Mots d’enfants Les enfants voient le monde à travers des yeux dif- férents – y compris bien sûr les gens et la culture des pays d’engagement.
Une femme bien est une femme qui... les valeurs familiales autrement
Famille Vögeli, Guinée (depuis 2013)
Famille Ringger, Cameroun (2010-2016) et Sri Lanka (depuis 2019)
Abigajil a attaché sa poupée sur son dos avec un linge pendant le service de baptêmes, s’est dirigée vers les femmes locales et s’est assise au milieu du premier banc entre les autres femmes qui portaient leurs enfants. Dès qu’Amos a su marcher, il s’est rendu régulièrement à l’atelier du menuisier derrière la maison pour « aider et contrôler ». Il était à chaque fois accueilli par un « Bon- jour, superviseur ! » Son tout premier mot a été « tappu- go » (planter un clou). Abigajil, à l’âge de quinze mois, aidait une voisine de notre quartier à laver le linge dans une bassine. Quand le petit garçon de la femme s’est approché d’elle et a voulu jouer avec l’eau de la lessive, elle lui a dit : « Laisse ! » du même ton fort et décidé que sa mère et a continué à frotter avec habileté.
Lors de son premier séjour en Suisse, Céline (alors âgée de trois ans) enlevait toujours ses chaussures avant d’entrer dans une maison, comme il est d’usage en Gui- née – mais elle pensait que cette règle était aussi valable pour l’église ou le supermarché. Lorsque Céline a appris à parler, elle ne pouvait pas nom- mer les différentes langues. Le suisse-allemand est tout simplement devenu « le blanc » (la langue que parlaient les blancs autour d’elle) et le français s’appelait « le noir » (la langue que parlaient les gens du pays). Cela sonnait ainsi : « Maman et papa parlent blanc et nos voisins par- lent noir ». Récemment, Céline a expliqué à un maçon qui travail- lait avec nous qu’on ne doit pas battre ses enfants s’ils n’obéissent pas. On doit les mettre dans une pièce, fer- mer la porte et revenir au bout de dix minutes pour parler gentiment avec eux. Céline aime aussi parler de Dieu : « Le vrai Dieu peut gué- rir les malades et laisser pousser dix arbres en une minu- te. » Céline est revenue enthousiaste de l’une de ses pre- mières journées d’école : « C’est la meilleure école du monde entier ! » - elle était la seule élève de son profes- seur…
Gaëlle et Cédric vivent avec leurs deux enfants en Guinée et s’investissent dans l’église et dans le travail auprès des familles. Jus- tement dans le cadre de cette der- nière activité, ils sont confrontés à des questions et valeurs tout à fait différentes de celles auxquelles ils sont habitués. « Pasteur, comment se fait-il que vos enfants soient si joyeux, éveillés et intelligents ? » Nous avons récem- ment posé cette question à l’un de nos collaborateurs de l’Eglise Protes- tante Evangélique de Guinée (EPEG). Il est le coordinateur national pour le travail parmi les enfants, soute- nu et encouragé depuis des années par SAM global. Sa réponse a été un grand encouragement pour nous : « C’est le résultat des enseigne- ments des dernières années. Ce que j’apprends, je ne le transmets pas seulement, j’essaie de le vivre tout d’abord dans ma propre famille. » Plus nous travaillons ici, plus nous réalisons combien le travail parmi les couples, les familles et les en- fants est vital – non seulement pour le bien des familles, mais aussi pour la croissance de l’Eglise et le déve- loppement de la société guinéenne. Des structures familiales différentes Les familles guinéennes com- prennent généralement cinq à huit enfants, parfois plus. La famille afri-
ne sont pratiquement pas stimulés. Lors d’une formation récente avec 50 mères, elles ont toutes été sur- prises d’apprendre qu’il est bien de jouer avec les enfants. Les mères avaient peur qu’ils perdent leur res- pect et deviennent récalcitrants si elles se mettaient au même niveau qu’eux. En classe aussi : avec 80 à 100 élèves, il est difficile de dévelop- per l’intelligence et la créativité des enfants. La famille est le premier lieu Nous vivons maintenant depuis 10 mois en Guinée avec nos deux en- fants de 10 et 12 ans. Nous avons vraiment réalisé ici seulement la si- gnification de la vie de famille. La fa- mille est le premier lieu où l’identité est construite et la foi transmise, où les enfants sont encouragés et leur potentiel révélé. Dans les diver- ses formations que nous donnons pour les couples, les dirigeants, les responsables de l’école du diman- che, les parents, dans les camps d’enfants, etc., nous essayons de transmettre que l’amour de Dieu se voit de manière très concrète dans nos relations les uns avec les autres. Et ceci en premier lieu dans la famil- le.
caine élargie se compose souvent de trois générations et beaucoup de personnes qui doivent être nourries dans un contexte de pauvreté extrê- me. Il n’est pas rare qu’un homme ait plusieurs femmes. Il en résulte des rivalités, des traitements injustes et des problèmes pour la vie commu- ne. En même temps, l’infidélité con- jugale est très répandue et souvent banalisée. En plus, les couples sont confrontés aux conséquences de l’excision, qui rendent la sexualité sensiblement plus difficile. De quoi sont faites les relations ? On nous a dit récemment : « En Guinée, une bonne épouse est une femme qui obéit bien et cuisine bien. » L’Eglise essaie de donner un autre message. Nous aimerions fa- voriser le dialogue entre les époux et encourager leur solidarité. Nous aimerions enseigner aux couples à vivre une relation qui soit emprein- te de la Bonne Nouvelle de Jésus- Christ et non seulement des coutu- mes et devoirs traditionnels. Pas d’encouragement des enfants Alors qu’en Occident, les enfants sont souvent au centre de la famille, parfois même trop, les petits Gui- néens sont fréquemment livrés à eux-mêmes. Les adultes ne s’en oc- cupent que très peu et les enfants
Famille Toggenburger, Guinée (2011-2019)
Eloan raconte à un visiteur étonné de Suisse qu’une fois notre gardien a tué un Coran. Après quelques recher- ches, il comprend qu’Eloan voulait dire un varan. Quand Amael avait trois ans, on lui a donné une petite batterie de cuisine pour Noël. Sans hésiter il est sorti, a pris trois pierres et en a formé une cuisine guinéenne ty- pique, sur laquelle il a ensuite posé ses marmites. Erinn : « Quand je serai grand, je veux une profession qui ne soit pas trop stricte, qui donne beaucoup de sous et qui soit passionnante. Par exemple, missionnaire. » Lors de notre premier séjour au pays, nous sommes allés au restaurant et nous étions tous impatients de manger des escalopes, des frites et autres produits du même genre. Pendant la lecture du menu, Amael (alors trois ans) a commencé à pleurer : « Mais moi, je veux du riz avec de la sauce ! »
Famille Diallo, Guinée (depuis 2017)
Nous avons croisé une femme voilée. Marc Lamine (alors âgé de deux ans et demi) a pointé le doigt vers elle et a dit : « Maman, la femme est drôle ! » J’étais un peu gênée (même si elle n’avait évidemment pas compris), surtout que je ne pouvais pas lire sa réaction sur son visage. Mais elle a réagi très poliment à mes salutations. Au fur et à mesure que nous avancions, j’ai demandé à Marc ce qui était si drôle. Il a dit : « Elle s’est cachée » et s’est mis à rire.
Gaëlle et Cédric CHANSON, ProTIM 2-2-2 Kissidougou, Guinée
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