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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 AVRIL 2020

www.fnh.ma

Ça sent le swing !

◆ Passages complexes, les climats passent de fouilles dans l’atonalité hors tempo à des rythmes soutenus, avec changements de métrique à l’intérieur d’un même morceau. ◆ C’est la cacophonie du jazz. Autre friandise : l’autorité naturelle qui n’émerge que dans le jeu, n’a jamais tourné à l’autoritarisme. Les acolytes contribuent aux créations à parts égales. Pour y voir clair, Finances News Hebdo vous propose un éclectique panel, des plus belles brochettes que le jazz ait connues.

Marcus Miller / Blast (Estival Jazz Lugano 2008) J azz ? Musique de flamme et de cœur. Il y a, marqueurs du swing, signaux jazz, cymbales et walking bass ô combien cognant. Mais la bombe à basse est d’un lyrisme - plus ou moins dans un registre oriental - purement groovy. Le saxophone se superpose; un orgue à la wah-wah qui sonne ample comme une batterie sursautant…l’en- semble permet à chacun de se donner toutes les libertés et, dans ce cas précis, en toute égalité dans la fraternité des thèmes, soli et impros partagées. George Duke Trio / It's On (Java Jazz Festival 2010) A moureux des belles mélodies et les tempos enlevés, avec des passages complexes là où on ne les attend plus. Un requin de la frappe, une pointure… Chaque note claque comme s’il les touchait en leur centre, là où elles donnent à entendre le plus d’elles-mêmes. Puis il y a cette maîtrise tech- nique impeccable. George Duke en use, en abuse, articulant à souhait chacune de ses improvisations, donnant libre cours à ses idées mélodiques, éculées parfois, surprenantes le plus souvent. Pourvu que ça sonne bien. Ça sonne juste ! George, au lyrisme parfois plombant en solo, Christian McBride et sa basse sombre que l’on imagine plus sans les baguettes de Ronald Bruner Jr., sont parvenus à un tel degré d’osmose que tout leur est permis, surtout le meilleur… ◆

Miles Davis / Human Nature (Vienne 1991)

L e chef ouvre le bal. Ses musiciens doivent ser- vir son grand projet d’architecture sonore, ses constructions aux vastes perspectives. Le risque de sa musique, c’est l’emphase. Simple et complexe. Sa trompette, poussant un cri piquant, par moments, devient si dure qu’elle fait chavirer. 8:30, un saxophone répandant à Miles s’éclipse. Petit à petit, il entre en communication. Chagrin garanti. Seul Kenny Garrett, au saxophone, échappe en solo à son emprise, mais c’est pour mouliner. Dès 11:10 Kenny se taille la part du lion. Etes-vous prêt ? Car vous allez voyager. Une échappée, pas moins de 10 minutes, avec un sax subtil, explosif et hardi, qui ne manquera pas de vous faire chavirer, que vous soyez imperméable au jazz pur et dur ou non. Eloge d’un Kenny Garrett geignard, se lamentant. Boom, il ne se privera pas de nous passer au savon. ◆

Un son électronique, saupoudré de gnaoua, tantôt rêveur tantôt sombre. Une musique électro- nique lancinante se retrouve, ici, nimbée de nouvelles influences, d’ambiances assez inédites. L’aspect gnaoui est mis en lumière, notamment grâce à des effets et des sonorités souvent réverbérées ou noyées dans l’écho. Les musiciens naviguent entre différents instruments : du guembri magnétisant, des synthétiseurs hypnotiques, des nappes d’orgues ici et là… Ils enthou- siasment avec des explorations sonores qui vont bien au-delà de la musique machinale. Un joyau où gnaoua et électroniciens à l’unisson impulsent un rythme d’enfer dans une irrésistible montée électronico-acoustique. Difficile de ne pas tomber sous le charme hypnotique de ce titre dont les structures rythmiques semblent constamment se mouvoir en apesanteur. Et nous avec. * Moga Festival s’associe à la vente de cette bande-son (disponible à l’achat sur Bandcamp), afin de récolter des fonds qui permettront de soutenir les musiciens et les familles démunies de la ville des Alizés, et à surmonter la crise du Covid-19. Parallells / Episode 1 : A Day In Essaouira with Maalem Omar Hayat (Moga Creation)

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