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LUNDI 28 FÉVRIER 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Focus
◆ L’annonce de la création de plusieurs multiplex et les rénovations claironnées ne doivent pas faire illusion : malgré une nette amélioration en 2019, la fréquentation n’a cessé de chuter, mais sévèrement. ◆ La Chambre marocaine des salles de cinéma avait fait état d’une chute de revenus estimée à 85% de chiffre d’affaires annuel pour les exploitants et distributeurs de cinéma entre 2019 et 2020. Le parc cinématographique en plein doute
2002… 30 en 2019. La disparition des salles est la maladie endémique du sec- teur cinématographique. Pour l’heure, aucune véritable mesure n’est suscep- tible de l’enrayer. Et le pire est à venir, affirme un propriétaire de salles qui a requis l’anonymat. Victimes favorites : les villages. Le saviez-vous ? Naguère, on pou- vait s’offrir une séance de «cinoche» à Moulay Bousselham, Imintanout, Bhalil ou Sidi Yahia. Aujourd’hui, rideau sur les mirettes. Marche à l’ombre.
Les villes moyennes sont à peine logées à meilleure enseigne. A El Jadida, par exemple, il y en a point. Il y en avait quatre. Mais, grâce à un certain distributeur français qui
Cinéma Chahrazad, Casablanca, 2018.
a mis la main à la poche, la douillette ville sera bientôt dotée d'un multiplexe de trois salles de cinéma. La portion congrue, quoi. Cet homme-là s’appelle Pierre-François Bernet. En 2017, il ouvre son premier multiplexe : le CinéAtlas Colisée à Rabat. Le 16 mars 2020, les cinémas ont tiré le rideau. Certes, en dépit de l’annonce de la fermeture pure et simple des salles, du spectaculaire black-out culturel et des dommages colossaux, cet homme a continué à investir dans la construc- tion et la rénovation des salles de ciné- ma au Maroc. A part celui d’El Jadida Corniche, deux autres multiplexes sont dans le pipe : CinéAtlasTanger Mauritania et CinéAtlas Rabat Colisée. Quant aux villes importantes, relative- ment moins affectées par le phéno- mène dévastateur, elles ont, parfois, la fâcheuse manie de jeter aux pourceaux leurs plus beaux atours. Ainsi en est-il du Saada et Farah à Hay Mohammedi;
tion de 5.700.000 DH a été apportée pour la création d’un nouveau cinéma à Casablanca. Il s'agit du multiplexe Aeria Park, qui fait partie du groupe CinéAtlas. Résumons-nous : 5 salles remises à neuf, une autre en voie de construc- tion. Ferait-il temps clair au ciel des salles obscures ? En dépit de ces quelques lueurs fugitives, le doute est permis, tant la tourmente qui s’abat sur les salles de cinéma, depuis plusieurs décennies, semble inexorable. A cet égard, les chiffres sont éloquents : 225 salles en 1990, 184 en 1995, 152 en
E n août 2021, la Commission d’aide à la numérisation, à la modernisation et à la créa- tion des salles de cinéma a attribué une «aide à la numé- risation» à trois salles casablancaises : Ritz (900.000 DH), ABC (900.000 DH) et Lutetia (740.000 DH). Les salles 2 et 3 du fameux Megarama de Rabat (ouvert en 2019) ne sont pas en reste. Une aide de 760.000 DH a donc été octroyée à la première et 800.000 DH à la seconde. Qui plus est, une subven- Par R. K. Houdaïfa
Les chiffres sont éloquents : il y avait 225 salles en 1990, 184 en 1995, 152 en 2002… 30 en 2019.
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