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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
LUNDI 28 FÉVRIER 2022
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n’ont pas hésité à remettre à neuf, de fond en comble, leurs salles. Il faut dire qu’ils en furent encouragés par des aides, oui. Mais, un miroir aux alouettes sur lequel beaucoup se sont cognés. Car, compte tenu de la fréquentation, les aides demeurent inconsistantes. Autre chose : une rénovation entreprise dans les règles est extrêmement coûteuse. Rien que la cabine de projection coûte de 700.000 à un mil- lion de dirhams, voire plus. Si au moins les équipements importés étaient dédouanés à un taux raisonnable ! Tel n’est pas le cas, vous diront les exploitants de salles, dont certains parmi eux, pour l’importation des fauteuils, ont dû payer les droits de douane à 85%. A ce compte-là, il serait injuste de jeter la pierre aux exploi- tants qui regardent à deux fois avant de se lancer dans une opération de rénovation dispendieuse sans être for- cément rentable. Pendant ce temps, le parc des salles se désertifie irré- versiblement, faute de cha- lands. Le secteur cinéma- tographique est au bord de l’implosion. L’urgence est à la réforme. Pourtant, quelques initiatives sérieuses sont en vue. Mais, elles sont timides et demeurent insuffisantes. Les exploitants s’alarment en privé seulement, les produc- teurs s'empaillent allègre- ment, les cinéastes gèrent leurs intérêts à court terme, en évitant de penser au len- demain. Et l’Etat ? Il n’en a cure, apparemment. Pour prendre la mesure symptomatique du désastre, fixons notre cap sur Ouarzazate, là où l’œuvre cinématographique se fait. ◆ * Chiffre inexistant pour les deux années qui suivent. «Normal !», aurait dit le bon sens. Le 16 mars 2020, le communiqué est tombé dans les boîtes mails avec un léger «ping», mais son écho fut retentissant : tournages stoppés, salles fermées, festivals annulés; la covid-19 s’en est prise au cinéma.
Al-Massira dans le quartier Adil; Royal , Mauritania et Zahra à Derb Sultan; Sahara à Aïn Chock; Al-Baida à l’avenue Mohammed VI; VOX , splendide salle à toit ouvert, réalisée par Boyer en 1935 et insensément détruite pour laisser place à un par- king. Ne devaient-ils pas être placés comme patrimoine ? « Je suis Casablancais, et très triste de voir tous ces souvenirs qui me rappellent ma jeunesse tomber en ruine. A Casablanca, qui fut la plus belle ville moderne du Maroc avec ses larges avenues et sa corniche façon Riviera, son architecture à la fois art-déco et mau- resque, on y trouvait un ciné- ma dans presque chaque coin : le cinéma Apollo, le Triomphe près du Théâtre municipal, Lala Chafya du cinéma VOX… Dommage qu’on ne les a pas convertis en musées», note un parfait inconnu en se demandant si «les autorités locales fer- ment-elles les yeux ? » Les raisons ? Au premier chef : la chute vertigineuse du taux de fréquentation. Depuis que le nombre de spectateurs a fléchi de plu- sieurs millions et que les sociétés de distribution ont fermé boutique, nombre de salles leur ont emboîté le pas. Et celles qui, coura- geusement, tenaient encore debout, vécurent des jours difficiles. Bref, un désastre sans nom dont les distribu- teurs et les exploitants paient le prix fort. Sans oublier les milliers de chefs de familles qui se sont retrouvés, brus- quement, sans emploi. A qui incombe la faute ? Il est de bon ton de montrer du doigt le piratage de films évidemment, la télévision et les plateformes de strea- ming. Ceux-ci seraient acca- parants au point de détour- ner le public du chemin des salles. L’argument est insuf-
Si l’on considère l’ensemble du parc, les salles en activité dans tout le Royaume sont au nombre de 30.
Villes
Salles en activité
Casablanca
9
Marrakech
4
Rabat
6
Tanger
5
Fès
1
Tétouan
2
Meknès
2
Oujda
1
Nombre d'entrées et recettes guichet réalisées entre 2015 et 2019*
2015
2016
2017
2018
2019
Nombre d’entrées
1.842.348 1.527.224 1.674.563 1.562.350 1.883.425
Recettes guichet en DH
74.462.995 61.542.464 74.065.504 73.124.217 92.977.422
Le parc des salles se désertifie irréversible- ment, faute de chalands.
ce qui nous attendait si l’en- vie nous prenait de pénétrer dans un de ces cinémas dits populaires. Nous en avons fait l’expérience. Le souvenir en est impérissable. Nous étions les seuls apparem- ment à s’en soucier du film. Notre voisin de droite pique un somme réparateur. Celui de gauche est engagé dans une conversation très ser- rée avec sa compagne. De derrière, montent des relents bizarres. Et l’on discerne, parfois, en dépit du tumulte, un bruit de bouteille qui se pose. Sur ce, notre voisin, enfin réveillé, s’ébroue, puis cherche la sortie. Nous avons fait de même. Nul n’ignore que ce genre de salles fai- sait office de tout sauf de cinéma. Lupanar, fumoir, dortoir. Parfois même, il suf- fisait de demander, on se charge de vous livrer fumette ou piquette. Hallucinant ! On comprend aisément, alors, pourquoi les specta- teurs ont déserté les salles. Afin de leur en faire reprendre le chemin, des exploitants
fisant. Il ne rend pas compte, de façon convaincante, de l’ampleur sans cesse accrue de la morosité du marché du cinéma. Beaucoup de pays, confrontés à la chute de fré- quentation des salles, ont su y remédier et, partant, contrer la dévorante puis- sance du petit écran, grâce à une politique efficiente. A titre d’exemple, en ins- taurant le mode de cartes d’abonnement illimité (voir autant de films que l’on veut à l’année, moyennant un for- fait prépayé), la France a vu la fréquentation s’accroître. Non, la raison était d’abord à chercher ailleurs, du côté de la qualité des salles et des spectacles qu’elles pro- posent. Et là, il y avait fort à faire. Flashback Sièges bancals, charivari incessant, odeurs nauséa- bondes, bruits suspects, coupures abruptes, atmos- phère suffocante, et tant d’incommodités qui feraient rougir les plus dessalés. Voilà
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