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ECONOMIE
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JEUDI 30 JUIN 2022
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Energies fossiles en Afrique
Entre désir et réalité L es besoins de l’Afrique en énergie poursuivent une forte croissance, en raison de son boom démographique. En 2050, la population africaine Par Omar Fassal *
doublera à 2,5 milliards d’habitants; autant de besoins énergétiques aux- quels il faudra trouver réponse. Non seulement la population augmente, mais la consommation énergétique par habitant est également appelée à aug- menter, pour rehausser le niveau de vie. En effet, la consommation élec- trique d’un Africain représente à peine 1% de celle d’un Norvégien. Il existe une corrélation forte - et linéaire qui plus est- entre le développement social et la consommation énergétique. L’Afrique a indiscutablement besoin de plus d’énergie pour rehausser son niveau de vie. Le taux d’électrification est passé de 42% en 2015 à 54% aujourd’hui. Mais il ne s’agit pas uni- quement de permettre l’accès à l’élec- tricité pour tous, il convient également de le faire avec un réseau de qualité. Sur un classement de la qualité du réseau qui regroupe 195 pays, le pre- mier africain dans le classement est le Maroc, viennent ensuite le Gabon à la 138 ème position, le Ghana à la 144 ème position, l’Afrique du Sud à la 145 ème position…On le voit : la qualité du réseau électrique et sa stabilité restent fortement à améliorer. Ils seront indis- sociables d’un développement écono- mique serein. L’Afrique contribue à l’effort mondial de réduction des gaz à effet de serre même si sa contribution au problème est marginale. L’Afrique n’émet que 3,8% des gaz à effet de serre; les émissions de carbone d’un Nigérian représentent 2,8% des émissions d’un Américain. Ceux qui pensent que l’Afrique ne peut pas se développer sans énergies fossiles, sans puiser tout le pétrole et le charbon contenu dans son sous-sol, mettent ce paradoxe là en avant. Ils réclament pour l’Afrique
Les pics de pol- lution dans les grandes villes chinoises sont
devenus invivables, et leur fréquence ne fait qu’augmenter.
le droit de polluer pour se développer, tout comme les Occidentaux l’ont fait auparavant. Mais la donne se complique, car les banques internationales actives sur le continent et les institutions multi- latérales de développement refusent désormais en grande partie de finan- cer certains secteurs qu’elles ont pla- cés en liste grise en vue de réduire leur empreinte carbone : centrales à charbon, production pétrolière…, alors que les besoins de la population sont encore loin d’être assouvis. Les opé- rateurs locaux doivent se tourner vers des investisseurs locaux (voire conti- nentaux) qui vont accepter de prendre le relais sur ces projets, qui ne peuvent disparaitre du jour au lendemain par un coup de baguette magique. L’embargo imposé par les Européens sur la Russie a changé quelque peu la donne. L’Europe cherche à importer du charbon du Botswana, et à trou- ver des fournisseurs alternatifs de gaz et de pétrole sur le continent. Et le continent est riche en ressources fos- siles, avec de nouvelles découvertes qui ne cessent de révéler l’étendue de son potentiel, comme celles au
Mozambique, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal et Mauritanie. Mais les finan- ciers internationaux accepteront-ils de s’engager dans ces investissements à long terme, sachant que la crise ukrai- nienne ne changera pas la donne de façon structurelle ? Les impératifs de réduction des émissions continueront de s’appliquer avec une COP27 prévue bientôt en Egypte. La Chine, qui semblait convaincue qu’un pays en voie de développement avait le droit de polluer pour se déve- lopper, essaie désormais de réajuster son modèle. Cela n’est pas évident pour une économie qui représente simultané- ment le premier producteur d’électricité au monde et le premier émetteur de carbone au monde. La Chine en ressent de plus en plus le besoin, car les pics de pollution dans les grandes villes chinoises sont devenus invivables, et leur fréquence ne fait qu’augmenter. Les coûts économiques de ces pics sont bien réels, et se font ressentir lorsque le pays impose des restrictions pour faire passer un pic de pollution : freins à la mobilité des personnes et des marchan- dises, baisse de l’activité économique, coûts sanitaires avec des maladies
L’Europe cherche à
importer du charbon du Botswana, et à trouver des fournisseurs alternatifs de gaz et de pétrole sur le continent.
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