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ne sont plus submergés par une grande affluence non maîtrisée de patients. Un son de cloche différent Interpellé par nos soins, Rachid Choukri, président de la Société marocaine de médecine générale et de famille (SNMGF), confie : «l’avènement de la télémédecine, rendu possible par le parachève- ment de l’arsenal juridique, est une bonne chose. Je milite depuis près de 20 ans pour l’application de cette discipline au Maroc». Mais, quant à la réussite de la médecine 2.0, le professionnel est formel: «Il faudra impérativement informatiser les dossiers médicaux des patients, ce qui est loin d’être le cas actuellement. J’ai l’impres- sion que l’Etat a mis la charrue avant les bœufs à travers cette nouvelle initiative». Pour certains professionnels, la réingénierie du système de santé ne se fera pas sans la forte mise à contribution des NTIC. Du reste, Rachid Choukri ne manque pas d’exprimer son mécontentement envers la tutelle. «Il fallait asso- cier davantage les médecins libé- raux dans le processus de mise en place de la télémédecine por- teuse de progrès, mais aussi de risques», alerte-t-il. Et d’ajouter : «La tutelle doit veiller au risque de voir une ruée anarchique vers cette nouvelle discipline» . u

développement de la pratique de la télémédecine, la promotion et le soutien à son déploiement à l’échelle nationale, en particulier en faveur des populations des zones défavorisées et enclavées. Elle veille également à l’instal- lation et l’exploitation de toute infrastructure technologique ou physique permettant la réalisa- tion des actes de télémédecine. De surcroît, la SMT s’évertuera à inciter les établissements et les professionnels de la santé à recourir à la pratique des actes de télémédecine. Dans un premier temps, Midelt, Azilal et Taroudant seront équi- pées de dispositifs de téléméde- cine au niveau de cinq sites. Ce nombre devrait être porté vers la trentaine à l’horizon de janvier 2019. Le pays affiche tout de même une grande ambition en la matière, puisqu’il s’est doté d’un plan national visant la généralisation de la pratique de la télémédecine à près de 160 communes rurales identifiées comme prioritaires. En clair, cette initiative sonne comme la guerre déclarée contre les dis- parités sanitaires existantes entre

les populations urbaines et rurales. Par ailleurs, l’on constate que le digital améliore la vie de plusieurs patients marocains qui ne sont plus obligés d’attendre leur tour dans d’interminables files pour une prise de rendez-vous médical ou de résultat d’analyse médicale. En un clic, ces services sont désor- mais disponibles au niveau de certains établissements sanitaires qui, grâce à l’essor du digital,

La télémédecine est incarnée par la création récente de la So- ciété marocaine de télémédecine (SMT).

Ce qui se passe sur le continent

Les défis sanitaires sur le continent sont colossaux. Des exemples concrets montrent que le digital change la donne quant à la prévention des épidémies. A titre illustratif, l’opérateur télécoms Orange a activement œuvré à la lutte contre la propagation du virus Ebola en mettant à profit son Big data afférent à la mobilité en Guinée Conakry. En matière de sensibilisation par rapport aux problématiques majeures de santé publique, le numérique est aujourd’hui un allié de taille, au regard du taux de pénétration du mobile en Afrique (80%) et surtout au Maroc (126%). Il faut savoir que dans bon nombre de pays africains, l’accès au mobile est largement plus aisé que celui des services de base (eau, électricité, assainissement, services financiers, etc.). Le Rwanda a mis à profit cette donne pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant. En effet, le pays a développé une application qui s’appuie sur le SMS afin de communiquer les dates des visites médicales des femmes, puis celles des premiers vaccins de leurs enfants. Cela contribue d’une certaine façon à la réduction de la mortalité infantile toujours prégnante sur le continent. Ce pays d’Afrique de l’Est, qui a développé des infrastructures tout en formant un personnel spécialement dédié aux différents programmes d’e-santé, a également mis sur pied une plateforme de drones. Cette dernière permet de livrer rapidement les poches de sang dans les hôpitaux de l’Est du pays.

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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]

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