Finances News Hebdo N° 1056(1)

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TRIBUNE LIBRE

FINANCES NEWS HEBDO

LUNDI 28 FÉVRIER 2022

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d’améliorer autant que possible les fondamentaux économiques. Le moment idoine, si la décision de bas- culer vers un régime flottant est main- tenue, l’économie marocaine sera au moins préparée aumieux. Aujourd’hui, il faut le dire, elle n’est pas prête. Avec tous les déséquilibres macroé- conomiques constatés, les prérequis qui ne sont que partiellement satis-

publique en période de crise sanitaire a atteint un niveau très élevé par rapport au PIB : il est primordial de revenir dès que possible à un niveau plus modéré, car il reste toujours l’épée de Damoclès de l’inflation et de la hausse des taux, qui risque de faire exploser les charges d’intérêt et d’entraîner une crise de la dette. La situation des réserves de change est, quant à elle, à un niveau confor- table. Mais pour renforcer ce mate- las de sécurité et augmenter ces réserves, on peut travailler sur tous les postes susceptibles d’assurer des rentrées de devises, telles que les exportations, les IDE, les trans- ferts MRE, le tourisme. La solidité du secteur bancaire et financier doit être renforcée, notam- ment en atténuant le déficit de liqui- dité bancaire. Le creusement de ce déficit est dû à la hausse de la circu- lation fiduciaire. Cette dernière étant due à l’expansion de l'économie informelle ainsi que du marché de change parallèle, il convient de traiter sérieusement ce problème de l’infor- mel pour réduire structurellement la circulation fiduciaire et le déficit de liquidité bancaire. La Banque cen- trale devrait également répondre de manière structurelle aux besoins de cash des banques, notamment par des instruments tels que les pen- sions livrées, les swaps de change, les prêts garantis, pour réduire dura- blement le déficit de liquidité. Enfin, la réglementation des changes et les réformes engagées de flexibi- lisation du Dirham doivent être bien assimilées par l’ensemble des opé- rateurs. Il faut les informer, les sen- sibiliser aux conséquences de ces réformes, leur donner le temps de se préparer et de se familiariser avec les instruments de couverture, avant d’aller plus loin dans la flexibilisation et instaurer un régime flottant. Il y a aussi un problème structu- rel, certainement lié au manque de croissance économique, et qui est un enjeu social majeur : c’est la montée du chômage et la dégra- dation du marché de l’emploi. On ne peut pas prétendre avoir rempli les prérequis pour un flottement du Dirham avec un chômage galopant. En parallèle de l’emploi, il faudra pro- mouvoir l’éducation, et développer la recherche et l’innovation.

On a vu que les prérequis pour un flottement du Dirham ne sont actuel- lement pas tous remplis. Comme il ne serait pas raisonnable aujourd’hui d’aller plus loin dans le processus de flexibilisation de la monnaie, tant que la crise sanitaire et économique per- dure, il faudrait entre-temps se fixer comme double objectif de satisfaire l’ensemble des conditions requises et

faits, et le contexte actuel de crise, encore plein d’incertitudes, décider un flottement du Dirham, ou même simplement un assouplissement sup- plémentaire du régime de change, ne ferait qu’accroître les risques aux- quels le Maroc est déjà exposé. Il y a déjà beaucoup trop d’incertitudes et de déséquilibres pour prendre le risque d’en rajouter. ◆

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