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LE TRAVAIL INTERCULTUREL ? PASSIONNANT,

mais...

CERTAINEMENT PAS POUR MOI ! Vraiment ? cette nouvelle, car nous étions motivés à partir et tout était prêt, même les valises étaient quasiment bouclées. Grâce au bon plan de Dieu, nous sommes partis seulement cinq semaines plus tard pour la Guinée. Durant ce temps qui a précédé le départ, des doutes survenaient parfois : est-ce que je suis vraiment fait pour cela ? Je ne suis ab- solument pas un évangéliste ! Mais en Guinée, ce qui importe sur- tout, c’est les relations et les contacts. Offrir de l’attention et du temps à son prochain est très apprécié, même si ce n’est qu’au travers de brèves discussions, et ceci est l’une de mes forces. Le reste est venu tout seul. Nous avons donc vécu en Guinée quatre années précieuses mais également très exigeantes. Nous avons pu apporter nos dons, provoquer des choses, nouer des relations, être des exemples, répondre à des questions sur notre style de vie et nos relations, parler de Jésus au cours de discussions quoti- diennes, croître au travers des tâches et des responsabilités, voir comment des jeunes se sont décidés pour Jésus, sentir combien nous étions appréciés par la population – et bien plus encore. Je pourrais en écrire des pages entières. J’ai trouvé en Guinée une autre patrie, ce que je n’aurais même pas imaginé en rêve quel- ques années auparavant. Pas le mauvais chemin, mais une durée limitée Contrairement à ce que nous avions planifié, nous avons dû inter- rompre notre engagement plus tôt que prévu et de façon brutale, puisque mon épouse a rencontré de graves problèmes de santé à la suite d’une allergie. En l’espace de deux semaines, elle est ren- trée en Suisse avec nos trois enfants, je les ai rejoints un mois plus tard. Ce n’était pas ce qui était prévu ! Quelle suite donner maintenant ? Un tel changement imprévu déclenche beaucoup de choses et nous dépasse un peu. Il faut du temps (beaucoup !) pour digérer les événements et se réhabituer à la « situation suisse ». Mais no- tre Dieu est tellement bon qu’Il a déjà tout préparé pour nous et que nous pouvons nous laisser porter par Lui. Nous n’avons jamais eu l’impression que Dieu nous conduisait dans une impasse ou que nous avions pris le mauvais chemin. Notre mission avait une durée limitée et Dieu sait pourquoi Il a décidé d’y mettre fin plus tôt que prévu. Nous sommes curieux de savoir ce qu’Il a encore en réserve pour notre vie.

« Je suis célibataire – si je pars à l’étranger, je ne trouverai pas de partenaire. » Aujourd’hui, la plupart des gens ne partent plus en mission pour des décennies, mais pour quelques années. Je suis convaincu qu’il vaut la peine d’investir ce temps et de se marier un peu plus tard - car un tel engagement est un gain pour la vie ! Oui, le risque de ne pas trouver de partenaire existe, mais il en est de même en Europe. De plus, il arrive souvent que des couples fassent con- naissance à l’étranger et aient ainsi quelqu’un à leurs côtés qui partage leur vision et comprenne ce qu’ils ont vécu. « Nous avons des enfants. » L’époque où les enfants étaient placés dans un pensionnat éloi- gné et devaient souffrir de la séparation de leurs parents est ré- volue. Aujourd’hui, ils bénéficient d’une bonne prise en charge locale avec des programmes d’enseignement à distance et du personnel à court terme qui s’occupe des cours, à moins qu’ils puissent fréquenter une école internationale à proximité. Pour nous, il est très important de trouver une bonne solution avec les familles. De plus, les enfants bénéficient également de l’engagement de leurs parents : ils grandissent (au minimum) bilingues et acquiè- rent des compétences interculturelles. « Je ne veux pas prendre un tel risque. » Dans nos pays, nous dépensons énormément d’argent pour les assurances. Nous aimons nous assurer nous-mêmes. Eh oui : lorsque nous partons de chez nous, la sécurité diminue dans un certain sens. Mais avec une sécurité réduite, nous avons aussi la chance de devenir plus dépendants de Dieu et d’expérimenter plus fortement Son aide. C’est en Guinée, à l’époque un des pays les plus précaires au monde, où il n’y avait pratiquement pas d’étrangers, que j’ai vécu une des périodes les plus riches de ma vie. J’ai pu expérimenter que nous pouvons prendre le risque de faire confiance à Dieu, qu’Il peut aussi nous garder dans un pays peu sûr et faire une différence avec nous. No risk, no mission : sans risque, pas de mission !

« Je ne suis pas spécifiquement qualifié pour cela. »

Michael MÜLLER

Mon épouse Priska et moi nous sommes rencontrés il y a 18 ans alors que nous étions adolescents. Je savais que Priska n’était pas opposée à un engagement à l’étranger, mais mon point de vue était clair : « Le travail interculturel à l’étranger, ce n’est pas pour moi ». J’étais persuadé que je ne me sentirais jamais à l’aise dans un autre pays et une autre culture. Pris- ka m’a choisi malgré cela, mais elle a toujours gardé en tête l’idée d’un engagement à l’étranger. Après ma formation de ferblantier installateur sanitaire, je de- vais reprendre la société de mon maître d’apprentissage – un rêve semblait se réaliser ! Mais plus la chose devenait concrète, plus j’étais mitigé, même si cela correspondait à mon désir et que j’entretenais une excellente relation avec mon chef de l’époque. Nous avons prié pour être dirigés avec des signes concrets si nous devions refuser l’offre de reprise. Dieu a répondu de manière tout à fait claire et nous avons dû admettre que ce n’était pas la bonne voie. Mais que faire alors ?!

Beaucoup s’attendent à un appel surnaturel comme celui de Paul, par exemple. Mais il existe de nombreux types d’appels différents ! Silas, par exemple, est appelé par Paul qui lui dit : « Viens avec moi ! » - et il part avec lui (plus de réflexions à ce sujet en page 18). Il répond simplement à un besoin. Parfois, nous cherchons trop loin alors que les besoins sont là - et ce serait formidable si plus de gens, comme Silas, disaient simplement : « Je suis là, je suis prêt à servir si on a besoin de moi ». « J’ai peur de perdre mes contacts en Europe. » Oui : le domaine technique ou le médical se développent rapidement en Europe et après quelques années, vous n’êtes plus à jour. Par contre, vous gagnez dans d’autres domaines - par exemple dans les compétences interculturelles, si impor- tantes dans nos sociétés aux origines de plus en plus variées. En outre, vous avez souvent l’occasion de vous développer en tant que leader et d’assumer des tâches de gestion qui prendraient beaucoup plus de temps chez vous. Vous avez plus de place pour être créatif, pour vous développer, pour voir grand, pour réaliser des visions et des idées - en Guinée, par exemple, j’ai pu découvrir des dons dont je ne savais rien auparavant. En Europe, notre tâche est plus étroitement définie, beaucoup travaillent davantage comme spécialistes dans un domaine seulement et tous nos dons et capacités ne peuvent pas forcément se développer. « Je n’ai pas assez de talent pour m’engager à l’étranger. » Beaucoup pensent encore que les employés interculturels sont des surhommes et des surfemmes. En Europe occidentale, nous recevons une formation supérieure à la moyenne mondiale. Toute personne ayant terminé un apprentissage ou une autre for- mation en Belgique, en France ou en Suisse a énormément à donner dans nos pays d’engagement. Nous nous sous-estimons souvent sur ce point. Voici les conditions les plus importantes pour une mission : la flexibilité, la volon- té d’apprendre une langue étrangère et le désir de servir, de transmettre son savoir-faire et de partager l’amour de Dieu.

Un sentiment, un entretien, un engagement à court terme

Un soir peu après, j’ai soudain eu le sentiment très fort que Dieu voulait nous engager à l’étranger, et MOI en particulier. Ce senti- ment ne m’a plus quitté et j’en ai parlé à mon épouse. Elle était tout excitée, car ce même jour, elle avait dit à Dieu qu’elle accep- tait de rester pour toujours là où nous étions et qu’elle était prête à ce qu’Il l’utilise en Suisse. Et me voilà avec cette idée saugrenue ! Mais Dieu avait parlé de manière si claire et évidente que je ne pouvais l’ignorer. J’ai rapidement appelé le responsable du grou- pe mission de notre communauté qui, étonnamment, s’attendait à ce que nous prenions contact avec lui ! Quinzeminutes plus tard, il était chez nous. En résumé : après un engagement de courte durée en Guinée avec SAM global, notre feu intérieur n’a fait que s’intensifier. Nous avons décidé que nous voulions nous engager pour un long terme. Motivés, nous avons débuté notre prépara- tion par des études de théologie et de langue. Pour nous, il était clair dès le début que l’engagement serait limité à une durée de 8 à 10 ans, à moins que Dieu ne nous dise autre chose. Apporter ses dons, provoquer des choses… Nous avions prévu de partir en été 2014 au Cameroun – mais deux semaines avant notre départ, ces plans ont été abruptement stoppés par les attentats de Boko Haram. Nous étions anéantis par

Jürg PFISTER, directeur de SAM global

Michael MÜLLER, ancien responsable du projet ActionVIVRE Sud, Guinée

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