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TRIBUNE LIBRE
FINANCES NEWS HEBDO
MERCREDI 31 AOÛT 2022
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sur des bases plus saines et surtout plus claires. C’est à partir de ce prisme qu’il faut comprendre le récent dépla- cement d’Emmanuel Macron à Alger où il a été hué en affichant un grand sourire figé. C’est aussi à partir de cet angle qu’il faut comprendre le hara-kiri de Tunis et l’annonce d’une prochaine visite du président français au Maroc, dans une ultime tentative de faire son mea culpa, après tant d’erreurs et de ratés. Chantage et bras de fer On le voit bien, l’affaire est plus vieille que cela, mais l’allume-gaz a été déclenché en septembre 2021, quand la France a décidé de réduire à 50% l’octroi des visas pour les Marocains au motif que le Royaume refusait de délivrer des laissez-passer consulaires nécessaires au retour de ses ressortissants expul- sés. Ces 50% ont dépassé en réalité les 70% des restrictions consulaires, pour pratiquement stopper net durant tout l’été 2022. Une décision unilatérale qui a eu de graves conséquences. On se souvient d’ailleurs de la réponse du ministère marocain des Affaires étran- gères, par la voix de Nasser Bourita, qui avait affirmé : «Nous avons pris acte de cette décision et la considérons comme injustifiée pour nombre de raisons, dont la première est que le Maroc a toujours traité la question de la migration avec la logique de responsabilité et le néces- saire équilibre entre la facilitation de la circulation des personnes (Étudiants, hommes d’affaires et autres…), la lutte contre l’immigration clandestine et le traitement ferme réservé aux personnes en situation irrégulière». Malgré toutes les bonnes dispositions du Maroc, en juin 2022, les choses sont allées plus loin puisque la poli- tique de blocage des visas a empêché le président de la CGEM, Chakib Alj, d’effectuer un déplacement important dans le cadre de ses missions. Cela a également touché de nombreux hommes d’affaires marocains qui tra- vaillent entre le Maroc et la France depuis plus de 20 ans. Cela a mis un point d’arrêt aux projets de très nombreux artistes, d’intellectuels qui devaient donner des conférences et autres rencontres, à des négociants, des commerçants, des enseignants, des journalistes avec ordres de mission dûment signés par leurs rédactions, à des familles qui devaient être au chevet d’un frère, d’une mère, d’un père, d’un fils ou d’une fille, malades
et livrés à eux-mêmes. Certains ont perdu des membres de leurs familles et n’ont pas pu assister à leurs funé- railles. Des affaires ont été annulées, des mariages sont tombés à l’eau, des projets artistiques ont échoué, comme c’est le cas de ce réalisateur marocain, Karim Doniazalle, qui a conclu des contrats avec deux grandes maisons de production, en Italie et en France et qui «a presque perdu ce projet sur lequel j’ai travaillé durant cinq ans mettant tout entre parenthèses pour réussir cette grande production. Mais comment voulez-vous que nos parte- naires italiens et français nous prennent au sérieux quand ils voient que nous sommes incapables d’avoir un visa en tant que producteur ou en tant que réa- lisateur et artiste». Ce type d’exemples qui se comptent par dizaines de mil- liers, explique les chiffres d’obtention des visas qui sont constamment revus à la baisse. Il y a même plus tragi- comique quand on sait que les autori- tés françaises ont refusé d’octroyer le visa à un homme d’affaires marocain dont le chiffre d’affaires dépasse les 300 millions de dirhams par an. Le prétexte avancé par le consulat est que ce chef d’entreprise «n’a pas les garan- ties pécuniaires suffisantes pour passer des vacances en France». D’ailleurs, face à ce genre de non-sens, le porte-parole et vice-président des entreprises de France (Medef) a réagi face à cette brouille entre les deux pays, surtout après les restrictions dras- tiques des demandes de visas. Dans ce sens, Fabrice Le Saché a affirmé sans détours qu’il faut «continuer de bâtir des projets communs» entre Rabat et Paris pour développer davantage les secteurs privés avec «le Maroc qui est un grand pays» surtout qu’une réunion importante est prévue de longue date entre Marocains et Français. Il s’agit de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) 2022, avec la présence d’une délégation marocaine dont la présence est souhaitée par le patronat français, les 29 et 30 août 2022. Contresens Selon les données publiées par le ministère français de l’Intérieur, en 2020, les Marocains ont obtenu environ 98.000 visas d’entrée en France, contre 346.000 en 2019, environ 303.000 en 2018 et 295.000 en 2017. La France se justifie en affirmant que «C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision ren-
la communauté internationale. Dans ce sens, la question rhétorique posée par le politologue, Mostapha Tossa, prend tout son sens : «la mau- vaise humeur française à l’égard du Maroc serait-elle due aux récents choix stratégiques opérés par Rabat à travers sa toute nouvelle et précieuse alliance politique avec les USA et Israël? Sans doute, ce désir d’émancipation et de multiplication des amitiés a-t-il provo- qué des aigreurs et des grincements de dents qui ont trouvé dans l’arme des visas une manière de s’expri- mer ?». Une carte qui ressemble à un pétard mouillé, vu les enjeux entre les deux pays, que Paris semble brader en essayant de jouer sur plusieurs tableaux, séduisant les militaires algé- riens, manipulant un président algérien sans envergure étatique, poussant à la faute une Mauritanie moribonde, tout en continuant de semer le chaos en Libye, participant fortement à l’effon- drement programmé du Maghreb et d’une Afrique du Nord dont l’unique pilier solide et fiable reste le Maroc qui n’a pas fini d’étonner. ◆
due nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne sou- haitons pas et ne pouvons pas garder en France» , comme l’avait souligné l’ancien porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. Cela porte un nom : tordre la main à l’autre pour l’obliger à s’exécuter. Pourtant, cette décision de la part de Paris ne se base sur aucune donnée objective de la coopération migratoire entre le Maroc et la France, qui se déroule, dans l’en- semble, de manière efficace, puisque les autorités marocaines ont honoré leurs engagements en matière d’iden- tification et d’établissement des lais- sez-passer consulaires, comme il est stipulé dans les accords entre les deux pays. C’est dans ce sens que cette décision revêt des allures de chantage pur et simple. Sauf que dans ce bras de fer, Paris semble oublier que Rabat ne tolère plus aucune méprise et traite d’égal à égal avec tous ses partenaires. Une condition sine qua non érigée en principe fondamental pour le Maroc dans ses relations avec l’ensemble de
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