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LUNDI 28 FÉVRIER 2022
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Le jour où les abeilles disparaîtront… Q uels sont les plus grands risques qui pourraient mener à l’extinction de la civilisa- tion humaine telle que nous la connaissons ? Les films hol- Par Omar Fassal *
On l’estime entre 235 et 577 milliards de dollars par an. Si les abeilles étaient une entreprise privée cotée sur un marché boursier, elles seraient la plus grande entreprise au monde. Apple, l’entreprise à la capitalisation de marché la plus importante au monde avec 2,9 trillions de dollars, réalise un chiffre d’affaires annuel de 366 milliards de dollars par an. Moins que les abeilles ! Et dire que les abeilles travaillent pour nous à longueur de jour- née gratuitement… Mais attention, nous les humains ne sommes pas ingrats. Loin de là ! Nous leur rendons bien la pareille aux abeilles. Comment ? Nous avons, sur les cinq dernières décennies, réuni un cocktail mortel qui explique l’extinction observée des abeilles sur tous les continents. Nous avons développé l’usage de pesticides mortels pour elles, certains néonicoti- noïdes en particulier. Leur usage fut inter- dit en Europe en 2013 par décision de jus- tice. En 2018, cette interdiction fut renou- velée, provoquant le mécontentement des industries chimiques qui souhaitaient leur réintroduction. Nous avons provoqué la prolifération des ravageurs pathogènes (acariens, bactéries, champignons, frelon asiatique) qui les tuent. Nous avons prati- qué une agriculture intensive, stressante pour l’environnement, qui a réduit la quantité et la diversité des sources d’ali- mentation disponibles pour elles. Pas mal comme cadeau de remerciement. Ah oui, dernier cadeau en date : le réchauffement climatique. On a observé cette année en Belgique que les abeilles se sont réveillées de leur hibernation en plein mois de décembre ! Pourquoi ? En raison des températures élevées, les abeilles croient que c’est déjà le prin- temps. Elles ne trouveront donc pas suf- fisamment d’alimentation, seront agres- sées par le retour du froid, ce qui annihi- lera les colonies. On estime que le taux de dégression mondiale des populations d’abeilles est de l’ordre de 30% aux Etats-Unis, de 29% au Royaume-Uni, de 14% en France et en Allemagne. L’urgence est pres- sante, et le constat mondial. Au fond, nous avons tant de choses à apprendre des abeilles, d’un point de vue
lywoodiens semblent opter pour le choc avec une météorite : un choix simple, direct, et surtout spectaculaire pour le grand écran. A l’image du film «Don’t look up» avec Leonardo Di Caprio qui vient de sortir, et qui établit une métaphore divertissante entre une météorite et le réchauffement climatique. Ce genre de scénarios – basé sur un obus qui heurte la Terre – rappelle natu- rellement la chute de la météorite qui fit disparaître les dinosaures, en soulevant une épaisse couche de poussière dans l’atmosphère, bloquant les rayons de lumière et rendant l’atmosphère irres- pirable. Plusieurs ont pensé lors des heures les plus sombres de la pandémie du Covid-19, que tôt ou tard, un virus invisible doté d’une létalité dangereuse finirait par avoir raison de nous. Et si la réalité était moins visible ? Moins spectaculaire ? Moins hollywoodienne ? A l’image de l’expérience de la grenouille. Plongez-là dans l’eau bouillante et elle en sautera immédiatement. Plongez-là dans de l’eau tiède, puis réchauffez pro- gressivement, et elle finira par mourir car elle n’a pas senti le danger venir. C’est au fond cela les plus grands risques qui nous font face. Ceux que l’on ne voit pas venir - ou que l’on refuse de voir venir… Le réchauffement climatique en est le parfait exemple. Tout comme la grenouille, on doute, on remet en cause le thermomètre, et on se dit qu’on aura encore le temps de réagir. On a longtemps attribué à tort à Albert Einstein une citation sur les abeilles : «Si les abeilles venaient à disparaître, l'hu- manité n'aurait plus que quatre années devant elle». Il a été prouvé depuis que cette citation n’a jamais été prononcée par le légendaire physicien, mais s’il y a bien une chose qui est vraie derrière ce slogan, c’est que la disparition des abeilles aurait des conséquences cata- clysmiques pour notre présence sur cette
planète. Les abeilles sont l’un de ces rouages vitaux de l’écosystème dans lequel nous prospérons. Un chiffre simple permet d’en prendre conscience : sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90% de l’alimentation mondiale, 70% d’entre elles dépendent des abeilles pour leur pollinisation. En d’autres termes, une disparition des abeilles aurait un impact immédiat sur l’approvisionnement mon- dial. Les abeilles sont des travailleuses acharnées. Elles vont visiter plus de 2.000 fleurs par jour sur une distance qui peut atteindre les 8 kilomètres. Elles vont se poser sur ces fleurs pour récolter le nectar, en s’envolant elles emportent des grains de pollen sur leurs poils sans s’en apercevoir. Les abeilles vont ensuite se poser sur une autre fleur pour récolter à nouveau du nectar. Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles vont déposer du pollen sur cette fleur par la même occasion, et lui permettre de se reproduire. Et tout ça, les abeilles le font gratuitement. Des économistes se sont amusés à chif- frer la valeur marchande de cette polli- nisation gratuite offerte par les abeilles.
Les abeilles sont l’un de ces rouages vitaux de l’écosystème dans lequel nous prospé- rons.
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