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ransformation digitale T

Banques

2018, grande année de disruption Paiements mobiles, comptes sans banque, services dématérialisés et mobiles natifs : le secteur bancaire traverse une grande période de disruption digitale. Chacun y va de sa stratégie, ce qui fait du secteur un laboratoire à ciel ouvert.

L a transformation digitale du secteur bancaire est plu- tôt rapide. Comme dans d’autres pays plus avan- cés, la disruption à grande échelle va d’abord passer par ce marché qui s’y prête par- faitement, avant de s’étendre au reste de l’industrie financière. Le secteur bancaire est destiné à la masse, il permet de tester l’appétance du consommateur au changement d’habitudes et des retours d’expérience rapides. Dans ce sens, 2018 sera une année charnière, après une longue phase où le secteur a plus joué sur l’amélioration de l’expérience uti- lisateur en lançant des offres à faible valeur ajoutée comme la consultation de comptes. Cette fois-ci, on entre dans le vif du sujet : éduquer le consomma- teur au changement. De manière plus institutionnelle, on parle d’in- clusion financière et c’est le but de la plus grande nouveauté de l’année : le paiement mobile. Le Maroc vient en effet de lan- cer une solution de place pour cette activité. L’objectif est de réduire la circulation de cash, tout en permettant une plus grande inclusion financière des populations. Le cadre légal favo- risant le développement de ce

type d’offres a été mis en place à travers l’introduction d’une nou- velle catégorie d’établissements non bancaires dans la nouvelle loi bancaire de 2014. Ces établissements, dont 5 ont été agréés en février par Bank Al-Maghrib, pourront ouvrir des comptes de paiement (dits aussi comptes sans banque) tout en offrant à terme des services de paiement (épargne, transfert, paiement...). La réglementation y afférente a été validée par le comité des établissements de cré- dit en juin 2016. Au lancement, ces solutions ne permettront que le transfert de cash en attendant l’interopérabilité, prévue pour la rentrée en septembre. Ce disposi- tif permettra des transferts entre clients de banques différentes. S’agissant ici d’inclusion finan- cière, l’objectif de rentabilité est relégué à un second niveau. La Banque centrale, porteuse de ce

projet, a donc encouragé les ban- quiers à appliquer une tarification commune, permettant de faire entrer sur le marché de nouveaux utilisateurs de services bancaires. Une bonne idée pour atteindre les objectifs d’inclusion financière et accompagner ces fameux comptes sans banque. Un produit grand-public ? Dans le digital, estimer qu’un produit d’inclusion financière est destiné aux populations moins favorisées est une erreur. En réa- lité, le consommateur agit lorsqu’il constate qu’on lui facilite l’exis- tence, peu importe son niveau de vie. L’erreur serait donc d’adapter la communication sur cette solu- tion à un public à bas revenus. Sur les comptes sans banque par exemple, si l’on prend l’exemple du fameux «Compte Nickel» en France, racheté par une grande banque par la suite et qui per- met d’ouvrir un compte ban- caire en trois minutes dans un bureau de tabac, les initiateurs de l’idée qui, au passage, viennent

Dans le digital, estimer qu’un produit d’inclusion financière est destiné aux populations moins favorisées est une erreur.

52 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]

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