WEB_ALLONS 1-20 ISLAM

SERVE AND MULTIPLY 1/2020 A M S g l o b a l Aons

ISLAM

Pris sur le vif

Sommaire

Fenêtre sur l’islam ÉDITORIAL

ISLAM

UN MOIS TOUT SPÉCIAL Il est cinq heures du matin et un bruit de vaisselle me réveille. Pourquoi les voisins sont-ils levés si tôt ? Ah oui, le mois du ramadan a commencé. Chacun profite du petit-déjeuner, car entre le lever du soleil vers 6h00 et son coucher vers 19h30, les musulmans renoncent à manger et à boire, ceci durant trente jours. Durant cette période, plusieurs voisins m’apportent chaque matin une à deux bouteilles d’eau afin que je les mette au frais pour eux. Aucun d’eux ne possède de réfrigérateur. J’inscris les noms sur les bouteilles et les dépose dans le mien. Le soir après 19 heures, un enfant après l’autre défile pour venir récupérer la bouteille de sa famille. La joie d’avoir de l’eau fraîche est chaque fois très grande. Cela permet de mettre fin au jeûne de la journée. Je prie pour que toutes ces personnes puissent un jour se réjouir de la même manière en Jésus, qui of- fre l’eau de la vie. Rien boire par 40 degrés à l’ombre Les premiers jours, les gens sont très motivés à respec- ter le jeûne. Les enfants à partir de 12 ans environ y par- ticipent aussi. Mais avec le temps, le travail quotidien devient de plus en plus difficile. Rien de surprenant par 40 degrés à l’ombre. Même les plus petits enfants ne re- çoivent plus chaque jour leur repas de midi. Par la force des choses, ils doivent également attendre jusqu’au soir… ou alors ils passent me voir et me réclament du pain et du lait. Réussi ! Comme ils se réjouissent tous lorsque les trente jours ar- rivent à leur terme. A la fin du mois de jeûne se déroule une grande fête. Pour cet événement, tous s’achètent de nouveaux vêtements et chaussures qu’ils portent fiè- rement. Les enfants reçoivent également des lunettes de soleil et une montre en plastique, les cheveux des fil- les sont tressés de façon magnifique. Quel jour de fête ! A partir de midi se déroule un repas richement garni. Et durant la journée, on peut à nouveau écouter de la musique. Je me pose chaque année la question : « Quelle serait l’attitude de Jésus face à ce mois de jeûne ? »

En Europe la question de l’islam et ce qui s’y rat- tache occupe beaucoup de place dans l’espace médiatique ces dernières années. Depuis les va- gues d’immigration de cette décennie, on ren- contre bien plus souvent des musulmans. Cela ne nous laisse pas indifférents, c’est même un sujet de conversation, de préoccupation. Très vite d’ailleurs les émotions font surface... Les uns font preuve de compassion avec ces pau- vres migrants, certains se fâchent à cause de ces « profiteurs et fauteurs de trouble », d’autre en- core s’inquiètent, ne sachant pas vraiment quoi penser et finalement, quelques-uns, malheureu- sement, sont dans le deuil à cause de proches, victimes d’attentats terroristes. Cependant, en tant que chrétiens, nous pouvons malgré tout appréhender cette nouvelle réalité dans nos pays européens comme une opportu- nité extraordinaire, unique dans l’histoire, d’aller vers des personnes d’un autre peuple que l’on n’aurait jamais pu rejoindre autrement. Certains de ces musulmans ont eux-mêmes été victimes de drames, ont eux-mêmes perdu des proches et ont dû fuir en espérant trouver en Europe un pays où ils pourraient refaire leur vie. Beaucoup à cause de leur situation désirent réellement s’intégrer et se faire de nouveaux amis. Eton- namment, ils se montrent plus souvent qu’on ne le pense, ouverts et curieux, lorsqu’ils ren- contrent des croyants chrétiens, chez lesquels ils trouvent un certain nombre de similarités. J’ai fait la connaissance ces dernières années de plusieurs familles de migrants avec qui j’entretiens des relations amicales. J’ai été surpris par leur amabilité et leur hospitalité et lorsque nous partageons un repas ensemble, c’est eux qui me demandent de prier pour remercier Dieu et me montrent beaucoup de respect. Plusieurs fois ils sont venus à l’église et la dernière, ce fut pour la fête de Noël. Avec cet ALLONS, nous aimerions ouvrir une fenêtre afin de nous encourager à élargir nos cœurs plus grandement. Dans ce numéro vous prendrez connaissance de faits intéressants sur l'islam et de quelle place occupe Jésus dans le Coran. Certains de nos collaborateurs racontent comment ils vivent leur implication auprès des musulmans dans leur pays d’engagement, des témoignages enrichissants et des statistiques étonnantes vous attendent. Bonne lecture

Christophe REIFSTECK responsable dép. Europe Francophone

1/2020

Daniela SEITZ ActionVIVRE Nord, Guinée

PS : Page 23, une brochure gratuite, très utile : Ensemble à la rencontre des musulmans.

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Notions de base de l'islam

Les cinq piliers de l’islam

Plus qu’une religion L’islam est davantage qu’une religion au sens occidental. Un musulman appartient de sa naissance à sa mort à la famille mondiale islamique, nommée « umma ». L’islam fait partie de l’identité et de l’appartenance nationale ; il est d’autre part une compréhension du monde qui inclut tous les secteurs de la vie, y compris les habitudes alimen- taires, le style de vie, la culture et la politique.

CONFESSION DE FO i

shahada, prononcée deux fois, elle suffit à la conversion

AUMÔNE JEÛNE PRIÈRE

salat, cinq fois par jour

Le Coran Le Coran est l’écriture sainte de l’islam. Il est composé de 114 chapitres nom- més sourates et rédigé en prose poétique arabe. Contrairement à la Bible, le Coran n’est pas structuré de manière chronologique et thématique, mais d’après la longueur des diverses sourates : la sourate d’introduction est d’abord suivie de la plus longue, ensuite de toutes les autres en longueur décroissante et de la plus courte à la fin. Cela complique une lecture suivie et une ordonnance des événements dans le temps.

zakat, 2.5% du revenu

saum, toute la journée pendant le mois de jeûne du ramadan qui se dé- place chaque année dans le calendrier hadj à La Mecque, si possible au moins une fois dans sa vie

PÈLERINAGE

Les cinq piliers sont les règles principales pour un musulman et, pour les musulmans croyants, les suivre est une évidence.

Mahomet Mahomet, appelé aussi Muhammad ou Mohamed, est le fondateur de l’islam, qui le considère comme un prophète et un envoyé de Dieu. Il a vécu de 570 à 632. Sa vie peut être divisée grosso modo en deux tranches qui comprennent des enseignements différents :

Définitions

Histoire de Mahomet

• L’islam est la religion qui unit les croyants musulmans. Islamique et musulman sont les adjectifs correspon- dants.

619 Mort de Khadidja ; Maho- met devient polygame 622 Migration de Mahomet et de ses fidèles vers Médine (hégire) ; la prière est orientée en direction de La Mecque 624 Mahomet bat les troupes de La Mecque dans la bataille de Badr 630 Retour à La Mecque et prise de contrôle sur le centre de pèlerinage de la Kaaba et de l’islam

801 Le roi des Francs Charlemagne recon- quiert Barcelone 1095-1272 Huit croisades, occupation de Jérusa- lem par les croisés 1453 Conquête de Constan- tinople par les Turcs 1683 Les Turcs assiègent Vienne (Autriche)

632 Mort de Mahomet 632 Toute la péninsule arabe sous domination islamique 638-715 Conquête de Jérusalem, Syrie, Mésopotamie, Kairouan (Tunisie), Afrique du Nord, pénin- sule espagnole et Inde 732 Victoires du roi des Francs Charles Martel à Tours et Poitiers

Temps à La Mecque (610-622) •

• Musulman ou mahométan (ancien) sont les adeptes de l’islam.

Mahomet est un prédicateur solitaire du monothéisme Attitude positive envers les juifs, les chrétiens et la Bible Tolérance vis-à-vis des autres croyants Mahomet est un guerrier à succès Attitude négative vis-à-vis des juifs, des chrétiens et de la Bible Stratégie missionnaire agressive et déclaration de la guerre sainte (djihad)

570 Naissance de Mahomet à La Mecque 576 Mahomet devient orphelin 579 Mariage avec Khadidja, une riche commerçante 610 Début des visions et des enseignements 615 Migration de ses adeptes vers l’Ethiopie

• La mosquée est le lieu de culte des musulmans. Ils s’y retrouvent pour la prière, les lectures, prédications et des événements de la vie sociale. Les femmes et les hommes prient séparément. Beaucoup de mosquées ont un ou plusieurs minarets : une tour ou tribune su- rélevée pour l’appel à la prière. • En plus du Coran, l’islam reconnaît plusieurs écrits im- portants : les hadîth sont les traditions des paroles et des actions de Mahomet (aussi appelés sunna). La sîra (pluriel : siyar) est une biographie deMahomet. Il existe plusieurs versions des hadîtes et de la sîra. • La charia est l’ensemble des principes juridiques isla- miques. Le droit islamique est basé sur le Coran, les sunna (hadîth), l’ijmâ’ (concensus) et le qyiâs (analo- gie).

Temps à Médine (622-630) •

L’ancêtre Abraham Ismaël, le fils d’Abraham et de sa servante Agar, est donc le demi-frère d’Isaac ; il est considéré comme ancêtre de tous les Ara- bes et ainsi de tous les musulmans. Pour cet- te raison, certains chrétiens parlent de « cou- sins » quand ils évoquent les musulmans, puisque les chrétiens et les musulmans ont le même ancêtre. L’avantage de cette dési- gnation est que cela induit une autre atti- tude de cœur quand on parle de cousins au lieu de musulmans.

• L’islamisme (islamiste pour la personne) est le cou- rant fondamentaliste et militant de l’islam.

• Le djihad (ou jihad) signifie littéralement « effort ». Dans l’islam traditionnel, ce concept est utilisé dans un contexte militaire. L’islam chiite et les auteurs sunnites modernes distinguent le petit djihad (mili- taire), qui décrit la « guerre sainte » ayant pour but de répandre l’islam, du grand djihad (intérieur), « l’effort » à faire pour combattre les désirs intérieurs. • Les règles du Coran sur l’habillement des femmes peuvent être interprétées de différentes manières. Certaines femmes musulmanes ne portent rien sur leur tête, alors que d’autres ont soit un hijab (foulard qui couvre les cheveux, le visage restant libre), un tchador (tissu foncé qui va de la tête aux pieds, le visa- ge restant libre), un nikab (voile qui recouvre presque entièrement le visage, les yeux restant libres) ou une burka (voile complet, les yeux sont couvert d’un filet).

Courants religieux et

interprétations dans l’islam

Les musulmans dans le monde De nos jours, les musulmans sont environ 1.5 milliard à travers le mon- de. La plupart des musulmans vivent dans les pays suivants* : Indonésie : 219 960 000 (87.1 %*) Inde : 194 810 000 (14.9 %*) Pakistan : 184 000 000 (96.4 %*) Bangladesh : 144 020 000 (90.6 %*) Nigéria: 90 020 000 (50.0 %*) Egypte : 73 000 000 (95.31 %*) Iran : 77 650 000 (99.5 %*) Turquie : 75 460 000 (98.0 %*) Algérie : 37 210 000 (97.9 %*) Irak : 36 200 000 (99.0 %*)

Interprétations Sunnites : enseignement majoritaire selon le Coran et la tradition Salafites : enseignement orthodoxe selon le Coran et la tradition, interprétés par Mahomet et les quatre premiers califes Wahhabites : interprétation saoudienne du salafisme Chiites : enseignement minoritaire selon le Coran, la tradition et le point de vue ésotérique de l’imam Soufis : majoritaire en Afrique et Asie du sud, orientation mystique de l’islam, derviches tourneurs en Turquie

Courants (selon Henri Boulad) Islam libéral : musulmans nominaux Islammystique : islam soufiste Islampopulaire : islammêlé d’animisme (croyance aux esprits) Islam d’Etat : p.ex. islam saoudien, turc, marocain Islam radical par stratégies persuasives Islam révolutionnaire violent (p.ex. frères musulmans, chiites iraniens, EI)

Dr Hannes WIHER, ancien collaborateur en Angola et Guinée

* de la population Sources : Operation World, Pew Research Center

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l’islam dans nos pays d’engagement

Dans la plupart de nos pays d’engagement africains, lamajorité de la population est musulmane. L’islam est également très répandu dans une partie de l’Asie. Parmi les plus de 1.5 milliard de musulmans du monde entier, la diver- sité des personnes est grande : fanatiques extrêmes, croyants modérés et tolérants, musulmans pieux et adhérents de nom, dont certains sont pratiquement athées. Les chiffres suivants sont donc à considérer avec prudence, car tous ceux qui s’appellent hindous, musulmans ou chré- tiens sont comptés comme tels, à l’image de ce qui se passe souvent en Europe.

C’est ce que nous avons demandé à quatre de nos collaborateurs qui travaillent dans des pays musulmans. l'islam?

Comment vivez-vous avec

Pourquoi avez-vous à cœur de vous engager dans un pays musulman ? Timo : C’est surtout l’ethnie des Peuls qui me tient à cœur. Plus de 40 millions de Peuls vivent dans toute l’Afrique de l’Ouest. Etre mu- sulman fait partie de leur identité. Je trouve remarquable que la foi puisse imprégner aussi fortement une ethnie. Pour moi, il est donc nécessaire de connaître l’islam, afin de comprendre les traditions et les façons de penser des Peuls. Tobias : Nous n’avons pas choisi particulièrement un pays musul- man. Dieu aime tous les hommes et nous sommes donc partis avec le désir de montrer et partager cet amour aux hommes. Anne-Marie : Lorsque la question de partir à l’étranger s’est po- sée pour moi, j’ai dit à Dieu que j’étais prête à aller n’importe où, sauf dans un pays musulman. Quand le Tchad s’est avéré ressortir de plus en plus comme le pays où je pourrais m’engager, Dieu m’a offert de l’amour pour les musulmans et Il a ôté mes craintes. Je suis toujours impressionnée de la façon dont ils prennent leur foi au sérieux et s’investissent afin de pouvoir éventuellement parvenir au paradis s’ils accomplissent suffisamment de bonnes œuvres. Voilà pourquoi j’ai à cœur de leur transmettre la Bonne Nouvelle. Agathe : Quand je suis partie il y a quelques années, une propor- tion importante des collaborateurs était engagée là où il y avait déjà des églises, mais il y en avait très peu parmi les peuples non-atteints. C’était donc une de mes motivations pour aller au Tchad.

CAMEROUN

GUINÉE

TCHAD

INDE

Habitants

env. 12.5 millions

env. 25 millions

env. 15.5 millions

env. 1 368 millions

Quel est le rôle de la foi dans le quotidien ? Avez-vous un exemple à nous partager ? Tobias : Ici en Guinée, Dieu est intégré de façon beaucoup plus concrète dans le quotidien et Il par- ticipe à ce que l’on vit. Il n’y a aucun doute que Dieu influence ce qui se passe. Dans les discussions, on en vient très vite à parler de Lui. Timo : Ce sont surtout les temps de prière qui sont très marquants. L’après-midi, presque tout le mon- de y participe. Si aucune mosquée ne se trouve à proximité, alors on prie au milieu de la rue. Lors du retour d’une visite auprès d’une autre équipe, nous sommes passés à côté d’un chantier. Deux ouvriers étaient justement à genoux et priaient. Au milieu du chantier et en pleine saison des pluies ! Sinon, ce sont surtout le jeûne et les fêtes qui mar- quent le quotidien, ainsi que certains aspects de la façon de vivre, comme la polygamie ou le rôle de chaque sexe. Ces sujets reviennent sans cesse dans les discussions. Mais de façon générale, j’ai l’impression qu’il s’agit moins de convictions per- sonnelles que de traditions des Peuls en lien avec les musulmans. Anne-Marie : J’ai l’impression que pour beau- coup, la foi est avant tout liée à des règles : pronon- cer les prières rituelles, respecter le ramadan, faire de bonnes œuvres et se rendre à la Mecque si la situa- tion financière le permet. Agathe : Pour les gens que je côtoie, la foi fait par- tie de la vie, du quotidien. Ce n’est pas une affaire privée. Mes voisins parlent naturellement de Dieu, même la salutation habituelle Le mentionne. Un jour, avant un de mes voyages en Europe, une amie m’a demandé : « Agathe, est-ce que c’est vrai que là- bas, il y a des gens qui ne croient pas en Dieu, qui disent que Dieu n’existe pas ? » J’ai répondu : « Oui, il y en a même beaucoup qui pensent ainsi. » « Mais comment cela se fait-il que là-bas, où tout le monde va à l’école et étudie, il y ait des gens qui ne croient pas en Dieu ? Chez nous, tout le monde, même les petits enfants, sait que Dieu existe ! »

Arabe, français, env. 130 langues locales

Français, 34 langues locales

Hindi, anglais, env. 420 autres langues

Français, anglais, env. 270 langues locales

Langues

Hindous Musulmans Chrétiens

4.5% (0.56 million)

44% (6.82 millions)

69.2% (17.29 millions)

2.3% (31.5 millions)

88% (10.55 millions)

53% (8.21 millions)

20.9% (5.22 millions)

14.2% (194 millions)

79.8% (1 090 millions)

*Sources : OperationWorld, Wikipedia

L’islam en Guinée La Guinée compte plus de 30 ethnies musulmanes. Les trois plus importantes sont les Peuls ou Fulbe, autrefois nomades et qui ont propagé l’islam en Guinée, les Soussous et les Malinkés. Beaucoup de musulmans sont par principe tolérants, estimant qu’en fin de compte, croire au Dieu de la Bible ou du Coran revient au même. Globalement, les mu- sulmans et les chrétiens coexistent pacifiquement. Malheureusement, des tendances extrémistes se font de plus en plus sentir. Ceux qui commencent à suivre Jésus subissent souvent des persécutions. Pour l’instant, très peu de personnes ont eu ce cou- rage. L’islam au Tchad L’islam est arrivé au Tchad par la route des carava- nes dès le 11 ème siècle et il s’est considérablement répandu. Alors que les musulmans d’origine ara- be pratiquent leur religion de manière stricte, les « montagnards » sédentaires et les Peuls y ajoutent des éléments animistes. Par les activités marchan- des et l’affectation de fonctionnaires musulmans, l’islam s’est aussi répandu dans le sud du pays mar- qué par le christianisme. Récemment, une minis- tre chrétienne a refusé de prêter serment au nom « d’Allah le Tout Puissant ». Un général de confes- sion musulmane, présent sur les lieux, a été asser- menté à sa place sans autre forme de procès. Cet incident montre que la polarisation augmente aus- si au Tchad. L’islam au Cameroun La plupart des cinq millions de musulmans du Ca- meroun vivent dans le nord du pays, précisément

là où notre organisation partenaire a le plus grand nombre d’églises. Le nord-ouest du Cameroun tou- che le nord du Nigéria, un fief du groupe extrémis- te Boko Haram. Depuis 2014, ces gens enclins à la violence commettent aussi des agressions au Ca- meroun, ils y ont déjà fait près de 12 000 victimes. Beaucoup de jeunes musulmans sans perspective de travail et sans nourriture suffisante se laissent appâter par la promesse d’un lopin de terre et de la prospérité. La violence a contraint des dizaines de milliers de personnes à prendre la fuite. Nombre de musulmans modérés commencent à remettre en question leur religion et cherchent la vérité. L’islam en Inde L’islam est arrivé très tôt en Inde. Le sultanat de Delhi (1206-1526) et l’empire Moghol (1526-1858) ont particulièrement marqué cette religion. L’ère coloniale britannique leur a succédé jusqu’en 1947. Les régions majoritairement musulmanes du Pakis- tan et du Bangladesh ont été ensuite séparées de l’Inde. Les 200 millions de musulmans du pays for- ment une petite minorité harcelée par la majorité hindoue.

Agathe, ProRADJA', Tchad

Jürg PFISTER (responsable pour la Guinée)

Andreas ZURBRÜGG (responsable pour le Tchad et le Cameroun)

Hans STAUB (responsable pour l’Inde)

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Quelles sont les réactions des mu- sulmans quand vous dites que vous croyez en Jésus ? Tobias : Elles sont généralement positi- ves. On peut parler ouvertement de notre foi avec eux et ils s’intéressent à nos points de vue, même s’ils ne partagent pas tou- jours notre opinion. Timo : On attend d’un Blanc qu’il soit chrétien. Dès lors, les gens ne sont pas par- ticulièrement surpris. Anne-Marie : Les réactions sont variées. Certains essaient de me convaincre que l’islam est la bonne religion, d’autres mon- trent de l’intérêt et posent des questions. Beaucoup disent à la fin : « Nous croyons presque la même chose. » La plupart ac- ceptent volontiers lorsque je propose de prier au nom de Jésus pour leurs bébés ou pour une situation difficile. Mais lorsque je dis que pour moi, Jésus est plus qu’un pro- phète, Celui dont j’ai obtenu le pardon, cela devient plus difficile. Agathe : La plupart des musulmans con- naissent Jésus, mais ils disent qu’Il est sim- plement un grand prophète, le fils de Ma- rie. C’est ce qui est écrit dans le Coran.

Avez-vous déjà eu peur en relation avec la foi ?

Tobias : Non. Ceux qui se détournent de l’islam doivent cependant s’attendre à des sanctions. Timo : Nous n’avons pas vécu d’extrémisme en Guinée. Les personnes qui se détournent de l’islam et reconnaissent une autre foi sont exclues, mais on est ouvert à notre égard. Toutefois, beaucoup prennent conscience ici que le wahabisme, une variante très stricte de l’islam, progresse. On voit chez nous également de plus en plus de femmes portant un voile complet. C’est un signe que l’extrémisme pourrait progresser. Anne-Marie : Non. Agathe : Dans ce pays qui a déjà subi des attaques de Boko Haram, nous connaissons les dangers. Cela fait mal de voir des petits enfants à qui on fait répéter des versets du Coran sous la menace d’une arme. Mais en général, les musulmans nous respectent, nous « les gens du Livre ».

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Anne-Marie, Bakan Assalam, Tchad

Comment vivez-vous l’islam ? Tobias : Nous vivons ici dans une société qui suit un islam modéré. Timo : Je ne suis pas surpris que l’islam se soit répandu en Afrique : il s’accorde très bien avec la culture de la honte et de l’honneur. Il ne s’agit pas de juste ou faux, mais de statut, de respect et d’honneur. On n’a pas l’habitude de remettre les choses en question. Les gens suivent souvent les règles de l’islam sans se poser de question. Dans les écoles, on enseigne avant tout aux enfants qu’ils doivent ap- prendre la matière par cœur. Il ne s’agit pas de comprendre ou de ré- fléchir. L’islam transmet ses principes de la même façon : les musul- mans doivent apprendre le Coran et ses traditions par cœur. Anne-Marie : Ici, l’islam est souvent lié à l’animisme et donc à des pratiques occultes. Lorsqu’un musulman choisit de suivre Jésus, il est soumis à une forte pression de la part de sa famille et de la société. Parfois il doit encore s’attendre à d’autres conséquences.

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Tobias, ActionVIVRE Nord, Guinée

Quelles expériences particulières avez-vous déjà vécues ? Tobias : Dans la culture de notre pays, il est important de se bénir mutuellement. Si nous appliquons cela et les bénissons, ils sont heureux. Si je propose de prier pour des blessés, ils sont globalement ouverts, reconnaissants et se réjouissent. Timo : J’ai passé ma première semaine en Guinée dans un petit village. Un maî- tre d’apprentissage de l’atelier avait reçu un ordinateur portable sur lequel étaient enregistrés des films chrétiens. Un soir, il a commencé à regarder le film « Jésus ». De nombreux jeunes musulmans se sont approchés et ont suivi avec intérêt. Le maître d’apprentissage a dit qu’ils aimaient regarder ce film régulièrement. Même s’il s’agit peut-être simplement de l’opportunité de voir n’importe quel film, j’ai été surpris que quelque chose de chrétien puisse être montré sans problème et que Jésus semble fasciner les jeunes. Anne-Marie : Dans notre club pour enfants, j’ai vécu quelques expériences qui m’ont touchée. La fille de nos voisins, âgée de neuf ans, est venue au club. La fois suivante, elle est revenue avec un œil au beurre noir. Elle a expliqué avec un regard triste que ses parents l’avaient battue lorsqu’ils avaient appris où elle était allée. Elle est pourtant revenue encore plusieurs fois. Beaucoup d’enfants aime- raient bien venir, mais leurs parents le leur interdisent. J’ai également été touchée par les trois filles qui m’ont priée avec insistance de réciter le credo musulman, sans quoi je finirais en enfer. J’ai ressenti qu’elles m’aimaient et qu’elles voulaient mon bien ! Agathe : Dieu donne à certains musulmans des rêves, des visions durant les- quelles Il se révèle à eux. Il touche aussi les gens au travers de portions de la Parole de Dieu ou de vidéos. C’est un encouragement de voir cela.

A quel point ce que vous voyez sur place correspond-il à l’image que vous vous faisiez de l’islam et des musulmans avant de partir ? Tobias : Ce sont des gens qui craignent Dieu, qui recherchent Sa volonté et qui tentent de Lui plaire par leurs actions. Timo : On constate qu’ici, les musulmans ne connaissent pas bien leur religion. Dès leur enfance, on leur apprend ce qui est écrit dans le Coran, mais ils ne reflè- tent pas vraiment cela. Nous expérimentons souvent qu’à travers nos lectures, nous sommes mieux informés qu’eux. J’ai remarqué qu’ici, les connaissances précises de l’islam ne jouent pas un grand rôle. Anne-Marie : Je faisais un lien entre islam et violence, terrorisme et attaques, mais ici je n’ai encore jamais rien vécu de tel. Les gens sont ouverts, hospitaliers et prêts à aider. Agathe : Avant de partir, j’avais des clichés, des idées toutes faites, mais depuis que je suis sur place, je ne vois plus seulement l’islam comme un bloc ou un système, mais je vois des personnes, des voisins, des mères de familles qui se démènent pour nourrir et soigner les enfants, des parents d’élèves qui cherchent le bien de leurs en- fants, des malades… bref, des gens qui ont finalement les mêmes préoccupations que vous et moi. Alors s’ouvrent les portes pour partager notre quotidien.

Timo, ActionVIVRE Sud, Guinée

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Comment entrer

Un prix élevé Une de nos organisations partenaires en Inde exerce diverses ac- tivités parmi des personnes d’origine musulmane. Il y a par exem- ple des séminaires pour les personnes intéressées, des cours d’approfondissement et le débat télévisé « Haqeeqat », qui aborde des questions en rapport avec l’Islam. L’un de ses collaborateurs par- tage son vécu. Je m’appelle P. et je viens d’une ville de la vallée du Cachemire, au nord de l’Inde. J’ai grandi dans une éminente famille musulmane orthodoxe et j’ai trouvé la foi en Jésus en 2006. Ma vie jusque-là était passablement abîmée, marquée par l’alcool, la fumée, les jeux d’argent, les fêtes et bien plus encore. Mais Dieu avait un plan excellent pour ma vie ! Un miracle et ses conséquences En 2005, j’ai épousé A. et c’est par elle que j’ai connu Dieu. Elle a décou- vert la foi en Jésus en 2004, par un miracle dans la vie de sa nièce âgée de 4 ans. Cette fille avait un trou au cœur et ses parents ont essayé tous les traitements médicaux possibles, sans arriver à une vraie guérison. Ils ont fait la connaissance d’un pasteur du Cachemire qui leur a parlé de Jésus et a décidé de jeûner et prier pour la fillette. Elle a été complètement guérie dans un délai de deux mois, ce que même les médecins ont confir- mé. A. a commencé à chercher Dieu et m’a parlé de cet événement. J’étais très étonné et je lui ai dit que j’aimerais en savoir plus sur cet Isa (le nom de Jésus dans le Coran) qui fait encore des miracles aujourd’hui. Elle m’a donc mis en contact avec ce pasteur qui m’a expliqué la Bonne Nouvelle et prié pour moi. Sa prière a provoqué un grand changement dans ma vie et m’a rapproché de Dieu. Une tâche difficile Ma famille et mon environnement l’ont appris rapidement, commençant à poser des questions, à m’exclure et à me battre à cause de ma nouvelle foi. Ils ont même menacé de me tuer ainsi que ma femme. Une fatwa, une condamnation religieuse obligatoire par un clerc islamique, stipulant que nous devions être tués en raison de notre apostasie de l’islam, a été émi- se contre nous. Après avoir consulté le pasteur, nous sommes allés dans une école biblique d’une ville voisine. Mais après deux mois mes parents l’ont découvert et le pasteur a aussi commencé à avoir des problèmes. Nous avons réussi à entrer dans une école biblique d’un autre état fédéral et sommes revenus au Cachemire après nos études, car je voulais aider d’autres à y annoncer l’Evangile. Pour autant que je sache, il n’y a person- ne qui connaisse Jésus dans 16 des 22 districts du Cachemire. Je ne renoncerai pas Mes parents ont néanmoins découvert où nous étions et ils nous ont invi- tés très aimablement chez eux. Mais le lendemain, nous avons été battus et sommes restés enchaînés pendant plusieurs jours. Un jour j’ai vu que ma belle-mère, qui logeait pour quelque temps dans la même maison, donnait du poison à sa propre fille. J’ai commencé à crier, mes chaînes ont été détachées et j’ai conduit ma femme à l’hôpital en taxi. Elle ne pouvait plus bien respirer ni rien boire. J’ai dit aux médecins que sa mère lui avait donné du poison. La police a aussi été informée, des rapports rédigés mais rien n’a été fait pour sauver ma femme ou arrêter quelqu’un. Mon épouse est morte après 24 heures. J’ai décidé de marcher avec mon Dieu et de ne pas L’abandonner. Je sais qu’Il est mon Sauveur et que A. est maintenant auprès de Lui.

en conversation ?

J’ai travaillé dans le nord du Cameroun pendant plusieurs décennies et de par mon travail, j’ai été en contact cons- tant avec les musulmans. Pour moi, la langue était souvent une grande bar- rière : je n’aurais pu vraiment appro- fondir ma communication avec eux qu’avec une bonne connaissance du mandara, du kanouri, de l’arabe choua ou du fulfuldé, des langues complète- ment différentes les unes des autres. J’ai été heureuse de voir plusieurs col- lègues interculturels et locaux de l’équipe commencer à s’investir plus intensément pour établir des contacts avec ces gens et je les ai soutenus dans la prière. J’ai éga- lement fourni du matériel aux aumôniers et leur ai donné des formations. J’ai aussi pu prier avec des patients, ce qu’ils ont généralement accepté avec plaisir. Beau- coup ont pu dire : il existe quelqu’un qui se soucie de moi et qui est plus fort que mes peurs et mes soucis. Le travail mé- dical lui-même, le fait que nous étions là et que nous apportions une aide si concrète, était aussi un témoignage fort. Pourtant, j’ai toujours eu le désir de parler davantage de ma foi avec les musulmans. Raconter sa propre vie Les Orientaux et les Africains sont beau- coup plus religieux que nous, peuples « éclairés » du monde occidental, qui croyons que la religion est une affaire

privée. Ils ne peuvent pas comprendre que nous voulions être « neutres » et que nous excluions la religion de nos conver- sations. Néanmoins, tant en Afrique qu’en Allemagne, je n’ai jamais trouvé facile de discuter de la foi avec les musulmans. Les idées se suivent et c’est toujours moi qui me retrouve à court d’arguments en premier, simplement parce que je con- nais trop peu le Coran. Mais j’ai remarqué que si je ne fais que transmettre ce que j’ai vécu avec Dieu, dire ce que Jésus si- gnifie pour moi, alors les gens viennent à réfléchir et à poser des questions. Avec Al Massira* (« le parcours »), j’ai trouvé un grand instrument pour thématiser le plan de Dieu pour nous les humains d’une manière culturellement adaptée, claire et respectueuse, sans déclencher des débats insensés. Ici en Allemagne, nous travail- lons avec Al Massira parmi les migrants venus d’Orient. Le cours a également sus- cité un grand intérêt au Cameroun. Je suis heureuse de pouvoir aider à la formation des Africains, afin qu’ils puissent vivre ce parcours avec leurs amis et voisins. Une nouvelle ouverture « grâce » à Boko Haram ? Dans l’extrême nord du Cameroun, beau- coup de choses ont changé à cause de la terreur du groupe islamique Boko Ha- ram. Certains ne veulent pas assigner ce groupe à l’islam, d’autres sont déçus et se

demandent pourquoi tant de souffrances sont causées au nom de la religion mu- sulmane. Quelques-uns commencent à réfléchir sérieusement. Il y a environ deux ans, au Cameroun, j’ai rencontré A., un ancien maître du Coran. Lors d’une grave maladie, il était devenu de plus en plus dépressif, parce qu’il ne trouvait rien dans le Coran qui lui mon- tre comment atteindre le paradis avec certitude. Dans un hôpital chrétien il a pu acheter une Bible, la lire pendant des jours et des nuits et trouver des réponses à ses questions : « Il existe un chemin vers Dieu, nous pouvons avoir une certitude, par Jésus ! » Cela a complètement changé sa vie. Il s’est rétabli et a transmis ses nou- velles connaissances et sa joie, ce qui lui a valu une certaine hostilité. Sa femme n’a pas supporté la pression de l’extérieur et l’a quitté, emmenant leurs enfants. Il est resté inébranlable et aujourd’hui sa vie est un grand encouragement pour ceux qui cherchent la vérité.

Hanna WEIBERLE a travaillé au Cameroun et soutient maintenant les projets par des visites régulières et prolongées.

*voir www.almassira.org/fr

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Le danger existe,

Dans un projet de recherche, Benjamin Josi se penche sur la question de savoir pourquoi des musulmans se décident à suivre Jésus. Les résultats sont passion- nants. « L’islam n’est pas avant tout une religion, mais une communauté. Il y a certainement des aspects religieux, mais l’accent principal n’est pas mis sur cela. Il est plutôt sur l’aspect social », écrit Benjamin Josi dans son livre « Tu seras une bénédiction ». B. Josi vit et travaille dans les pays musulmans depuis plus de deux décennies. « Un musul- man naît musulman et toute son identité est définie par ce fait, que l’individu le veuil- le ou non. » Sa vie, de sa naissance à sa mort, se déroule au sein de la communauté musulmane. La communauté est responsable de résoudre ses problèmes, de l’aider à trouver un endroit pour étudier, un emploi et un conjoint, d’apporter son aide en cas de maladie ou de difficultés économiques. Tout doit être fait pour maintenir cet- te structure sociale en harmonie. « (…) Quitter cette communauté n’est jamais une option pour la plupart des musulmans. Celui qui veut en sortir devient un traître. (...) Toute sa vie en dépend, et s’il veut s’en sortir, il risque de perdre toute proximité avec sa famille, toute sécurité économique, et parfois même sa vie. »

mais Dieu aussi !

Jésus – (pas) un thème dans le Coran ?

Depuis 2004, SAM global soutient l’union d’églises évangéliques EE/SIM au Burkina Faso, dans la formation de collaborateurs transculturels. A la fin de leurs études, ces étudiants sont en- voyés par la direction de l’église dans tout le pays pour y servir la population. Certains partent dans ce qu’on appel- le les « zones rouges », des régions do- minées par des groupes islamistes. Le pasteur Albert Yonli est le président de l’EE/SIM, comptant 950 communautés et 152 000 membres. Il nous raconte com- ment il vit ce qui se passe actuellement dans son pays. Au Burkina Faso, nous nous sentions au- trefois tous liés et apparentés. C’est bien sûr un peu exagéré, mais ce sentiment d’appartenance collective était bien le ci- ment de toute la cohésion sociale. Les dif- férents groupes ethniques entretenaient de bonnes relations, imprégnées de respect et de liberté. Le « pays des hommes intègres », signification de son nom, était fier de cette culture du vivre-ensemble pacifique entre animistes, musulmans et chrétiens. Person- ne n’a vu le danger arriver. Menaces, enlèvements et meurtres Depuis 2016, la situation se détériore ra- pidement. L’est du pays est devenu le bas- tion des islamistes fondamentalistes. Des groupes armés harcèlent les civils, enlèvent les uns et assassinent les autres, brûlent des écoles et menacent de mort les ensei- gnants. En janvier 2019, plus de 1 000 écoles ont été fermées (150 000 élèves), ainsi que quatre dispensaires. Les cibles sont diver- ses : les forces de défense et de sécurité, l’armée, les fonctionnaires, les enseignants et les responsables religieux, aussi bien musulmans que chrétiens. Pour la premi- ère fois, le sang des chrétiens coule à cause de leur appartenance religieuse. Les djiha- distes ne lancent pas de paroles en l’air : quand ils menacent de trancher la gorge de quelqu’un, ils le font réellement. Nous retirer ou continuer ? A mesure que le danger augmentait, la plu- part des partenaires occidentaux se sont re-

pliés sur la capitale ou ont carrément quitté le pays. Comment alors poursuivre la coopéra- tion avec eux pour l’expansion et la consolida- tion de l’œuvre en faveur de tous les peuples ? Nous nous trouvons dans un combat, com- me Ephésiens 6.12 le décrit. Jésus avait pré- venu ses disciples de ce genre de dangers en Matthieu 10.16-42 et Jean 16.1-3, mais Il a aus- si dit : « Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage : moi, j’ai vaincu le mon- de. » (Jean 16.33). Il est important de ne pas paniquer malgré la situation et suivre nos ins- tincts poussés par la peur, mais de faire con- fiance à Dieu, qui tient tout dans Ses mains. Nous devons prendre les décisions avec Lui et après une bonne évaluation de tout ce qui ar- rive, faite par des personnes de confiance. Il y a de l’espoir dans chaque situation Bien avant nous, certaines personnes ont donné l’exemple : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel, qui a fait le ciel et la terre. » (Psaume 121.1-2) La rencontre de Saul avec Jésus nous donne aussi du courage. Comme Ananias, soyons disponibles car dans ces temps troublés, le Seigneur peut nous confier une mission spéciale (Ac 9.10-19). C’est là que s’exprime notre espérance en fa- veur de quiconque a participé d’une manière ou d’une autre à l’enlèvement et à l’assassinat de tout chrétien au Burkina. Pour les églises, il est nécessaire de persévé- rer dans la prière et les encouragements. La vigilance est de rigueur. Jusqu’à présent, nous n’avons encore jamais déplacé un pasteur ou un collaborateur transculturel à cause de ce qui se passe. Le message de réconciliation de Jésus-Christ continue à faire son chemin, même dans la communauté musulmane. Nous demandons à Dieu sagesse et discerne- ment. L’écoute et la prière sont essentielles. Le changement est possible. Nous y croyons et voulons y travailler. A Dieu seul appartient la gloire : dans le passé, aujourd’hui et pour l’éternité.

Les raisons d’un changement de foi

Description

dans le Coran

dans la Bible

Né d’une vierge

3:47, 19:20-22, 21:91, 66:12

Dans ce contexte, il est d’autant plus étonnant que des musulmans optent pour une autre foi. Hors, se- lon Benjamin Josi, cela se produit actuellement plus que jamais. Il a voulu savoir ce qui, chez Jésus (ap- pelé Isa dans le Coran), convainct tant de musulmans à changer de foi, bien qu’ils en connaissent les graves conséquences. Pour cela, il a mené 390 entretiens avec des disciples de Jésus d’origine mu- sulmane et les a interrogés sur le déclencheur de leur changement (plusieurs facteurs ont souvent été mentionnés) : • 64% ont dit que les versets sur Isa dans le Coran ont joué un rôle important. • 57% ont dit que le témoi- gnage et l’amour d’un disciple de Jésus avaient été un facteur décisif dans leur décision. • 41% ont eu une expérience surnaturelle : un rêve ou une vision dans laquelle Jésus était présent, ou ont expérimenté la guérison. • 30% ont été amenés à réflé- chir par des versets bibliques. Jésus dans le Coran Le premier point en particulier est étonnant, mais Benjamin Josi nous apprend que de nombreux versets du Coran font référence à Isa (Jésus) et à Sa vie extraordinaire. Quelques exemples de la manière dont Il est décrit dans le Coran :

Mt 1.18-25, Lu. 1.26-38

Un signe pour les hommes

Lu 2.8-35, Jn 20.30-31, Ac 10.38

3:49, 19:21, 21:91

Une miséricorde de Dieu

Jn 1.14-16

9:21

Jn 14.6, Ep 1.13

19:34

Parole de vérité

3:49, 5:110

Guérisseur

Mt 4.23-24, Lu 17.11-19, Mc 7.31-37

Ressuscité, monté au ciel

Lu 24.1-53, Mc 16.9, Ac 1.9

3:55, 19:33-34

Fait des miracles

Jn 10.32, Lu 7.22

2:253, 3:49-50, 5:110-115

Réveille les morts

Jn 11.1-44, Mt 8.18-26

3:49, 5:110

Le messager de Dieu

Hé 3.1, Mt 10.40

2:87, 2:253, 3:49, 61:6

Revient

Mt 25.31-46, Ac 1.11

43:61

Est pur, sans péché

19:19

Lu 23.4, Hé 4.14-16

Jn 10.27, 14.6

Nous devons Le suivre

43:61

Nous devons Lui obéir

Mt 17.5, Jn 15.10-14

43:63

Le Coran ne parle d’Isa comme d’aucun autre prophète. Selon l’enquête de Benjamin Josi, les impulsions les plus importantes pour un changement viennent du Coran lui- même. En savoir plus : « Tu seras une bénédiction », par Benjamin Josi, éd. MEOS

Namihanla Albert YONLI président de l’EE/SIM

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Etre Peul et chrétien

Foulard et lafaï : mon année au Tchad

en GuinéE

jeûnaient. Elles étaient autorisées à repousser les privations après la grossesse, mais la plu- part d’entre elles le faisaient tout de même car elles ne voulaient pas être seules à devoir jeûner durant quarante jours après tout le monde. Une des conséquences était les nais- sances prématurées. Parfois les bébés mou- raient même de sous-alimentation. J’avais de la peine à l’accepter. Pouvoir participer à la fête du ramadan à la fin du jeûne a été un grand privilège pour moi. L’hospitalité et la gentillesse offertes à des étrangers étaient incroyables. Ce qui m’a également beaucoup touchée a été de voir comment tous se sont préoccupés d’une amie lorsqu’elle a perdu son mari ; plusieurs femmes ont même logé quelques jours avec elle pour cuisiner et s’occuper d’elle. Lors des fêtes, des enterrements ou des visites, les hommes et les femmes sont toujours sépa- rés. Je ne trouvais pas cela très grave car on mange avec les doigts et ce n’est pas toujours très beau à voir… Ainsi les femmes n’ont pas la pression de devoir manger élégamment ! Une expérience marquante Lorsque je me suis informée sur internet pour me préparer à mon départ au Tchad, j’ai dé- couvert un avertissement : il était déconseillé de visiter ce pays. Naturellement, j’ai réflé- chi à tout ce qui pouvait arriver de grave. Et pourtant, je dois dire que je me suis sentie en sécurité. Je ne pouvais pas me déplacer aussi librement qu’en Suisse et il y avait plus de rè- gles, mais elles n’existaient en fait que comme mesures de précaution. Après coup, je me suis rendu compte que cette expérience m’a beaucoup marquée. J’apprécie naturellement de ne plus me faire réveiller chaque nuit par le muezzin. Et pour- tant certaines choses me manquent comme par exemple les relations familiales que les musulmans entretiennent les uns avec les au- tres et le comportement de certains hommes, comme dans l’histoire du taxi. Aujourd’hui quand je vois un musulman ou une musul- mane, je me rappelle ces souvenirs et je peux mieux comprendre leur vie.

Avant mon départ pour le Tchad, je savais que j’allais devoir porter un foulard. Je savais également que le pays était musul- man. Mais que voit-on quand on regarde plus profondément la réalité ? J ’ai dû porter un foulard déjà à la capitale. Grâce à cela, je me suis sentie un peu moins comme une intruse et j’ai pu montrer que je respectais les gens et leur religion. Sur mon lieu de travail, je portais un « lafaï » : un grand tissu qui cache le corps. Au début, c’était un vrai défi car l’étoffe glissait dans toutes les di- rections, mais avec le temps, j’ai développé des stratégies pour que cela devienne plus agréable. J’ai vite compris qu’en tant que femme je n’étais pas sur un pied d’égalité avec les hommes. Une fois je suis entrée dans un « dukan », un petit magasin, et j’étais la seule cliente. J’essayais de faire mes achats en arabe tchadien quand un homme est entré. Le ven- deur a tout de suite disparu et s’est occupé de l’homme. Au début, ce fut pour moi un choc, mais j’ai ravalé ma fierté et suis restée aima- ble. Avec le temps, ce genre de situation est devenu normal pour moi. Mais il arrivait aus- si que les hommes traitent les femmes avec beaucoup de respect : une fois j’étais en train de rentrer à la maison avec les autres courts- termes et nous ne trouvions pas de « raksha » (taxi à trois roues). Nous sommes parties à pied. Après vingt minutes, un taxi jaune est venu dans notre direction. Malheureusement, nous avons vu de loin qu’il n’y avait plus de place car la banquette arrière était utilisée par deux hommes. Malgré cela, le véhicule s’est arrêté et les hommes sont montés de- vant, même s’il n’y avait déjà théoriquement plus de place et nous ont laissé monter. Nous avons vécu cela plusieurs fois. Une grande dévotion pour la prière Au début, je ne pouvais pas dormir sans inter- ruption car le muezzin chantait plusieurs fois très fort. Malgré des nuits partiellement blan- ches, j’ai admiré le lien des musulmans avec leur foi. Combien de fois nous les chrétiens ne prions que quand nous voulons quelque cho- se ou que nous pensons en avoir besoin ! Les musulmans se lèvent chaque nuit pour prier. Et nous chrétiens, nous lèverions-nous aussi au milieu de la nuit pour prier ? Vivre le ramadan dans un pays musulman a aussi été une expérience sans précédent. Les chrétiens n’avaient pas l’obligation de jeûner, mais il y avait tout de même quelques règles à respecter : nous ne devions rien manger, boire ou mâcher en public, ce que je pouvais bien comprendre. J’avais plus de peine à voir par exemple que même les femmes enceintes

Je suis né dans une famille musulmane pratiquante et j’appartiens au peuple Peul. Comme j’interprétais le Coran dans ma langue maternelle, je connaissais bien Dieu et les prophètes. Je m’efforçais de respecter et appliquer tous les principes de l’islam afin de mériter le paradis après la mort, mais je voyais que j’étais incapable d’y arriver par mes propres efforts. En ce temps, j’avais des rêves troublants concernant la mort et l’enfer. En 1998, j’ai reçu une Bible en bande dessinée et j’ai été marqué par la suite chronologique des événements et des thèmes. Cela contraste avec le Coran, qui consiste en grande partie en citations diverses et dont les différentes sourates sont classées par longueur. Je me suis tourné vers mon maître co- ranique pour comprendre comment croire en Christ. Il m’a fait savoir que le temps de Jésus était passé. Nous étions au temps de Mahomet et le Salut passait par la foi en Allah et Mahomet, et par les bonnes œuvres. Je pensais que Dieu ne m’aimait pas, sinon il m’aurait fait vivre au temps de Jésus, afin que je puisse aller au paradis. Au lycée, j’ai fait la connaissance d’un chrétien, que j’ai souvent défendu contre les attaques de nos collègues musulmans. Nous sommes devenus bons amis et il m’a conduit vers des leaders qui ont su répondre aux questions auxquelles mon maître n’avait jamais répondu, ou si mal. Après neuf mois d’échanges bibliques et coraniques, j’ai décidé de suivre Jésus-Christ en l’an 2 000. Une haute trahison envers la communauté Plus de quatre millions de Peuls, peuple musulman, vivent en Guinée. Ils constituent de loin le groupe ethnique le plus nombreux du pays, qui comp- te environ douze millions d’habitants. En tout, près de cinquante millions de Peuls, aussi appelés Fulani ou Fulbe, sont répartis dans plus de trente pays africains, où ils ont répandu l’islam. Ils sont fiers de n’avoir, selon eux, au- cun non musulman parmi leurs membres. Un Peul qui devient chrétien est un affront à la communauté. C’est une haute trahison, une provocation et une insulte à l’encontre de toute la famille et tous les musulmans, y compris l’islam et le Coran. C’est pourquoi tous les Peuls qui décident de suivre Jésus sont confrontés à l’expulsion de leur famille, donc du système social, à des agressions et même des menaces de mort. Ils sont exclus de la communauté à tous les niveaux. La Guinée compte 300 à 500 chrétiens peuls. Soutenir les chrétiens Aujourd’hui, je m’engage avec une équipe parmi les chrétiens d’arrière-plan musulman : nous les accompagnons et encadrons dans leurs problèmes pratiques concernant par exemple des questions culturelles, la relation avec leur famille, les mariages etc. Si nécessaire, nous leur apportons une aide financière. La fortification des leaders et leur soutien est aussi un volet im- portant de notre travail. Nous voulons développer des projets qui pourront rendre les chrétiens d’arrière-plan musulman autonomes sur le plan finan- cier afin de leur permettre de vivre librement et dignement leur foi en Jésus- Christ. Nous apportons aussi la Bonne Nouvelle dans les 25 écoles de notre église partenaire, ce qui concerne 16 000 enfants et jeunes.

Debora SCHOR a passé une année en court séjour à Bakan Assalam, Tchad

Ousmane DIALLO collaborateur de ProTIM 2-2-2 Conakry, Guinée

Ici, de jeunes adultes et des collaborateurs à court terme partagent quelque chose de leur vie.

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