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JEUDI 23 JUIN 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Gnaoua Festival Tour
◆ Gnaoua festival tour a convié, les 16 et 17 juin au complexe Mohammed V, à Casablanca, tous ceux qui voulaient s’immerger pour un moment dans la magie de l’héritage gnaoui saupoudré de musique du monde. Des jours de transe-immense P lus le Festival Gnaoua et musiques du monde mûrit, plus il se bonifie. Il n’a mencer il y a une bonne petite heure; chose qui n’a pas été faite à cause du Derby (RCA vs WAC). On aurait refusé à l’équipe technique d’y accé- der, jusqu’à ce que le terrain se dépeuple des joueurs et tout le tralala qui suit. Par R. K. Houdaïfa
voir. Hassan Boussou, Piers Faccini, Soukaina Fahsi, Cyril Atef & Malik Ziad prennent le relais. Et on entrevoit particu- lièrement la belle et féconde idée de décloisonner les genres, en les entremêlant, en les faisant cohabiter dans le même espace. L’ensemble a enchanté la foule par la poésie qui s’exhale de ses chants, où se mêlent finesse et dérision, espérance et désenchantement, au son mélancolique du guembri. Le lendemain, des spec- tacles souples, aux jolies couleurs, s’offraient à notre vue ravie. Avec une mention particulière à Maalem Abderrahim Oughassal, à Khalid Sansi, et, bien entendu, à Maalem Ismail Rahil, au Trio Assala (composé de Omri Mor, Mehdi Nassouli & Karim Ziad) & Jowee Omicil, illuminé par l’émouvante Hindi Zahra. Au mieux de sa forme, cette dernière a fait sensation; elle sortit ses tripes, se décom- pensa sans compter sur scène… Tous savaient qu’ils allaient avoir leur content de mélodies suaves, de rythmes électrisants et de sons délec- tables. Au rayon des concerts trépi- dants, il convient de ranger celui donné par Cimafunk. Cette fine lame du groove fit merveille par ses gesticula- tions débridées, ses haran-
jamais dérogé à cette gra- duelle montée au firmament. On avait beau croire connaître l’immense talent de ce festi- val, voilà qu’une bonne stu- peur à nouveau nous guettait. « Quelques mois à peine après l’inscription de la culture des Gnaoua au patrimoine cultu- rel immatériel de l’Unesco en décembre 2019, la crise sani- taire a entraîné le report du festival, et encore aujourd’hui pour la 3ème fois », soulignent les organisateurs. Et d’expli- quer que « le festival s’est alors réinventé pour proposer cette année un projet culturel de résistance, le Gnaoua Festival Tour. Un festival itinérant qui sillonne plusieurs villes du pays (d’Essaouira à Rabat, en passant par Marrakech et Casa -ndlr), pour que les Gnaoua soient célébrés chez eux, dans chacune de ces villes ». Bienvenue à Casaaa ! Jeudi 16 juin. Il est un peu plus de 21h30. Les organisateurs s’efforcent d’afficher le sou- rire, mais le cœur n’y est pas. La raison ? Maâlem (maître gnaoua) Rachid Hamzaoui et sa fille Asmaa devaient com-
Pendant que les cris d’impa- tience se faisaient entendre, les artistes invités conti- nuaient de se succéder sur la scène plantée sur l’esplanade du complexe Mohammed V pour se consacrer à l’exercice patient des balances de son. Il est maintenant 22h. Gamins, ados, jeunes et moins jeunes se tiennent tranquille- ment derrière les barrières. Certains d'entre eux n’hé- sitent pas à tromper la vigi- lance des agents de sécurité pour investir le carré des VIP. Quand l’animateur demandait aux spectateurs de faire du bruit, il ne savait pas qu’il prê- chait des convertis. Ce n’était pas du bruit, mais une défla- gration ininterrompue. Les artistes n’avaient même pas besoin de chauffer le public, il était à «bloc». Quand les gnaoua, munis de tambours et de crotales, entraient en scène, l’exci- tation était palpable. Leurs rythmes endiablés, puis leurs chants sur la mal-vie des esclaves, les maâlems défunts et les saints patrons, ainsi que leurs danses ponc- tuées tout en sensualité fai- saient plaisir à entendre et à
Hindi Zahra, fraîche comme une rose
gues, ses sauts de cabri…, sous des rythmes si entraî- nants que les lieux furent vite convertis en une gigantesque piste de danse sur laquelle on se piétinait allègrement. Les heureux auditeurs de ce projet en étaient reconnais- sants. Et l’on a vu, lors de cette escale à Casablanca, comment ils communiaient dans un jouissif recueillement pendant les concerts, pour, à la fin, faire en chœur des ovations debout aux artistes. Les rappels étaient mon- naie courante, récompenses insignes à des prestations magistrales. ◆
Des spectacles souples, aux jolies couleurs, s’offraient à notre vue ravie.
*Après le complexe Mohammed V, Gnaoua festival tour a posé ses enceintes à l’Uzine de Casablanca le 19 juin. Il sera par contre à Rabat les 23 et 24 juin (Théâtre national Mohammed V et Cinéma la Renaissance).
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