12
BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 6 JUILLET 2023
www.fnh.ma
Banques
Malgré la hausse des taux, le crédit ne se tarit pas (encore) L’ inflation s'est invi- tée durablement dans nos vies depuis la sortie de la crise sani- participatif destiné à l’habi- tat, sous forme notamment de Mourabaha immobilière, il a poursuivi sa progression et s’est établi à plus de 20 milliards de DH, en hausse de 17,1% par rapport à mai 2022. Par Y. Seddik
◆ Les hausses du taux directeur n’ont pas freiné la dynamique de production des prêts. ◆ Profitant d’une structure de ressources essentiellement gratuites, les banques tardent à répercuter les hausses du taux directeur.
financier a progressé de 5,1%. L’encours global des crédits bancaires dépasse la barre des 1.000 milliards de DH, grâce à une bonne orientation sur quasi- ment tous les segments de prêt. Plus en détail, les crédits a l’in- vestissement continuent de pro- fiter d’un effet de rattrapage, enregistrant ainsi une progres- sion de 5,4% après deux années de baisse. Cette performance provient principalement de la bonne tenue des crédits a l’équi- pement des sociétés non finan- cières publiques qui progressent de 5,8%. Cependant, les crédits destinés a la promotion immo- bilière continuent d’afficher des signes de décélération (-7,4%), traduisant l’atonie que connait le secteur immobilier. Les facilités de trésorerie, dont l’encours se chiffre désormais à 251 milliards de DH, préservent une bonne dynamique avec une hausse de 5,2% en glissement annuel. Quant au financement
tion du «textile et cuir» où 21% des entreprises le qualifient de «difficile» . Par ailleurs, le coût du crédit aurait été en stagnation selon 65% des entreprises et en hausse selon 34% d’entre elles. Créances en souffrance : 4 milliards de DH en 5 mois ! Les banques marocaines cumulent quelque 93 milliards de dirhams de créances non performantes à fin mai 2023. Ce qui représente 7,3% des encours des créances sur l'éco- nomie et 8,9% du crédit ban- caire (dont le financement par- ticipatif). Ce chiffre ne cesse de gonfler depuis 2021, après une année 2020 où, entre moratoires et crédits garantis, les banquiers ont eu un répit sur le volet des créances en souffrance. Sur les 5 premiers mois de l’année, ces créances en souffrance augmen- tent de 4,6%. Ce chiffre monte à 6,3% sur une année glissante, progressant plus vite que le crédit au secteur non financier (+5,1% en glissement annuel et -0,2% d’un mois à l’autre). 2023 fait donc suite à une année 2022 où le sujet était déjà brûlant pour les banques. Ces créances infructueuses avaient bondi de 6,6% et le taux de sinistralité (créances en souffrance rappor- té au crédit bancaire) s'est hissé pour atteindre 8,4%. Pour l’an- née 2023, CDG Capital Insight s’attend à un taux d’impayé aux alentours de 8,2%; quoiqu’en légère amélioration, il demeure a un niveau assez élevé. ◆
taire. Elle a aussi poussé les Banques centrales à durcir leurs politiques monétaires pour ten- ter de la contenir. Depuis sep- tembre dernier, Bank Al-Maghrib a augmenté son taux directeur de 150 pbs, avant d’opter pour un statu quo en juin. Une pause qui permettra à la banque de récolter plus de données fiables sur l’impact de ses décisions sur l’économie réelle. Le crédit bancaire, l’un des deux indicateurs qui permet d’éva- luer le degré de la transmis- sion de la politique monétaire vers l’économie réelle, ne ralen- tit toujours pas malgré les der- nières hausses. À fin mai 2023, la production des prêts ban- caires destinés au secteur non
Globalement, ces évolutions montrent que les hausses du taux directeur n’ont pas freiné la dynamique de production des prêts, puisque la transmis- sion ne s’est pas faite auto- matiquement chez les banques de la place. D’ailleurs, le taux moyen débiteur appliqué par la banque aux nouveaux crédits ne s’est apprécié que de 53 pbs à 5,03% au 1 er trimestre. Par taille d’entreprise, ils se sont établis à 4,79% pour les grandes entreprises et à 5,48% pour les TPME. Pour ce qui est des taux appliqués aux nouveaux crédits aux ménages, ils ressortent au T1-2023 à 4,36% pour les crédits à l’habitat et à 6,95% pour ceux à la consommation. Le wali de Bank Al-Maghrib avait souligné récemment que «les banques n'ont pas répercuté la hausse et j'ai écrit au GPBM dans ce sens,
L’enquête de conjonc- ture de BAM indique que l’accès au financement au 1 er tri- mestre 2023
a été jugé «normal».
car le coût moyen des res- sources doit tenir compte de leur structure des res- sources (référence faite aux ressources gratuites)». Plus encore, l’enquête de conjoncture de BAM indique que l’accès au finance-
À fin mai 2023, la production des prêts bancaires destinés au secteur non financier a pro- gressé de 5,1%.
ment, au 1 er trimestre 2023, a été jugé «normal» par la qua- si-totalité des industriels dans toutes les branches, à l’excep-
Made with FlippingBook flipbook maker