Comment discerner
si je suis appelé au travail interculturel ?
Le rôle de l’Eglise L’Eglise comme terrain d’en- traînement : toutes les qualités de Silas ne sont pas nées du jour au lendemain, mais se sont développées lentement du- rant ses années de service. La collaboration dans l’église de Jérusalem n’était pas du temps perdu. Elle était plutôt l’école et le champ d’entraînement de Dieu pour développer les dons spirituels, accumuler de l’expérience en servant, grandir dans la foi et faire ses preuves dans le service : Dieu prépare Ses serviteurs ! Telle est la per- sonne que Paul choisit. La ques- tion fondamentale n’est donc pas : « Comment puis-je trouver ma place dans le travail inter- culturel ? », mais plutôt : « Com- ment devenir la personne que Dieu pourra employer ? » L’Eglise comme lieu de la vo- cation : Silas a été encouragé dans l’église de Jérusalem ; elle l’a choisi et envoyé à Antio- che pour un court terme. Il y a travaillé dans l’enseignement, l’instruction et les soins pasto- raux. L’église d’Antioche a appris à le connaître, l’a adopté, l’a béni et envoyé, lui l’étranger, en tant que son collaborateur. Nous per- cevons qu’au moins deux égli- ses (Jérusalem et Antioche) ont participé à la préparation, la vo- cation et l’envoi de Silas. La voca- tion fait partie de la vie normale de l’Eglise. Une décision pas privée du tout : sommes-nous capables, comme les responsables de l’église de Jérusalem, de remarquer un Silas
Après Sa résurrection, Jésus a donné à l’Eglise le mandat d’apporter l’Evangile dans le monde entier. L’Eglise entière et chaque chrétien doivent y participer, certains même à plein temps, dans une autre culture. Comment discerner si je suis appelé à ce service par- ticulier ? Comment Dieu don- ne-t-Il une certitude ? La vocation – ce mot évoque im- médiatement des événements surnaturels, tels le buisson ardent de Moïse (Exode 3), l’ange qui ap- paraît à Gédéon (Juges 6), la vi- sion d’Esaïe (Esaïe 6) ou la lumiè- re venue du ciel pour Saul (Ac- tes 9). Ces expériences extraordi- naires marquent notre façon de comprendre le concept biblique de vocation. Dieu peut intervenir spectaculairement, mais Sa di- rection est le plus souvent totale- ment différente, dans l’Ancien et le Nouveau Testament : discrète, silencieuse, progressive. « Mais Paul choisit Silas » Considérons par exemple la vo- cation de Silas, l’un des plus pro- ches collaborateurs de l’apôtre Paul. Concernant sa vocation, nous lisons seulement en Ac- tes 15.40 : « Paul choisit Silas et partit, confié par les frères à la grâce du Seigneur. » On ne voit pas ici que Dieu lui ait parlé di- rectement ; Silas est passif, il ne semble pas impliqué. C’est bien l’apôtre Paul qui est au centre; il se trouve dans une situation dif- ficile, ayant urgemment besoin de collaborateurs. Il pense alors à Silas de Jérusalem, qui avait
accompli un court terme avec lui à Antioche. Paul ne ména- ge aucun effort pour s’attacher Silas comme collaborateur à ses côtés. A première vue, c’est une décision humaine de Paul, motivée par le manque de personnel, les bonnes expérien- ces vécues durant un engagement à court terme et des con- sidérations stratégiques. Mais la direction de Dieu sous-tend tout cela et Silas peut l’accepter comme la vocation de Dieu dans sa vie. Trois principes fondamentaux se dégagent de cet exemple: 1. L’appel de Dieu par les circonstances Dieu utilise des réflexions humaines, des faits et des chiffres. Pour William Carey, le pionnier du mouvement missionnaire moderne il y a 200 ans, les données démo- graphiques de plusieurs pays ont ouvert ses yeux au fait que beaucoup de personnes n’avaient jamais entendu parler de l’amour de Dieu. Pour Nicolas Louis, comte de Zinzendorf, ce fut la rencontre d’un ancien esclave ap- pelé Antoine. Entendant parler de la misère des esclaves des Caraïbes en marge de la fête du couronnement du roi du Danemark à Copenhague, les premiers collaborateurs sont partis pour cette île une année plus tard. Dieu utilise la raison (Ac 14.6), la logique (Ac 16.13), les considérations stratégiques (Ac 13.6), la compassion spirituelle (Ac 15.37), les circonstances (Ac 14.19) et même la persécution (Ac 9.24) pour diriger et donner une certitude. 2. Dieu parle par les autres chrétiens Dieu parle souvent non pas à la personne appelée, mais par d’autres. Pour l’apôtre Paul, c’était Ananias à Damas (Ac 9.15) et non pas Jésus lui-même. Pour Timothée, c’était Paul (Ac 16.3) et pour Jean Marc, Barnabas (Ac 12.25). Dieu utilise régulièrement des êtres humains pour donner une certitude (Ac 9.25, 27, 30 ; 11.25 ; 15.40). La conviction per- sonnelle (vocation subjective) est ainsi complétée par des facteurs et des circonstances extérieures à la personne (vocation objective). Cela crée une assurance qui permet de tenir bon dans les crises. 3. La vocation comme démarche La vocation est souvent un long processus plutôt qu’un événement ponctuel. Pour Silas, ce qui paraît être une dé- cision spontanée de Paul a une longue histoire antérieure, comme on peut le lire dans Actes 15. Silas est un collabo- rateur doué de nombreuses qualités, qui a fait ses preuves dans l’Eglise et consacre sa vie à Jésus.
compétent, de l’encourager, le développer comme dirigeant, lui con- fier des responsabilités et même de l’intégrer dans l’équipe dirigeante pour former la prochaine génération de responsables ? Gardons-nous les yeux ouverts pour des collaborateurs potentiels à court ou long terme ? Donnons-nous une perspective aux jeunes sur ce que Dieu pourrait faire de leur vie ? Leur parlons-nous concrètement des possi- bilités du travail dans le monde ? Leur proposons-nous d’investir une année dans un court terme ? Sommes-nous de ceux qui réfléchissent avec d’autres pour concrétiser des vocations, comme les responsab- les de l’église de Jérusalem ou comme Paul, s’adressant délibérément à des individus ? C’est une question adressée à tous les responsables de groupes de jeunes, d’écoles du dimanche, aux anciens des églises, aux conseillers et aux pasteurs. Oui, telle est notre responsabilité de- vant Dieu. La vocation de Silas n’était pas une décision personnelle et privée. Beaucoup de personnes y ont participé, étaient impliquées dans l’événement, et l’appel de Paul « Il choisit Silas » (v. 40) a donné la certitude finale. Y a-t-il aujourd’hui une telle pénurie de collabora- teurs interculturels, parce que les responsables des églises manquent de courage pour exprimer des vocations, au risque peut-être de per- dre leurs membres les plus actifs ? En envoyant des collaborateurs, une église ne s’appauvrit pas mais s’enrichit. Et moi ? Suis-je prêt à me laisser envoyer, c. à d. à réfléchir et à prier suite à la demande d’autrui, à l’accepter comme une intervention de Dieu dans ma vie ? C’est ainsi que David, Silas, Paul, Jean Marc et Timothée ont vécu leur vocation. Ou voulons-nous prescrire à Dieu comment Il doit nous parler, et n’arriver peut-être jamais à une conviction ? Cette question nous concerne tous, intercesseurs, « encourageurs » appelés à entourer de nos prières les personnes intéressées, à les conseiller et les accompagner personnellement. Nous pouvons tous participer à l’appel et l’envoi de ces gens et avoir le privilège de collaborer avec Dieu. Suis-je disponible pour Dieu ? Il veut ma vie tout entière, et Il la veut aujourd’hui. Il veut agir par moi, dans l’intercession, les encou- ragements, comme soutien et partenaire de la mission, comme per- sonne concrétisant les vocations, en tant que membre d’une église qui envoie, peut-être comme celle ou celui que Dieu envoie. Tout dis- ciple de Jésus est appelé vers son voisin, son collègue au travail, ses connaissances, et certains dans un autre pays. Oui, votre vie compte !
Dr Detlef BLÖCHER a dirigé la Deutsche Missionsgemeinschaft (DMG) de 2000 à 2018
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