Cette «pause» d’un an sur l’écriture lui a aussi permis de revisiter et retravailler son texte avec des yeux nouveaux, différents, une opportunité rare dans le domaine artistique. «Je partais de loin», dit-elle. De son coma aux projets motivants d’aujourd’hui, en pas- sant par une réadaptation qu’elle poursuit toujours, sa nouvelle vie commence à se placer. En plus du tournage de BIGFOOT, un autre court-métrage, «De l’autre côté du béton», sera déposé en production bientôt. L’idée d’un long-métrage lui trotte également dans la tête: elle aimerait écrire un film lumineux sur son handicap. Nouvellement tante, elle se lance aussi dans la littérature jeunesse : «Matante roulante » paraîtra chez les Éditions Flammarion. «Je ne veux pas que ma paralysie me paralyse». Surveillez-la bien: première cinéaste en fauteuil roulant au Québec, rien n’arrêtera Jeanne Carrière d’avancer: «J’ai tellement hâte de faire du cinéma sur quatre roues!»

Jeanne Carrière, en compagnie de Élizabeth Dumouchel de Films Laurentides, au Festival REGARD le 25 mars dernier. Jeanne espère tourner son film dans Argenteuil. -photo courtoisie

MARIE-CLAUDE HÉNAULT nouvelles@eap.on.ca

en début de carrière. Le grand prix, d’une valeur de 130 000$, assure la production de son film, soit le financement pour le tournage, de même qu’une longue liste de prêts et services couvrant les besoins d’une production. Cours écrire ton court est un concours qui s’adresse aux scénaristes émergents de tous âges. Cette année, c’est 75 scénarios qui ont été soumis et sept qui ont été sélectionnés. Les finalistes ont pu être accompagnés durant 2 mois par des conseillers à la scénarisation afin de peaufiner leur texte. Ils ont participé à des sessions de développement créatif, durant quelques jours, à Québec, à Montréal, puis au Saguenay: ateliers, lectures en groupe, échanges, commentaires, réécriture. Un travail intensif et enrichissant, durant lequel

Après avoir été présente dans plusieurs médias il y a à peine un mois à cause d’une opération novatrice qui lui redonne l’usage de ses mains, voilà que Jeanne Carrière se retrouve de nouveau devant les caméras: cette fois c’est son grand talent et sa créativité qui font les manchettes. La Lachutoise a remporté, le 25 mars dernier, le grand prix Cours écrire ton court pour son scénario BIGFOOT, remis lors du Festival REGARD, au Saguenay. Décerné par la SODEC, en collaboration avec les Rendez- vous Québec Cinéma, le Festival REGARD et la SARTEC, il s’agit du prix le plus prestigieux qu’elle pouvait espérer pour une cinéaste

DEUX EXPOSITIONS AU CENTRE D’ART

RÉDACTION EAP nouvelles@eap.on.ca

aura lieu le 31 mars de 16 à 19 heures. Une vidéo qui documente la création des œuvres accompagne l’exposition. Le 8 avril, c’est au tour des étudiants des trois écoles secondaires d’Argenteuil de présenter le concours annuel de photos Ma Région en images. Cette exposition est coordonnée par Éric Poulin qui se dit émerveillé par la qualité des photos qui s’améliore chaque année. Le vernissage se tiendra le 8 avril; l’exposition dure jusqu’au 14 mai. Le public est appelé à voter pour les meilleures photos.

Le Centre d’art d’Argenteuil propose du 31 mars au 1 er avril une exposition intitulée Interconnexion. Il s’agit de quatorze gravures sur bois réa- lisées par 7 artistes de la région du Pontiac. Les œuvres offrent la particularité d’être de format hors norme. Pour donner une idée de leur taille, elles ont été imprimées en plein air à l’aide d’un rouleau compresseur de 5 tonnes en guise de presse. Le vernissage

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