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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 AVRIL 2020

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Crise du Covid-19

◆ 250.000 cafés et restaurants emploient près de 2 millions de salariés. ◆ 35.000 entreprises ont fermé leurs portes, 6.300 sont en arrêt définitif. Les cafés et les restaurants au bord de la faillite 2 0 mai 2020. C’est la date fixée pour la fin de l’Etat d’urgence sanitaire, et un éven- Par C. Abounnaim

tuel début de déconfinement et de redémarrage de l’économie marocaine. Mais certains secteurs savent déjà qu'il leur faudra patienter plus longtemps encore avant de commencer à envisager une reprise d’activité. Parmi eux, figurent notamment les cafés et les restaurants. Pour tous ces commerces, très souvent indépendants, la situa- tion est déjà très difficile, malgré les mesures gouvernementales, et l'absence de perspectives de réouverture n'incite pas à l'opti- misme. Les restaurants et cafés indépendants pourront-ils s’en remettre sans trop de dom- mages ? La réponse reste encore incer- taine, tant le secteur est dure- ment impacté. Rappelons que la fermeture des cafés et restau- rants a été décrétée dès le 16 mars, quelques jours avant la proclamation de l’Etat d’urgence sanitaire (20 mars). À en croire Noureddine Harrak, président de l’Association natio- nale des patrons de cafés et res- taurants au Maroc (ANPCRM), la fermeture inopinée des éta-

blissements n’a pas laissé de temps aux gérants pour antici- per la décision. Le secteur devrait aussi être un des derniers à reprendre ses activités, une fois que le décon- finement sera appliqué. Tout l’enjeu est aujourd’hui d’éviter une catastrophe économique, mais aussi sociale. En termes de chiffres, on parle tout de même de plus de 250.000 cafés et restaurants employant près de 2 millions de salariés. Des milliers d’éta- blissements ont d’ores et déjà déclaré faillite, tandis que les

employés, dont la plupart ne sont pas déclarés à la CNSS, subissent une perte inévitable de revenus. La perte de revenus est d’autant plus marquée si l’on considère la nature de leur rémunération (prise en compte du pourcentage du chiffre d’af- faires, des pourboires etc.) De ce point de vue, les serveurs, cafetiers et autres cuisiniers, ne doivent pas êtres les grands oubliés de l’effort collectif du pays. Un premier cri de détresse avait été lancé dès le 31 mars dernier par l’ANPCRM. Dans une cor- respondance au chef du gouver- nement Saad Eddine El Otmani, l’Association a dressé le tableau d’un secteur en pleine déroute, sollicitant l’aide des pouvoirs publics. Cette correspondance a été suivie, le 11 avril, d’une deu- xième, adressée cette fois- ci au ministère de l’Economie et des Finances et au Comité de veille économique (CVE), dans laquelle le président de

l’ANPCRM s’est plaint des banques qui refusaient de leur octroyer des crédits afin de sur- monter cette crise. Noureddine Harrak a également déploré «la multiplicité des taxes et des révisions fiscales opérées par les conseils municipaux ces dernières années, qui ont empê- ché la profitabilité du secteur et l’ont plongé dans une spirale de l’emprunt, tout en impactant la situation légale des employés». L’association a par la même occasion demandé la prolon- gation des délais légaux pour les avis liés à la location, et les prolonger de trois mois pour être appliqués pour une année complète, à compter du jour de l'annonce de la fin du décon- finement, afin de permettre au secteur de récupérer et revenir progressivement à la normale. En attendant des réponses à leurs préoccupations, les pro- priétaires de cafés et de res- taurants sont déjà sûrs d’une chose : 2020 est déjà considé- rée comme une année «perdue»

pour le secteur. Le souci actuel est de sortir de cette «guerre» avec le moins de dégâts sociaux et financiers possibles. Un coup de pouce est donc nécessaire. A défaut d’être financier, une reprise partielle du secteur peut être envisagée. Les services de livraison pour- raient, par exemple, reprendre leur activité, comme c’est le cas dans plusieurs autres secteurs en ce moment, tout en respec- tant les mesures sanitaires du ministère de la Santé. Il y va de la survie de milliers de familles ! ◆ Les serveurs, cafe- tiers et autres cui- siniers, ne doivent pas êtres les grands oubliés de l’effort collectif du pays.

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