Finances News Hebdo N° 1071

JEUDI 30 JUIN 2022 /

FINANCES NEWS HEBDO

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DOSSIER TPME

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Financement alternatif

◆ Les conditions strictes imposées par le régulateur sont liées à la nature récente de l’activité au Maroc. ◆ La question de la viabilité et de la pérennité du business model des plateformes de crowdfunding est un sujet central. Le crowdfunding sur les rails

N euf circulaires de Bank Al-Maghrib (BAM) ont complété récemment le dispositif prévu pour encadrer le financement collaboratif au Maroc. Ces circulaires ont été portées à la connaissance du grand public après l’avènement de la loi 15-18 et le décret portant sur le crowdfunding, adopté en Conseil de gouvernement le 19 mai 2022. Ces circulaires lèvent le voile, entre autres, sur les modalités et conditions à suivre par les gestionnaires des pla- teformes, les porteurs de projets et les contributeurs pour les opérations de financement par prêts et dons. Pour Sarah Jaidi, fondatrice de Kiwi Collecte, une plateforme de collecte d’argent sous forme de dons, l’initia- tive tombe à point nommé, puisqu’elle était très attendue. «Nous avons opté pour le don car l’activité est encore nouvelle au Maroc. La sensibilisa- tion du grand public aux bienfaits du crowdfunding pour le financement de projet ou d’entreprise sera un travail de longue haleine» , confie la jeune entrepreneure, convaincue que le don est, dans un premier temps, plus facile à expliquer et à comprendre par le grand public au Maroc. En effet, la mise en place d’une pla- teforme spécialisée dans le prêt est beaucoup plus complexe en termes de logistique, notamment la gestion des flux financiers (remboursements), et celle des risques relatifs au non- remboursement. A la question de savoir si la plé- thore d’exigences imposées pour la demande d’agrément auprès de BAM n’est pas de nature à limiter le nombre de plateformes spécialisées dans le crowdfunding, Sarah Jaidi ne manque pas d’attirer l’attention sur le risque de barrières à l’entrée que pourraient générer les contraintes dévoilées par les récentes circulaires de la Banque

leurs charges de fonctionnement, tout en investissant dans la com- munication pour se faire connaître. Faudrait-il le souligner, tout l’enjeu pour les nouvelles plateformes est de s’imposer comme une référence en matière de collecte d’argent destinée au financement de projets. Notons que généralement, les plateformes de financement collaboratif qui génèrent des charges variables (transactions, conformité juridique, etc.) prélèvent une commission sur le total collecté, quel que soit le montant. «En plus du business model classique, nous sommes à la recherche d’inves- tisseurs qui veulent s’impliquer dans le développement du Maroc, à travers l’encouragement de l’entrepreneuriat social», explique Sarah Jaidi. Dans l’optique d’alléger les coûts de fonc- tionnement des plateformes, BAM travaille avec d’autres acteurs pour la mise en place d’une tarification moins lourde pour les paiements et les tran- sactions bancaires. Soulignons qu’il existe d’autres pistes de monétisation des plateformes de crowdfunding. A titre illustratif, citons la possibilité de dépenser l’argent collecté chez un partenaire d’une plateforme quand il s’agit d’un projet dont la réalisation nécessite beau- coup de dépenses. Dans ce cas de figure, ce sont les partenaires qui rémunèrent directement la plate- forme. L’autre piste de nature à mul- tiplier les sources de financement est la possibilité pour une plateforme d’adresser d’autres marchés via la location d’espace à des entités spé- cialisées dans le crowdfunding. A ce titre, force est d’admettre que le marché africain pourrait être un relais de développement pour les futures plateformes marocaines de crowd- funding, lesquelles suscitent d’ores et déjà beaucoup d’entente auprès des jeunes porteurs de projets. ◆

Sarah Jaidi, fondatrice de Kiwi Collecte : «Nous sommes à la recherche d’investis- seurs qui veulent s’impliquer dans le déve- loppement du Maroc, à travers l’en- couragement

de l’entre- preneuriat social».

centrale. «Les conditions strictes imposées par le régulateur sont liées à la nature récente de l’activité au Maroc. Celles-ci traduisent aussi la nécessité de protéger les porteurs de projets à financer et les contribu- teurs» , analyse notre interlocutrice. Quid de la viabilité du business model ? La question de la viabilité et de la pérennité du business model des plateformes de crowdfunding est un sujet central. D’ailleurs, la fondatrice de Kiwi concède que le benchmark international avec l’Europe montre que les premières années sont assez problématiques pour les plateformes de financement collaboratif, qui doivent être en mesure de couvrir

Généralement, les plate- formes de financement collaboratif prélèvent une commission sur le total collecté, quel que soit le montant.

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