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CULTURE
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JEUDI 30 JUIN 2022
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Au Backstage
◆ Elle était à Casablanca pour le Gnaoua Festival Tour. Cette belle berbère n'a pas failli à sa réputation de grande artiste, soulevant «moult tempêtes» à chacune de ses apparitions sur scène. On comprend. Zahra Hindi, fraîche comme une fleur N ée en 1979 à Khouribga, Zahra Hindi est tombée dans le chaudron de la musique Par R. K. H.
Prix Constantin et Victoire de la musique dans la catégorie Album de musiques du monde. Scandaleusement douée, elle savait tout faire, embrassant un éclectisme musical unique. Du folk à l’amazigh, du rock au blues, du jazz au gnaoui, elle absorbe tout et garde seulement de quoi rendre sa musique essentielle. On y per- çoit surtout la chanteuse aux prises avec elle-même, un souffle de voix qui caresse son auditoire... Quelques années plus tard, elle s’installe à Marrakech, finalise son second album «Homeland», sorti en 2015. De ses rencontres et flâne- ries à travers les venelles capi- teuses de la médina sont nées des joyaux musicaux comme Silence , Any story ou encore Un jour . Lorsqu’on lui demande si ses tiroirs contiennent des projets, la belle, comme une déesse, ardente et fichtrement talent- tueuse, rétorque avec superbe : « J'ai présenté, ce soir, un des titres composés récem- ment avec un jeune produc- teur marocain : Familionnaire. Celui-ci opère beaucoup dans le rap, mais il est très musical (…) Même si je vais continuer à travailler avec les artistes marocains, je vais aussi com- mencer à chanter un tout petit peu en Darija, chwiiiiiia (rires)», confia-t-elle. Casablanca, le 17 juin 2022 Gnaoua Festival Tour, donc. Après que le talentueux
toute petite. Quand on sait que des membres de sa famille sont l’âme fervente des ardents Oudaden - interprètes de musiques traditionnelles amazighs -, et que son grand- père était naguère danseur et que les femmes de sa famille étaient des artisanes, on com- prend que la digne rejeton d’un si flamboyant lignage soit artiste dans l’âme. Cancre, elle réalise tôt son incompatibilité avec le moule enseignant. Aux bancs incon- fortables de l’école, elle pré- fère la musique; elle passait ses journées à écouter de manière compulsive toutes les chansons, toutes les musiques qui se mettent à portée de son oreille friande. Elle était habitée par la musique. A 18 ans, elle commit ses pre- mières mélodies. Puis, elle enchaîna pendant une décen- nie les boulots incertains (dont un au musée du Louvre) pour civiliser les fins de mois. Elle n’avait pas cependant abdi- qué son rêve de devenir musi- cienne. Elle avait ainsi fixé son cap, et s’y tenait. Sans crier gare, elle s'est mise à cultiver sa vocation naissante. C’est ainsi que son premier album «Handmade» vit le jour en 2010 – et pour lequel elle reçut deux récompenses :
Khalid Sansi a élégamment tiré sa révérence à un audi- toire conquis, Hindi Zahra s’apprête à illuminer le pas- sage du maalem Ismail Rahil, en fusion avec le Trio Assala (composé de Omri Mor, Mehdi Nassouli, Karim Ziad) & Jowee Omicil. Depuis la coulisse, on perçoit nettement l’immense clameur de la foule. Elle, elle en fut submergée. « J’ai rare- ment joué à Casablanca , nous dit-elle. Tu sais, un de mes premiers grands concerts était lors du mythique festi- val de Casablanca. Et c'était très important pour moi. Parce qu’à cette époque-là, je ne m’étais jamais produite devant autant de gens, devant un grand public... Une énergie magnifique et magique régnait. Dans les grandes villes comme Paris, Londres, New York… le public est généralement plus dur. Par contre, ici, j’ai tou- jours eu un accueil formidable.
De là, je peux être déçue par plein de choses, mais jamais par le public marocain ». Un regard jeté sur l’audi- toire, Hindi Zahra s’emballe : au mieux de sa forme, elle fit sensation, sortit ses tripes, enflamma l’auditoire… « Je me décompense sur scène sans compter. Surtout, lorsque tu te trouves devant un public qui te réclame… Tu ne peux pas !!! », confesse-t-elle. Les heureux élus en ont eu pour leur dévouement. Jamais la prodige ne chante comme lorsqu’elle se trouve sur son sol ancestral. Sa voix avait à la fois la pureté boulever- sante d’un chant d’amour et un rapport féroce à la terre. Véritable bête de scène, elle était solaire, hypnotique et proche du public, avec lequel elle ne cessait de danser. Tout court, Zahra a un torrent de musique qui court dans ses veines. ◆
Du folk à l’amazigh, du rock au blues, du jazz au gnaoui, elle absorbe tout et garde seulement de quoi rendre sa musique essentielle.
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