Finances News Hebdo N° 1056(1)

T RIBUNE LIBRE

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LUNDI 28 FÉVRIER 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Quels prérequis pour un régime flottant et sont-ils remplis par le Maroc ? A près avoir passé en revue dans le premier article de la série les conditions générales à remplir par une économie avant de passer à un régime flottant, ◆ Cet article est le quatrième et dernier de la série sur les prérequis du régime flottant Partie 4 : Améliorer les fondamentaux économiques Par Amine El Bied, MBA, PhD Économiste, expert en Finance et Stratégie

et d’usines de dessalement d’eau de mer. Il faut résorber le déficit de la balance com- merciale, notamment par une plus grande compétitivité à l’export. Mais on doit amé- liorer la compétitivité réelle de l’économie; elle doit être structurelle et non pas dépen- dante d’une dépréciation de la monnaie induite par une flexibilisation du régime de change. La flexibilisation peut en effet provoquer une dépréciation de la monnaie qui va améliorer la compétitivité nationale, rendre plus compétitifs les produits maro- cains à l’export, aider les exportations à faire face plus facilement à la concurrence étrangère, mais il ne faudra pas uniquement compter sur la dévaluation pour augmenter la compétitivité. Il faut développer une vraie politique commerciale, industrielle, avec un tissu productif solide, compétitif à la fois sur le prix et la qualité. Il faut augmenter les exportations en produisant plus, mieux, et moins cher. Il faut favoriser l’investisse- ment tourné vers l’export, et aider les PME à développer cette activité. Pour alléger le déficit de la balance com- merciale, il faut aussi réduire les importa- tions en encourageant le citoyen marocain à consommer davantage les produits natio- naux, et en réduisant le poids des produits énergétiques, notamment le pétrole, en élaborant notamment une stratégie éner- gétique nationale. Pour réduire le déficit de la balance cou- rante, il faudra également trouver des moyens d’incitations pour attirer davan- tage les investisseurs étrangers, ouvrir son économie aux capitaux étrangers. Il faudra peut-être élaborer une nouvelle stratégie d’attraction et de promotion des IDE. On veillera aussi à faciliter les séjours et les transferts des MRE, et on cherchera à aug- menter les recettes touristiques en déve- loppant l’offre touristique et en visant un tourisme plus haut de gamme. Il faut améliorer les finances publiques et revoir la politique budgétaire dans l’objectif de réduire le déficit. Par ailleurs, la dette

et abordé dans le second article le cas du Maroc, en examinant sa situation écono- mique, et dressé dans un troisième article le constat que les conditions pour un flottement du Dirham ne sont que partiel- lement réunies, nous clôturons cette série d’articles par l’amélioration et le renforce- ment des fondamentaux économiques, en vue de satisfaire l’ensemble des prérequis du régime flottant. La crise sanitaire et économique actuelle est un évènement conjoncturel auquel le Maroc fait face. Mais il ne faut pas se contenter uniquement de parer à l'immé- diat, il faut aussi préparer l'avenir. Les réponses qui doivent être apportées à l’économie ne doivent pas être uniquement conjoncturelles, mais aussi structurelles. Il faut travailler sur les fondamentaux. Si on choisit d’aller plus loin dans la flexi- bilisation du Dirham, il faut déjà que tous les prérequis précédemment cités soient satisfaits. Or, on a vu que ce n’est pas le cas aujourd’hui; il y a des prérequis qui ne le sont pas. Pour flexibiliser davantage la monnaie nationale, il faut non seulement que tous les prérequis soient satisfaits, mais qu’ils le soient au mieux. Toutes les conditions préalables à l’instauration d’un régime flottant doivent être non seulement réunies, mais aussi largement remplies. Il faut donc corriger les déséquilibres macro- économiques et renforcer autant que pos- sible les fondamentaux pour que l’écono- mie soit plus à même de faire face à des chocs externes. Des réformes d’envergure doivent être engagées pour augmenter le niveau de croissance de l’économie. Idéalement, la croissance moyenne hors

agriculture devrait avoisiner ou dépasser les 5%, sur une période assez longue de plusieurs années. Les réformes serviraient aussi à augmenter la capacité de résilience de l’économie marocaine, surtout si le Dirham est soumis à un régime de change flottant. Il s’agit donc de corriger les désé- quilibres et renforcer les fondamentaux. Comme chacun le sait, les campagnes agricoles ne sont pas toujours satisfai- santes au Maroc, mais dans le cas d’un flottement du Dirham, on ne peut plus se permettre d’avoir un taux de croissance de l’économie qui dépend de la pluie. Il faut réduire la trop grande dépendance de la croissance au secteur agricole par une plus grande diversification de l’éco- nomie. Le développement d’autres sec- teurs et de l’industrie va réduire méca- niquement le poids de l’agriculture dans l’économie marocaine. Et dans le secteur agricole, il faut réduire la dépendance aux aléas climatiques et pluviométriques par la construction de barrages supplémentaires

L'économie marocaine n'est pas prête aujourd'hui pour un flot- tement du Dirham.

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