SERVE AND MULTIPLY 3/2019 Aonns
A M S g l o b a l
S’ENGAGER À L’ÉTRANGER Pourquoi ?
SOMMAIRE
Pris sur le vif
EDITORIAL
S’ENGAGER À L’ÉTRANGER, Pourquoi ?
« VOLONTAIRE ;
oui mais…»
On me demande 2000 signes pour cet article. En deuxième page, en pole position pour ainsi dire. Un honneur en fait. Pourvu que rien n’aille de travers… La question : Pourquoi suis-je ici en Afrique de l’Ouest ? Par goût de l’aventure ? Ai-je fui quelque chose ? Je me rappelle encore très bien de cette soirée durant laquelle je me suis décidé dans un moment de prière intense à investir consciemment mon temps pour Dieu. Je n’en avais encore jamais eu le courage avant, mais durant cette soirée, c’était comme si Dieu me parlait : « Je t’ai équipé de tout ce qu’il te faut. Tu es prêt. » Et je me sen- tais en effet prêt – alors départ ! Peu après, je me suis inscrit auprès de SAM global pour un engagement à l’étranger. Je mettais néanmoins une grosse réserve sur l’Afrique ; je préférais ne pas y penser et voulais pouvoir décider seul de mon lieu d’engagement. Je me trouvais dans la catégorie « volontaire, oui mais... » et ne ressen- tais pas la moindre mauvaise conscience quant au be- soin réel de bénévoles dans les différents pays. Et la voilà, cette redoutable demande… Va là où tu pourras être utile, me murmurait une voix in- térieure. Tais-toi, pensais-je, quand même pas au milieu d’un entretien d’embauche ! En Asie, il y a certainement beaucoup de... « C’est bien que tu t’intéresses au Cam- bodge, mais... nous cherchons d’urgence un aide-insti- tuteur en Guinée. » J’ai respiré un grand coup. La voilà, cette demande que je redoutais tant. N’avais-je pas déjà suffisamment suivi les voies de Dieu ? Est-ce qu’un compromis ne serait pas possible ? Mais la réponse était claire : il ne s’agissait pas ici de mes rêves. Il s’agissait de Dieu et de me laisser utiliser par Lui. Pas une seconde de regrets Il s’est passé beaucoup de choses depuis – et je n’ai pas regretté une seule seconde la décision de partir en Afrique. Contre toutes mes attentes, ce continent a aussi ses bons côtés. J’aime être debout sur le pont du pick-up et foncer sur les pistes brun-rouille ensablées et bosselées. J’aime les oranges, bananes et mangues fraîches. Je me suis même attaché à Klara notre chèvre, et j’aime… oups là, les 2000 signes de cet article sont déjà presque tous utilisés. Pas grave. A votre avis, qu’est- ce qu’on pourrait rajouter à cette liste ?
Allez ! Est-ce bien raisonnable ? C’est une question que vous vous êtes peut-être déjà posée, pour vous-même ou pour quelqu’un de votre entourage qui a quitté la Suisse ou un autre pays d’Europe. Pourquoi donc partir en Afrique, en Asie ou ailleurs, dans une contrée ris- quée et inhospitalière, alors qu’il y a tant de be- soins ici ? Pourquoi donc s’éloigner de sa famille, ses amis, sa sécurité et mettre en jeu son avenir ? De telles questions sont évidemment légitimes ! C’est dans la Bible que nous trouvons bien sûr les vraies et les bonnes réponses, qui nous font aller au-delà de notre sphère immédiate, même si chez nous, il y a tant à faire. Dieu aime tous les peuples, y compris ceux qui sont au loin, à l’autre bout de la terre et souhaite les atteindre avec Son amour là où ils se trouvent. « Allez ! » nous dit-Il dans Sa Parole car Il sera avec nous jusqu’à la fin du monde (Mt 28.20). Près de cent fois nous trouvons le mot « envoyé » dans les quatre Evangiles, comme par exemple en Jean 20.21 : Jésus leur dit de nouveau : la paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Dans ce numéro de notre ALLONS, nous vous apportons de nombreux témoignages de fa- milles, de jeunes ou de moins jeunes qui ont osé prendre Dieu au mot pour s’engager au loin. Nous vous proposons également quelques pistes de réflexion sur ce sujet si passionnant. Avec la certitude que vous y trouverez une sour- ce d’inspiration, je vous souhaite une bonne et agréable lecture. Christophe REIFSTECK, responsable dép. Europe Francophone
Robert STEINER, ancien court terme en Guinée
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Pourquoi ÊTES-VOUS PARTI ?
« Partager tout cela me semble une évidence. »
borateurs tant espérés ne sont pas arrivés, ou lorsque quatre hectares de haricots plantés dans un village se sont asséchés à cause d’un manque d’irrigation.
Depuis que je vis en Guinée, je réalise vraiment à quel point j’ai grandi dans un pays privilégié et quelle chan- ce j’ai eue de pouvoir y apprendre beaucoup de choses - et que tout cela n’est pas considéré comme évident dans de nombreux autres pays. Nous avons reçu un sac rempli de bons cadeaux : d’une part grâce à une bon- ne éducation, mais d’autre part aussi grâce à l’amour de notre Dieu, qui donne sens et direction à notre vie, par Jésus-Christ. C’est pourquoi il me semble évident de partager cela avec d’autres personnes, surtout cel- les qui sont dans le besoin à cause de leur origine. Pour elles, cela fait une grande différence de réaliser que quelqu’un s’intéresse à elles, qu’elles sont importantes et qu’elles peuvent accomplir quelque chose si elles lais- sent quelqu’un s’investir dans leur vie. C’est pourquoi notre engagement en vaut vraiment la peine. Les défis sont la chaleur, la poussière, le matériel qui se casse, les vols, etc. Mais la qualité de vie que nous avons ici en tant que famille en vaut la peine. Nous jouissons d’une gran- de liberté, avons du temps les uns pour les autres, nous vivons dans la nature et pouvons offrir aux enfants un environnement protégé.
Susanne et Martin BAUMANN, ProSERTÃO, Brésil
« Un vrai privilège ! » Quandmonmari et moi sommes retournés en Guinée après notre premier séjour en Suisse, quelqu’un nous a dit : « Maintenant nous savons que vous nous aimez. Vous ne nous connaissiez pas lors de votre première mission. Mais maintenant vous nous connaissez et vous êtes revenus ! » Les relations de confiance prennent du temps. Ce n’est qu’après cinq ans que des amitiés vraiment plus profondes se sont développées et c’est surtout après le troisième terme que beaucoup m’ont ouvert leur cœur. Cela a permis des conversations très personnelles, un chemi- nement commun dans un groupe biblique bilingue et l’accompagnement des jeunes. Plus j’étais présente, plus j’aimais les gens et plus j’étais capable de mieux répondre à leurs situations dans les conversations et les études bibliques. J’ai ap- pris davantage sur l’importance du « nous » pour aller de l’avant. En plus de ces relations, j’ai aussi apprécié mes activités très variées dans le ministère et le fait que mon mari et moi puissions travailler ensemble sur un projet. Ce fut une pé- riode intense et aventureuse où j’ai beaucoup appris sur Dieu, sur moi-même et sur les autres. Ma période de vie en Guinée : un vrai privilège !
Rahel STRAHM, collaboratrice de longue date de ProESPOIR en Guinée,maintenant responsable de ProCONNECT
Sandra TOGGENBURGER, ActionVIVRE Sud, Guinée
« Traverser les défis aux côtés de Jésus » Nous sommes arrivés au Brésil en 1988. Pendant tout ce temps, on nous a souvent demandé pourquoi, en tant que Suisses, nous avons quitté notre beau pays et nous sommes installés dans cette région chaude et aride pour y passer notre vie. Nous répondons simplement : Dieu, qui a créé le ciel et la terre, nous a appelés à laisser les ha- bitants du nord-est du Brésil vivre Son amour dans tous les domaines de leur vie. Vivre en Suisse est un grand pri- vilège, mais servir dans le lieu de sa vocation est un pri- vilège encore plus grand et donne un épanouissement profond à la vie. Les défis sont partout. Au fil des années, nous avons commencé à apprendre la leçon suivante : nous ne de- vons pas garder les yeux fixés sur les problèmes, mais marcher avec le Christ à travers les difficultés. Il nous donne la force de persévérer, Il nous ouvre de nouvelles portes ou nous montre comment relever les défis. Par exemple, lorsque Susanne a traversé de « sombres val- lées » dans sa santé pendant cinq ans, lorsque les colla-
« J’éprouve une proximité avec Dieu comme jamais auparavant. »
En août 2014, j’ai senti que je me trouvais à une croisée sur mon chemin de vie. J’ai passé quelques jours dans les montagnes et j’ai demandé à Dieu deme parler. Puis j’ai lu ce verset sur un écriteau au bord d’un chemin forestier : L'Eternel dit à Abram : « Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te mon- trerai.» (Genèse 12.1) Mais ce n’est qu’en juin 2015, lorsque j’ai appris que SAMglo- bal cherchait un comptable pour la Guinée, que j’ai compris où Dieu m’appelait. Pendant plusieurs semaines, chaque fois que je lisais l’annonce, je sentais claire- ment que Dieu me parlait – c’était si clair que je ne pouvais pas l’ignorer. Aujourd’hui, après un peu plus de trois ans en Guinée, je ne regrette pas un ins- tant d’avoir répondu « oui » à ce que Dieu me disait. Ce n’est pas toujours facile d’être loin de la Suisse, de ma famille et de mes amis, mais je sais que ma place est ici. Je vis une proximité avec Dieu comme jamais auparavant et je peux sentir Sa présence et Son soutien dans ma vie jour après jour. Sans Lui je ne serais pas capable de faire ce que je fais. A Lui soit la gloire !
Frédéric MAGNIN, ProTIM 2-2-2 Conakry, Guinée
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LE TRAVAIL INTERCULTUREL ? PASSIONNANT,
mais...
CERTAINEMENT PAS POUR MOI ! Vraiment ? cette nouvelle, car nous étions motivés à partir et tout était prêt, même les valises étaient quasiment bouclées. Grâce au bon plan de Dieu, nous sommes partis seulement cinq semaines plus tard pour la Guinée. Durant ce temps qui a précédé le départ, des doutes survenaient parfois : est-ce que je suis vraiment fait pour cela ? Je ne suis ab- solument pas un évangéliste ! Mais en Guinée, ce qui importe sur- tout, c’est les relations et les contacts. Offrir de l’attention et du temps à son prochain est très apprécié, même si ce n’est qu’au travers de brèves discussions, et ceci est l’une de mes forces. Le reste est venu tout seul. Nous avons donc vécu en Guinée quatre années précieuses mais également très exigeantes. Nous avons pu apporter nos dons, provoquer des choses, nouer des relations, être des exemples, répondre à des questions sur notre style de vie et nos relations, parler de Jésus au cours de discussions quoti- diennes, croître au travers des tâches et des responsabilités, voir comment des jeunes se sont décidés pour Jésus, sentir combien nous étions appréciés par la population – et bien plus encore. Je pourrais en écrire des pages entières. J’ai trouvé en Guinée une autre patrie, ce que je n’aurais même pas imaginé en rêve quel- ques années auparavant. Pas le mauvais chemin, mais une durée limitée Contrairement à ce que nous avions planifié, nous avons dû inter- rompre notre engagement plus tôt que prévu et de façon brutale, puisque mon épouse a rencontré de graves problèmes de santé à la suite d’une allergie. En l’espace de deux semaines, elle est ren- trée en Suisse avec nos trois enfants, je les ai rejoints un mois plus tard. Ce n’était pas ce qui était prévu ! Quelle suite donner maintenant ? Un tel changement imprévu déclenche beaucoup de choses et nous dépasse un peu. Il faut du temps (beaucoup !) pour digérer les événements et se réhabituer à la « situation suisse ». Mais no- tre Dieu est tellement bon qu’Il a déjà tout préparé pour nous et que nous pouvons nous laisser porter par Lui. Nous n’avons jamais eu l’impression que Dieu nous conduisait dans une impasse ou que nous avions pris le mauvais chemin. Notre mission avait une durée limitée et Dieu sait pourquoi Il a décidé d’y mettre fin plus tôt que prévu. Nous sommes curieux de savoir ce qu’Il a encore en réserve pour notre vie.
« Je suis célibataire – si je pars à l’étranger, je ne trouverai pas de partenaire. » Aujourd’hui, la plupart des gens ne partent plus en mission pour des décennies, mais pour quelques années. Je suis convaincu qu’il vaut la peine d’investir ce temps et de se marier un peu plus tard - car un tel engagement est un gain pour la vie ! Oui, le risque de ne pas trouver de partenaire existe, mais il en est de même en Europe. De plus, il arrive souvent que des couples fassent con- naissance à l’étranger et aient ainsi quelqu’un à leurs côtés qui partage leur vision et comprenne ce qu’ils ont vécu. « Nous avons des enfants. » L’époque où les enfants étaient placés dans un pensionnat éloi- gné et devaient souffrir de la séparation de leurs parents est ré- volue. Aujourd’hui, ils bénéficient d’une bonne prise en charge locale avec des programmes d’enseignement à distance et du personnel à court terme qui s’occupe des cours, à moins qu’ils puissent fréquenter une école internationale à proximité. Pour nous, il est très important de trouver une bonne solution avec les familles. De plus, les enfants bénéficient également de l’engagement de leurs parents : ils grandissent (au minimum) bilingues et acquiè- rent des compétences interculturelles. « Je ne veux pas prendre un tel risque. » Dans nos pays, nous dépensons énormément d’argent pour les assurances. Nous aimons nous assurer nous-mêmes. Eh oui : lorsque nous partons de chez nous, la sécurité diminue dans un certain sens. Mais avec une sécurité réduite, nous avons aussi la chance de devenir plus dépendants de Dieu et d’expérimenter plus fortement Son aide. C’est en Guinée, à l’époque un des pays les plus précaires au monde, où il n’y avait pratiquement pas d’étrangers, que j’ai vécu une des périodes les plus riches de ma vie. J’ai pu expérimenter que nous pouvons prendre le risque de faire confiance à Dieu, qu’Il peut aussi nous garder dans un pays peu sûr et faire une différence avec nous. No risk, no mission : sans risque, pas de mission !
« Je ne suis pas spécifiquement qualifié pour cela. »
Michael MÜLLER
Mon épouse Priska et moi nous sommes rencontrés il y a 18 ans alors que nous étions adolescents. Je savais que Priska n’était pas opposée à un engagement à l’étranger, mais mon point de vue était clair : « Le travail interculturel à l’étranger, ce n’est pas pour moi ». J’étais persuadé que je ne me sentirais jamais à l’aise dans un autre pays et une autre culture. Pris- ka m’a choisi malgré cela, mais elle a toujours gardé en tête l’idée d’un engagement à l’étranger. Après ma formation de ferblantier installateur sanitaire, je de- vais reprendre la société de mon maître d’apprentissage – un rêve semblait se réaliser ! Mais plus la chose devenait concrète, plus j’étais mitigé, même si cela correspondait à mon désir et que j’entretenais une excellente relation avec mon chef de l’époque. Nous avons prié pour être dirigés avec des signes concrets si nous devions refuser l’offre de reprise. Dieu a répondu de manière tout à fait claire et nous avons dû admettre que ce n’était pas la bonne voie. Mais que faire alors ?!
Beaucoup s’attendent à un appel surnaturel comme celui de Paul, par exemple. Mais il existe de nombreux types d’appels différents ! Silas, par exemple, est appelé par Paul qui lui dit : « Viens avec moi ! » - et il part avec lui (plus de réflexions à ce sujet en page 18). Il répond simplement à un besoin. Parfois, nous cherchons trop loin alors que les besoins sont là - et ce serait formidable si plus de gens, comme Silas, disaient simplement : « Je suis là, je suis prêt à servir si on a besoin de moi ». « J’ai peur de perdre mes contacts en Europe. » Oui : le domaine technique ou le médical se développent rapidement en Europe et après quelques années, vous n’êtes plus à jour. Par contre, vous gagnez dans d’autres domaines - par exemple dans les compétences interculturelles, si impor- tantes dans nos sociétés aux origines de plus en plus variées. En outre, vous avez souvent l’occasion de vous développer en tant que leader et d’assumer des tâches de gestion qui prendraient beaucoup plus de temps chez vous. Vous avez plus de place pour être créatif, pour vous développer, pour voir grand, pour réaliser des visions et des idées - en Guinée, par exemple, j’ai pu découvrir des dons dont je ne savais rien auparavant. En Europe, notre tâche est plus étroitement définie, beaucoup travaillent davantage comme spécialistes dans un domaine seulement et tous nos dons et capacités ne peuvent pas forcément se développer. « Je n’ai pas assez de talent pour m’engager à l’étranger. » Beaucoup pensent encore que les employés interculturels sont des surhommes et des surfemmes. En Europe occidentale, nous recevons une formation supérieure à la moyenne mondiale. Toute personne ayant terminé un apprentissage ou une autre for- mation en Belgique, en France ou en Suisse a énormément à donner dans nos pays d’engagement. Nous nous sous-estimons souvent sur ce point. Voici les conditions les plus importantes pour une mission : la flexibilité, la volon- té d’apprendre une langue étrangère et le désir de servir, de transmettre son savoir-faire et de partager l’amour de Dieu.
Un sentiment, un entretien, un engagement à court terme
Un soir peu après, j’ai soudain eu le sentiment très fort que Dieu voulait nous engager à l’étranger, et MOI en particulier. Ce senti- ment ne m’a plus quitté et j’en ai parlé à mon épouse. Elle était tout excitée, car ce même jour, elle avait dit à Dieu qu’elle accep- tait de rester pour toujours là où nous étions et qu’elle était prête à ce qu’Il l’utilise en Suisse. Et me voilà avec cette idée saugrenue ! Mais Dieu avait parlé de manière si claire et évidente que je ne pouvais l’ignorer. J’ai rapidement appelé le responsable du grou- pe mission de notre communauté qui, étonnamment, s’attendait à ce que nous prenions contact avec lui ! Quinzeminutes plus tard, il était chez nous. En résumé : après un engagement de courte durée en Guinée avec SAM global, notre feu intérieur n’a fait que s’intensifier. Nous avons décidé que nous voulions nous engager pour un long terme. Motivés, nous avons débuté notre prépara- tion par des études de théologie et de langue. Pour nous, il était clair dès le début que l’engagement serait limité à une durée de 8 à 10 ans, à moins que Dieu ne nous dise autre chose. Apporter ses dons, provoquer des choses… Nous avions prévu de partir en été 2014 au Cameroun – mais deux semaines avant notre départ, ces plans ont été abruptement stoppés par les attentats de Boko Haram. Nous étions anéantis par
Jürg PFISTER, directeur de SAM global
Michael MÜLLER, ancien responsable du projet ActionVIVRE Sud, Guinée
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QUAND JE SERAI grand...
BALAYER D’ABORD devant sa propre porte ?
…j’aimerais être heureux. C’est en tout cas ce que John Lennon a dit. Nous avons tous nos rêves d’une vie épanouie et nous ne nous lassons pas de la chercher. Dans la Constitution américaine, il est même écrit que tout homme a le droit de rechercher le bonheur. Mais est-ce le vrai sens de la vie ? D’une certaine manière, il est quand même absurde que tant de per- sonnes grimpent au sommet de l’échelle sociale et professionnelle, mais ne trouvent malgré tout pas le sens de la vie. La faim de « plus » est un moteur. C’était aussi le cas pour moi : je voulais goûter à la vie sauvage et être libre. Je n’aimais rien autant que ces moments où mon cœur qui battait à se rompre. Désir de vie Ce désir est un doigt qui montre la direction de Dieu. Comme la soif nous pousse vers la source d’eau, la soif de vie nous pousse vers Dieu. Mais pour trouver le sens de la vie, nous devons renoncer à notre vie. Une des paroles les plus difficiles de Jésus reste pour moi la suivante : Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » (Matthieu 16.24). Le renoncement à soi-même veut dire ne pas agir selon sa propre nature. Jésus requiert ici un changement complet d’autorité dans tous les domaines de la vie. Mais c’est précisément là que réside le secret : « Comme Christ est la fleur de l’humanité, alors la fleur de chaque homme est le Christ, qui vient à la perfection en Lui. L’élément moteur de son humanité en lui c’est le Christ, Il est sa racine – le départ et la fin de son individualité. » – Major Ian Thomas, fondateur des « Torchbearers 1 ». Plus je renonce à moi-même et plus Jésus prend forme en moi, plus je deviens la personne que Dieu avait en vue lorsqu’Il m’a créé. Souvent nous croyons et nous agissons comme si nous savions mieux que notre Créateur comment nous mettre en valeur et être totalement nous-mê- mes. Nous aimons notre individualité et ne nous rendons pas compte que nous nous trompons de chemin. Celui qui amène notre personna- lité à sa vraie maturité, c’est Dieu. Une passion pour ce qui compte vraiment à Ses yeux C’est au moment où Jésus m’a donné une nouvelle vie que j’ai vraiment commencé à vivre. J’ai vu pour la première fois le monde avec Ses yeux. Il m’a ensuite appelé à Le suivre. Ce même appel est valable pour vous aussi. A quoi ressemble cette « suivance » ? Un des pas importants est que Dieu harmonise notre cœur avec le Sien. Il le fait lorsqu’Il éveille une passion en nous pour ce qui est important à Ses yeux. Nous les humains, nous trouvons au centre du cœur de Dieu ! Il aime les gens et plus nous suivons Jésus, plus nous aurons également de l’amour pour nos compatriotes. « Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir ». (Marc 10.45). S’Il arpentait nos rues aujourd’hui, Il aimerait à nouveau ser- vir… Et c’est exactement ce qu’Il fait ! En vous et en moi, Il marche sur nos routes lorsque nous sommes prêts à Le suivre. 1 Mouvement d’évangélisation Samuel TOM, ProVIDA, Brésil
Lors duPraisecamp 1 , nous avons posé àdes centaines de jeunes laquestion : « Où vois-tu la misère dans ce monde ? » Nous avons illustré les réponses par des points rouges sur une énorme carte du monde. Beaucoup ont cité des régions que nous connaissons par les informations, comme le Proche- Orient ou la Corée du Nord. Mais presque autant ont vu la plus grande misère en Suisse, directement devant leur porte. La Suisse était également le pays dans lequel la plupart des jeunes étaient prêts à s’engager. Cet exemple reflète la prise de conscience pour le travail en Suisse, qui a encore pris de l’ampleur ces dernières décennies. D’une part, on trouve de plus en plus d’initiatives pour fonder des communautés et d’autre part, le travail parmi les étrangers en Suisse est de plus en plus mis en avant : « Nous avons aussi beau- coup d’étrangers parmi nous en Suisse, nous n’avons pas vraiment besoin de partir. » Et effectivement, de nombreuses personnes et communautés cherchent à entrer en contact avec les étrangers de leur voisinage. « C’est bien beau, mais je préfère rester ici » Cette prise de conscience pour la misère des migrants a déjà eu de nombreux effets bénéfiques. Mais elle met également les communautés chrétiennes à l’épreuve – et cela a des conséquences. Lorsque nous sommes très pris par nos activités privées et professionnelles, nous faisons en sorte d’exécuter nos propres tâches aussi vite et bien que possi- ble et nous ne prenons alors pas vraiment le temps de nous laisser distraire par la misère qui règne autour de nous. Il en est de même pour les communautés en Suisse : il y a tant à faire devant sa propre porte qu’il ne reste que peu de temps disponible pour jeter un regard plus loin. Lorsque nous racontons que nous allons bientôt partir à l’étranger comme tra- vailleurs interculturels, nous recevons en général des encouragements – suivis de la phrase : « Mais je préfère rester, il y a encore tant à faire ici. Et nous avons aussi beaucoup d’immigrants ici. » Bien que le travail à l’étranger soit considéré comme bon et important, le sujet est écrasé par toutes les autres misères. Cela signifie que de moins en moins de personnes et de communautés ont des con- tacts avec ceux qui travaillent plus loin – la jeune génération en particulier n’a souvent encore jamais eu de lien avec le thème de la mission extérieure, ou elle en a une image vieillotte et déformée. Pas la même chose Mais le travail interculturel en Suisse n’est pas le même que le travail à l’étranger et ne le remplace en aucun cas. A l’étranger, nous sommes confrontés à d’autres problèmes souvent bienplus existentiels et notre savoir-fairepeut apporter beau- coup. Cela est valable également pour le domaine spirituel : le responsable de la mission OMF pour le travail parmi la diaspora expliquait récemment que beau- coup d’étudiants chinois qui font des échanges se décident souvent en dehors de la Chine à suivre Jésus, mais seuls 10% d’entre eux continuent à vivre leur foi après leur retour à la maison. Si les communautés locales de leur pays d’origine ne sont pas également développées et fortifiées, alors la durabilité du travail parmi les étrangers en Suisse n’est pas garantie. Il est donc important que le travail à l’étranger reste un sujet d’actualité dans nos communautés et facultés théologiques tout comme le travail en Suisse. Les jeunes adultes doivent savoir à quoi ressemble réellement un engagement in- terculturel aujourd’hui – et avoir l’opportunité de s’engager personnellement sur place. Nous aimerions vous (et nous) encourager : continuons à nous engager pour cela ! 1 Camp de louange
Daniel & Tabea FREI, collaborateurs interculturels d’OMF
Ici, de jeunes adultes et des collaborateurs à court terme partagent quelque chose de leur vie.
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OUVERTe AUX VOIES DE DIEU
Et pourquoi pas ?
En Matthieu 28.18-20, Jésus dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. » La réponse au « pourquoi » est donc toute simple : parce que Jésus nous a dit de le faire ! Pour moi, la question est plutôt : « Y a-t-il une raison pour ne pas aller ? » Jésus nous a demandé de ne pas garder la bonne nouvelle de Son amour et Son Salut pour nous-mêmes mais de la par- tager aux hommes de toute la terre. Parfois, je me deman- de pourquoi ma famille vit en Suisse plutôt qu’à l’étranger, pour y servir les défavorisés. En théorie, j’ai beaucoup de « bonnes réponses » à cette question : nous avons quatre enfants entre 6 et 10 ans. Jusqu’à récemment, nous les pa- rents, arrivions souvent à la limite de nos forces et cela nous arrive encore de temps en temps. Et ceci malgré un environ- nement qui propose facilement tout ce dont nous pouvons avoir besoin : on peut se faire livrer directement à la maison les pizzas, la grosse commande de lait ou les cadeaux de Noël. Nous avons bien sûr une machine à laver, un frigo qui ne tombe jamais en panne et un four pré-programmable. Nous avons l’expérience de la vie à l’étranger et de ses défis, quand toutes ces choses pratiques manquent : nous avons passé une année et demie en Guinée avec nos deux aînés (1 et 3 ans au moment du départ). Une longue liste et de bons arguments Qu’est-ce que nous irions faire à l’étranger si nous som- mes déjà au bout de nos forces rien qu’en accomplissant les tâches de tous les jours ? Il faut aussi penser au coût financier de l’envoi d’une famille de six personnes dont fi- nalement, une seule travaillerait. Ne serait-il pas mieux de gagner sa vie en Suisse et de donner généreusement ? Et l’éducation des enfants ? Notre aîné commencera bientôt le secondaire, il est trop tard pour repartir à l’étranger… Je pourrais encore allonger cette liste de bons arguments et répondre simplement, à la question de savoir pourquoi nous ne repartons pas : « Parce que cela n’aurait pas de sens dans notre situation. » Et la question du sens ? Pourtant, quand je lis la Bible, je remarque que bien des choses ne font aucun sens à nos yeux humains : quand Noé construit un bateau au milieu des terres, loin de l’eau, est-ce
du monde invisible, le fait d’être prêt à payer un grand prix pour sa foi… Paul dit que le corps est composé de plusieurs membres – nous avons besoin les uns des autres, dans le monde entier. Mais nous ne pouvons nous compléter et apprendre les uns des autres que si des gens sont prêts à partir. Prier Dieu pour qu’Il nous parle Qu’est-ce cela signifie concrè- tement pour toute ma famille ? Nous avons vu que Dieu peut ou- vrir ou fermer des portes. Nous Lui demandons de nous montrer clairement si nous devrions envi- sager un nouveau départ – même si cela semble si peu raisonnable. Jusqu’à maintenant, nous avons l’impression que notre place est en Suisse, pour le moment du moins. Nous aimerions alors que toutes les bénédictions que nous avons servent aussi à d’autres. Dans le quotidien de notre famil- le normale, bien que turbulente, nous essayons de remplir le man- dat de Dieu et de transmettre Son amour au travers de notre foi, nos prières, notre argent, nos contacts et notre temps – en paroles et en actes, comme Jésus nous en a donné l’exemple. Nous y arrivons parfois… et parfois non ! Martina ROHNER a travaillé en Guinée avec sa famille, de 2011 à 2012
que cela a du sens ? Quand un berger abandonne ses 99 brebis pour aller chercher celle qui s’est perdue ? Et si un loup en profitait pour attaquer le troupeau ? Et quand Ma- rie « gaspille » de l’huile d’une valeur correspondant à une année entière de salaire ? Quel est le sens de la mort de Jé- sus, aux yeux des hommes ? Alors je me demande si toute ma logique et mon bon sens comptent vraiment pour Dieu, qui pense tellement différemment de moi. Inutile sans amour La mission que nous donne Jésus est claire. Je suis persua- dée que le thème du travail interculturel n’est pas destiné à une minorité, mais à tous. Mais je crois aussi que nous de- vons agir par amour pour Dieu et pour nos contemporains, pas seulement pour obéir à un ordre. Paul écrit que rien n’est utile sans amour. Notre prière est donc que Dieu nous donne de L’aimer toujours plus et d’aimer nos prochains ; que nous désirions avant tout ne pas garder la bénédiction qu’Il nous a offerte pour nous seuls, mais que nous dési- rions la partager. Nous avons besoin les uns des autres pour nous compléter, nous devons nous aider les uns les autres pour pouvoir nous rapprocher de notre Dieu si grand.
« Je te bénirai et tu seras une source de bénédiction » – aujourd’hui encore
Dans nos pays européens, Dieu nous a énormément bénis : nous avons un excellent système de formation, du bien- être matériel, la sécurité et la stabilité politique, la liberté de croyance – je ne peux pas m’imaginer que Dieu nous aurait donné tout cela pour notre seul plaisir. Le Dieu qui a dit à Abraham « Je te bénirai… et tu seras une source de bénédiction » est aussi notre Dieu. Je suis donc convain- cue que la bénédiction que nous avons reçue doit bénéfi- cier à d’autres personnes aussi. Nous pouvons transmettre l’amour de Dieu. Nous pouvons apporter la Bonne Nouvelle à ceux qui ne l’ont jamais entendue : oui, nous avons un Dieu d’amour et Il veut entrer en contact avec tous. Et nous pouvons partager les dons et les capacités que nous avons avec d’autres personnes. Dans le domaine agronomique ou médical, ouvrier ou théologique, avec notre argent et tout ce que nous avons. Ceux qui se sont déjà engagés à l’étranger peuvent le confirmer : les habitants des pays que nous appelons défavorisés reçoivent d’autres bénédictions : la capacité à rester calme et utiliser sa créativité pour fai- re des miracles avec presque rien, une grande conscience
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a changé
QU’EST-CE QUI
DANS LE TRAVAIL INTERCULTUREL ? Les réponses de Jürg Pfister, directeur de SAM global.
La Mission est démodée, elle est une obligation à vie, faite pour des sur- hommes – de nombreux préjugés et clichés dissuasifs circulent sur le travail interculturel. Pourquoi ? Je crois que beaucoup de gens n’ont sim- plement pas réalisé comment le travail interculturel s’est transformé au cours des dernières décennies, parce qu’ils n’en sont pas très proches. Autrefois, certaines choses étaient vraiment comme elles sont présentées actuellement dans les clichés, mais entre-temps une énorme évolution a eu lieu. Comment le travail interculturel s’est-il donc transformé sur le plan mondial ? Il existe actuellement beaucoup de pays où vivent de nombreux chrétiens évan- géliques et des gens bien formés, ce qui n’était pas le cas il y a 130 ou 100 ans. Nous devons donc examiner exacte- ment où et pour quoi des Occidentaux sont encore nécessaires. Maintenant, les collaborateurs des pays en voie de déve- loppement, c’est-à-dire l’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique, sont plus nombreux que les Occidentaux. Certains pays asia- tiques, par exemple, envoient chaque année des centaines de personnes dans le monde entier. Malgré cela, nous avons encore une fonction très importante en tant qu’Occidentaux. Au commencement, nous avons fait beaucoup d’erreurs : man- que de sensibilité envers les autres cultu- res, méthodes peu adaptées au contexte, etc. Lorsque nous soutenons les « nou-
ses dépendaient de nos collaborateurs. Aujourd’hui, c’est différent. Nous avons en maints endroits de bons partenaires avec lesquels nous pouvons collaborer. Nous sommes ainsi plus efficaces, pou- vons en faire davantage et multiplier les connaissances et compétences. Les chan- ces que les choses continuent sans notre présence sur place sont beaucoup plus grandes. Nous sommes devenus plus sensibles et nuancés culturellement. Nous réfléchis- sons plus à ce qui a vraiment un sens dans un contexte donné, et nous questionnons aussi notre propre culture de manière plus critique : qu’est-ce qui est vraiment biblique et qu’est-ce que nous faisons simplement parce que cela correspond à notre culture européenne ? De plus, nos collaborateurs sont long- temps partis comme « missionnaires de carrière » pour un engagement qui du- rait presque toute la vie. Actuellement, le temps d’engagement moyen chez SAM global se situe autour de sept ans. Tandis que d’une part cela représente un défi, c’est aussi un avantage. Les envoyés se demandent plus tôt comment ils peuvent remettre les projets et forment les per- sonnes appropriées. Cependant, on ne s’immerge plus autant dans les pensées et les expériences, ni la langue et la culture de la population locale. Qu’est-ce que cela a changé pour les collaborateurs ? De nos jours, la possibilité pour les en- voyés de mettre en valeur de manière ju- dicieuse leurs connaissances et leurs dons
et de les utiliser est davantage mise en avant. C’est pourquoi il existe des descrip- tions de postes et des descriptions de projets. Pour chaque nouveau candidat, nous examinons : Quelle est la meilleure place pour lui ? Pour quoi son cœur bat-il, quel projet correspond à sa vision ? A quel endroit peut-il le mieux mettre en valeur ses dons et ses capacités ? Une autre différence : autrefois, nous étions beaucoup plus en première ligne pour transmettre l’Evangile. De nos jours, nos collaborateurs travaillent plutôt à l’arrière-plan dans ce domaine et sensi- bilisent, instruisent, encouragent et sou- tiennent d’autres personnes, qui connais- sent parfaitement la culture et la langue. Pourquoi donc le travail intercul- turel en général a-t-il tellement changé ? Le monde a changé, des continents com- me l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Sud sont passés par une transformation, tant économique que spirituelle. Nous avons donc évidemment dû nous demander ce que cela signifiait pour nous chez SAM global. Comment pouvons-nous aumieux servir ces gens maintenant ? Comment pouvons réellement répondre aux besoins actuels ? Ce qui était valable hier n’est plus applicable aujourd’hui. De plus, nous avons bien sûr tiré les leçons de beau- coup d’erreurs. D’autre part, la situation en Europe a aussi changé, les générations actuelles pensent et agissent autrement. A l’époque, par exemple, les enfants étaient envoyés en in- ternat ;denos jours ilest importantpour les
veaux » collaborateurs, ces erreurs peu- vent souvent être évitées. Notre longue expérience est très précieuse. D’autre part, le pouvoir d’achat dans les pays oc- cidentaux est plusgrand et nous avons ainsi également un rôle important à jouer au niveau des finances : nous avons plus de facilité à envoyer et soutenir des per- sonnes. Le travail dans les pays d’engagement s’est aussi transformé. De nos jours, il ne s’agit plus en priorité de tout faire soi- même, mais de déclencher des proces- sus, développer les capacités et former les gens tout en se laissant instruire par eux. C’est pour cela que nous avons défini comme vision « des formations qui chan- gent les vies ». Le travail est davantage orienté sur les projets. Tandis qu’autrefois on répondait simplement aux besoins sans planification concrète, de nos jours on se demande plus souvent comment déclencher un changement durable. Ac- tuellement, le but est dès le début de remettre un jour le projet à la population locale. De plus, maintenant on n’aide plus en premier lieu avec de l’argent, mais on encourage les gens à générer eux-mêmes un revenu. La dépendance peut ainsi être évitée. Comment le travail interculturel de SAM global s’est-il transformé ? Lors de la fondation de SAM global, nous travaillions pratiquement par- tout dans des situations pionnières. Il n’existait guère de partenaires dans les pays d’engagement et beaucoup de cho-
familles, et pour nous, que la situation des enfants soit vraiment adéquate et adap- tée. Alors qu’autrefois on travaillait sans relâche, maintenant on attache beau- coup plus de valeur à un bon équilibre entre travail et vie privée. Il y a trente ans, on était réellement « loin des yeux » dès qu’on était dans le pays d’engagement ; on avait peut-être un contact par lettre avec son pays tous les deux ou trois mois. Maintenant, on est constamment en ré- seau sur les médias électroniques, indé- pendamment de l’endroit où on se trouve. De nos jours, chacun a déjà eu une fois un contact avec des personnes d’autres cul- tures et la sensibilité culturelle est un su- jet dont on parle aussi en Europe ; lorsque je suis allé pour la première fois en Afrique Noire voilà 27 ans, c’était encore complè- tement différent. Les deux générations ont des forces et des faiblesses ; plutôt que de regretter l’ancien temps, nous désirons absolument voir et utiliser les forces de la génération actuelle. De nos jours on ne parle plus de mission, mais seulement de travail interculturel. Pourquoi ? La notion de mission a souvent une con- notation négative, elle est mise en lien avec le chapitre peu glorieux des croisa- des, et nous ne voulons en aucun cas être associés à cela. Nous ne désirons abso- lument pas imposer quelque chose aux gens ou détruire leur culture. Des erreurs ont été commises par le pas- sé, chez SAM global aussi, mais dans l’ensemble nous pouvons tout de même dire que dans de nombreux pays nous
avons pu apporter une contribution im- portante et changer quelque chose ! Par exemple dans la santé publique : en Ango- la et dans la région forestière de Guinée, la lèpre a pu être pratiquement éradiquée par notre travail. En Guinée, des malades du sida ont reçu pour la première fois un traitement ; en Angola et en Guinée des milliers d’aveugles ont pu recouvrer la vue par des opérations des yeux. Nous avons réellement pu faire une différence dura- ble. En théologie également nous avons pu inciter les gens à se demander : – Quel- le est la signification des diverses déclara- tions de la Bible pour notre culture, com- ment pouvons-nous les traduire ? Dans d’autres domaines aussi, par exemple la formation ou l’agriculture, des change- ments visibles ont pu être obtenus. Comment les commandements de Dieu sont-ils alors compris par SAM global aujourd’hui ? De nos jours, il est très important d’exa- miner exactement comment se présente la situation humanitaire et spirituelle du moment. Où existe-t-il encore de vrais besoins ? Où sont les partenaires dignes de confiance ? Les objectifs de développe- ment durable sont également importants pour décider où nous devons encore nous investir. Où et comment a-t-on encore be- soin de nous, où pouvons-nous apporter notre contribution ? Ce qui est aujourd’hui pareil au passé : nous désirons mon- trer aux gens de manière concrète que quelqu’un les aime. Nous désirons leur donner un espoir et une perspective pour leur vie ici-bas, mais aussi au-delà.
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Formation théologique et service pastoral Formation Vous avez beaucoup de pa- tience pour expliquer les choses, des plus faciles aux plus complexes. Vous préfé- rez être au cœur de l’action que simple spectateur. Vous appréciez de revenir aux ra- cines de l’enseignement, très loin des moyens techniques de pointe – de devenir créa- tif et monter vous-même le matériel d’enseignement car il n’existe tout simplement rien qui convienne. Vous pouvez voir comment votre savoir se multiplie et com- ment ce que vous apprenez aux gens change radicale- ment leur vie. Quels domaines d’engagement* ? Agriculture Vous découvrez des plantes et des parasites dont le monde n’a encore jamais entendu parler. Vous ap- prenez à connaître des espèces du monde végétal qui peuvent tout faire et tout guérir et vous ne pouvez que vous émerveiller de la manière dont la nature est organisée. Le manque d’eau et les sols secs ne vous font pas peur – car malgré toutes les adversités, vous pouvez constamment expérimenter comment Dieu vous donne de nouvelles idées et de riches récoltes. La population est très reconnaissante pour votre tra- vail. * avec une touche d'humour !
Qui est concerné ? Quelques qualités utiles
Vous voyagez parfois jusqu’au bout du monde pour une « simple » visite – ou en tout cas jusqu’en pleine brousse. Vous êtes confronté à de nouvelles questions passionnantes que personne ne vous a probable- ment jamais posées chez vous, comme p.ex. sur la polygamie ou l’animisme. Vous expérimen- tez une joie et un enthousiasme pour Dieu qui s’expriment par la danse et le chant, comme vous l’avez probablement rarement vu en Europe. Vous pouvez lais- ser des traces, transmettre votre savoir et marquer durablement des personnes sur leur chemin avec Dieu. Sans parler des effets de la multiplication ! Administration et support Les chiffres à plusieurs décima- les et les tableaux excel sans fin font battre votre cœur plus vite. Vous savez rester calme quand un contrat important n’est signé qu’avec une empreinte de doigt sale et lorsqu’un morceau de bois flotté avec quelques chiffres gra- vés dessus doit faire office de piè- ce justificative pour un rapport financier annuel. Les visites de bureaux sont parmi vos activités favorites et vous voyez dans cha- cune d’entre elles l’opportunité de créer des amitiés avec les au- tres personnes qui attendent dans la file. Dans tout cela, vous pouvez savoir que, sans vous, rien ne pourrait fonctionner dans les projets.
stabilité psychique et physique ouverture à la nouveauté flexibilité capacité à travailler en équipe capacité à gérer les conflits amour pour les gens foi personnelle en Jésus Christ volonté d’apprendre une nouvelle langue (selon le pays d’engagement) volonté de créer un groupe de soutien personnel
Artisanat et technique Il y a de la place pour l’im- provisation et la créativité – et même pour une bonne dose ! Idéalement, cela ne vous fait rien d’aller chercher le matériel nécessaire pour votre travail dans le village suivant, voire celui d’après ou encore plus loin – car le trajet jusque là-bas ou la vi- site au marché sont déjà des aventures. Une grande admi- ration pour votre travail vous est assurée de la part de la population.
humour humilité esprit d’aventure
capacité à apprendre capacité d’adaptation collaboration active dans l’église locale bonnes connaissances du français, de l’anglais ou du portugais
Leaders pour le business social
Aucun défi n’est trop grand pour vous ! Vous aimez mettre en œuvre vos propres idées et réaliser de nouvelles idées de busi- ness. Comme une pieuvre, vous mettez la main à tout : l’administration, la planifica- tion et la direction et vous établissez éga- lement des relations. Vous n’avez pas peur de vous engager à fond du premier cri du coq jusqu’au coucher du soleil – car vous pouvez faire ce pourquoi votre cœur brûle avec beaucoup de liberté, et ainsi changer le monde.
(selon le pays d’engagement)
Formation médicale et prévention Vous voyez des choses intéressantes que vous n’aviez encore jamais imaginées : tumeurs énormes, abcès, vers qui sortent de la peau… Vous traitez des mala- dies que la médecine essaie de soigner depuis des années sans succès. Cer- tains vous considèrent comme un faiseur de miracles. Vous sauvez des vies et récoltez une grande reconnaissance.
Prenez contact avec nous ! Par téléphone au +41 (0)24 420 33 23 ou par mail : ecublens@sam-global.org Tous les postes proposés dans ces différents domaines se trouvent sur www.sam-global.fr/postes-a-pourvoir
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