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Comment s’organise l’école ?

Emmener des enfants en âge scolaire à l’étranger, n’est-ce pas irresponsable ? Ils seront assurément désavantagés s’ils retournent un jour dans leur pays d’origine. Et puis, comment fonctionne générale- ment l’école dans un tel pays ? Quand on prépare un engagement avec des enfants en âge scolaire, de très nombreuses questions se posent. Alors qu’autrefois il était normal qu’ils vivent dans un internat très loin de leur famille, d’autres solutions existent de nos jours. Sarah Büchli, mère de quatre enfants, raconte : J’ai moi-même grandi en Afrique de l’Ouest. A cinq ans, j’ai été scolarisée dans une école de village. Le seul autre enfant blanc là-bas était mon frère aîné. Des classes très remplies avec des enfants qui ne possédaient ni table ni chaise à la maison, encore moins un stylo à bille, et des maîtres avec des méthodes éducatives assez rudes, faisaient partie de mon quotidien à l’école. C’est ainsi que j’ai passé mes trois premières années de scolarité. Ensuite nous avons changé pour une école privée fran- çaise non loin de là. L’école locale n’est parfois pas une option Lorsque nous sommes arrivés en Guinée en 2012, nous pensions également envoyer nos enfants dans une école locale. Mais nous vivons dans une petite ville très décentrée du pays. Il n’y a pas d’écoles internationales et même dans les écoles privées des églises, les con- ditions sont difficiles : enseignants mal formés et mal payés, classes comptant jusqu’à 60 élèves, pas de ma- tériel d’enseignement, menaces constantes de grèves, troubles politiques et épidémies, etc. La pensée de sco- lariser notre fille dans ces conditions n’était pas très ras- surante. Le matériel d’enseignement dans un colis Nous nous sommes donc décidés pour une autre so- lution : l’école à distance allemande et l’engagement d’aides-enseignantes. Chaque été, le matériel pour toute l’année arrive dans un colis : des leçons toutes prêtes, des feuilles d’exercices, des tests, des idées de bricolage. Avec les aides-enseignantes, souvent des courts-termes, nous établissons un horaire de classe

pour les enfants de l’équipe qui suivent différents degrés scolaires. Les jeunes filles préparent les leçons à l’aide du matériel et les complètent avec leurs propres idées. Elles sont également régulièrement en contact avec l’école à distance. Selon leur nombre, une partie des enfants de différents degrés suivent la leçon ensemble, et le reste de l’enseignement est individuel. En raison du peu d’élèves dans la classe, les aides-enseignantes ont le temps de ré- pondre aux difficultés de chacun. Cela convient bien aux enfants, ils aiment leur école et, de mon point de vue, le matériel est très bon et prépare de manière optimale pour l’intégration à l’école en Europe. Manque de copains et risque de tensions Malgré tout, ce système a évidemment ses limites : dans notre petite école se trouvent seulement nos enfants et ceux de nos collègues de l’équipe. En particulier quand les enfants sont plus âgés, il leur manque à la longue un groupe de copains, ce qui est pour nous la raison princi- pale de notre retour en Suisse en été 2020. Le fait que les collègues de l’équipe soient les seuls au- tres parents d’élèves comporte un risque de tensions. Si une famille avait par exemple le sentiment qu’un autre enfant perturbe l’enseignement, cela pourrait amener des problèmes dans l’équipe. Ce serait dévastateur, car pour que le projet fonctionne une collaboration étroite et des échanges réguliers sont importants. Je suis donc très heureuse de la bonne ambiance dans notre équipe ! Une bonne solution Nous sommes convaincus qu’il faut de nos jours encore « incorporer » le mandat de Jésus : nous devons Lui obéir de façon à Le ressentir dans notre propre vie, dans notre propre corps. Nous prenons des risques, nous renonçons à certaines choses, nous essayons de faire confiance. Quand nous faisons cela en famille, les enfants sont auto- matiquement inclus. Il est vrai qu’ici nous sommes privés de quelques avantages des écoles suisses, mais nous pouvons quand même leur offrir une très bonne forma- tion scolaire. C’est un privilège !

Difficile d’imaginer une enfance plus belle

J’ai demandé à mon fils de huit ans : « Qu’aimerais-tu pour Noël ? » Sa ré- ponse : « Un sac de bonbons, ça serait parfait. » Cette modestie me touche. Pour nous, de petites choses, qui en Europe sont monnaie courante, sont spéciales. Nous apprécions en Afrique les joies sim- ples de la vie : une excursion au lac, du pain autour d’un bâton sur un feu dans notre propre cour, une nuit dehors sous les étoiles. Nos enfants peuvent ici très bien s’occuper dans la nature : ils construisent des arcs et des flèches, cueillent les fruits des arbres ou vont pêcher des poissons dans le ruisseau d’à-côté. Gazelles, hiboux et canards comme animaux de compagnie Durant notre temps ici, nous avons pu aus- si avoir toutes sortes d’animaux « domes- tiques » : chiens, chats, poules, canards, lapins, tortues, un énorme escargot géant africain, un jeune hibou, une petite gazel- le et même une fois un serpent non veni- meux (que nous avons quand même assez vite relâché dans la nature). Je trouve su- per que les enfants puissent grandir avec des animaux. C’est beaucoup plus simple ici en Guinée parce que nous avons plus de place qu’en Europe. Sinon, nous jouis- sons aussi de beaucoup de liberté – grâce à la prise en charge personnalisée des en-

très ouverts face aux personnes qu’ils ne connaissent pas. Ils ont appris que les gens peuvent avoir d’autres priorités dans la vie et qu’onpeut aussi avoir des amis qui vivent de manière totalement différente de soi. Ils savent d’où vient la viande (ils ont déjà été plusieurs fois à l’abattoir), comment on fait soi-même des lasagnes et peuvent laver leurs affaires à la main. Ce n’est peut-être pas ce qui est le plus demandé en Suisse, mais ce sont tout de même de bonnes ex- périences. L'image de la famille a laissé sa marque sur nous Notre cadet a récemment dit : « Ici les per- sonnesâgéesaimentvraiment lesenfants ! » C’est bien que lui aussi l’ait remarqué. La fa- mille est très importante dans le contexte africain. Ce « vivre ensemble » et « les uns pour les autres » nous a également mar- qués au cours de notre séjour. Deux à trois fois par jour, nous nous réunissons tous autour de la table pour manger. Tous les week-ends nous allons faire des excursions ou des jeux. Quelle famille en Suisse peut en dire autant ?

fants par des aides-enseignants, nous ne sommes pas dépendants des vacances scolaires. Nous pouvons décider en famille quand nous prenons des vacances et aussi entreprendre une excursion une fois par semaine avec l’équipe. De plus, nos gar- çons peuvent être encouragés de manière optimale et individuelle dans ce système scolaire. Il est plus difficile de créer des amitiés profondes Naturellement, il leur manque des camara- des du même âge et de la même culture. Les amis africains viennent pourtant sou- vent pour jouer tranquillement ensemble, mais plus les enfants grandissent, plus il est difficile de créer de fortes amitiés. Les en- fants du voisinage doivent souvent aider à la maison, sont coincés à l’école ou doivent aller à l’école coranique. Même si les en- fants se débrouillent pour se comprendre en français, ce n’est pas la même chose que de communiquer dans sa langue mater- nelle. Beaucoup de riches expériences Et pourtant, une enfance plus belle qu’en Afrique est presque inimaginable pour nous : on peut rester dehors toute la jour- née, courir sous la pluie, être dans la voi- ture sans siège enfant (ils n’aiment pas du tout cela en Suisse) et on trouve toujours quelqu’un pour jouer. Nos enfants sont

Sandra TOGGENBURGER est rentrée en Suisse avec sa famille cet été, après 8 ans d’engagement auprès d’ActionVIVRE Sud en Guinée.

Sarah BÜCHLI, ProESPOIR, Guinée

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