FNH N° 1155

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 6 JUIN 2024

ECONOMIE

primordial. «Aujourd’hui, nous ne savons pas combien d’ingénieurs nous avons au Maroc, excepté ceux qui travaillent dans la fonction publique car ils sont recensés. Mais pas de statistiques concernant ceux travaillant dans le secteur privé. Tout simplement parce que nous n’avons pas un Ordre des ingénieurs, ce qui fait que le métier n’est pas régle- menté» , révèle-t-il.

Et de poursuivre : «Si nous avions un Ordre, tous les ingénieurs travaillant au Maroc et même ceux travaillant à l’étranger y seraient inscrits. Par exemple, dans certains pays, surtout au Moyen-Orient, avant de recruter un ingénieur, ils exigent à ce qu’il soit inscrit à l’Ordre des ingénieurs» . L’existence d’un Ordre aurait per- mis, selon Handouf, de connaître les besoins en formation, les com-

pétences marocaines auxquelles le Royaume peut faire appel, en sus de la possibilité de les contac- ter facilement, etc. «Qui plus est, cela aurait permis aussi de mieux contrôler les diplômes des ingé- nieurs, statuer sur l’équivalence, donner un avis sur les politiques qui ont trait à l’ingénierie, en sus d’exi- ger aux ingénieurs des formations continues» , fait-il savoir. ◆

corps d’ingénieurs interministériels. Et en 2011, il y a eu un dialogue social qui a abouti à un nouveau sta- tut» , précise-t-il. En octobre 2022, l’UNIM a déposé un projet d’un nouveau statut et, jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas ouvert la voie à un dialogue social. En outre, la particularité de cette année, c’est qu’en plus de déposer un projet de statut, l’UNIM a préparé un projet de loi qui régle- mente le métier d’ingénieur. «Le problème des ingénieurs se pose avec acuité aujourd’hui. Tout d’abord, notre pays a fort besoin d’ingénieurs et d’une ingénierie nationale forte qui soit capable de relever les défis auxquels fait face notre pays. Aujourd’hui, il y a le défi de la transformation digitale, de la transition énergétique, de la sécurité hydrique, de la souveraineté alimen- taire et de la souveraineté sanitaire, comme l’a démontré la pandémie du Covid-19. Ces défis ne peuvent être relevés sans des ingénieurs bien for- més travaillant dans des conditions correctes», dixit Handouf. Ce dernier estime qu’il y a entre 600 et 800 ingénieurs marocains for- més au Maroc qui quittent chaque année le pays. Aussi, on parle de 600 ingénieurs formés chaque année en France, dont très peu choisissent de rentrer au Maroc. Selon une étude qui a concerné les lauréats de l’Ecole Polytechnique en France, durant les années 80, la plupart des lauréats marocains ren- traient au Maroc, et ce sont eux qui occupaient les postes de ministres et de PDG des grandes entreprises au Maroc. Après les années 90, il y a très peu d’ingénieurs marocains lauréats de l’Ecole Polytechnique qui ont choisi de retourner au Maroc. «Au Maroc, on n’accorde pas d’im- portance aux ingénieurs. La preuve c’est qu’au niveau des salaires, hor- mis les administrateurs qui sont au bas de l’échelle, toutes les autres catégories de fonctionnaires sont mieux payées que les ingénieurs» , déclare Handouf.

A quand un Ordre des ingénieurs ?

Le président de l’UNIM déplore éga- lement l’absence d’un Ordre des ingénieurs qui, selon lui, demeure

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