FNH 989

14

BOURSE & FINANCES

JEUDI 2 ET VENDREDI 3 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

Banques - Entreprises

◆ Le respect des normes prudentielles et la rentabilité se heurtent aux besoins de financement exprimés par les entreprises marocaines. ◆ BAM déterminée à veiller à la transmission de ses décisions à l’économie réelle. Un clivage persistant L e principe de solidarité aura fortement prévalu durant la gestion de la pandémie covid-19. Une solidarité sur tous les Par D. William

Le rythme des prêts accordés aux entre- prises non financières privées s’est accéléré à 11,4% à fin avril.

plans, mais particulièrement sur les volets économique et finan- cier où il a fallu trouver les méca- nismes nécessaires pour soutenir une économie moribonde. Les acteurs financiers, particu- lièrement les banques, se sont montrés coopératifs, conformé- ment à leur mission de financeurs de l’économie. Il faut cependant dire qu’on leur a royalement bali- sé le terrain. D’un côté, le Comité de veille économique (CVE) leur a mâché le travail, grâce notamment à une panoplie d’outils de garantie mis en place à travers la Caisse cen- trale de garantie (CCG). D’un autre côté, le 16 juin cou- rant, Bank Al-Maghrib a complété le dispositif en réduisant de 50 points de base le taux directeur, pour le ramener à 1,5%, après une première baisse de 25 points de base décidée en mars dernier. Mieux encore, la Banque centrale a pris l’initiative de libérer inté- gralement le compte de réserve au profit des banques, ce qui leur permet de disposer d’un mate- las financier de 10 milliards de dirhams pour booster l’offre des crédits. Tensions apaisées ? Toutes ces mesures devraient permettre aux entreprises d’avoir un accès plus facile aux crédits, surtout dans ce contexte où elles sont malmenées par la crise.

Sauf qu’en face, quels que soient les mécanismes déployés, les établissements bancaires, qui brandissent volontiers le fait qu’ils ne sont pas des structures de bienfaisance, ont un double impératif : le respect des normes prudentielles et la rentabilité. Ce double impératif s’est toujours fortement heurté aux besoins de financement exprimés par les entreprises marocaines. Encore davantage dans cette période de crise où elles redoutent l’explo- sion des créances en souffrance. D’où les tensions permanentes. Rappelons-nous d’ailleurs la passe d’armes virulente entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) en mars dernier. Le président du patronat, Chakib Alj, dénonçait en gros le fossé existant entre le discours officiel du GPBM

visant à accompagner les entre- prises pour sortir de cette crise exceptionnelle, et les pratiques bancaires sur le terrain, donnant, entre autres, l’exemple des taux de refinancement des importa- tions qui sont parfois passés de 1,5% à 3,5%. Et ce, alors que BAM a réduit son taux de base et les taux de base sur le Dollar et l’Euro étaient à des niveaux historiquement bas. La CGEM reprochait aux banques de ne pas jouer le jeu. Des propos qui ont suscité l’ire de Othman Benjelloun et Mohamed El Kettani, respectivement pré- sident et vice-président délégué du GPBM, et qu’ils estiment ne pas être «à la hauteur de la res- ponsabilité nationale que nous devons tous assumer dans la sérénité et la concertation dans cette crise sanitaire mondiale que traverse notre pays». Les tensions se sont-elles apai-

On se rappelle de la passe d’armes virulente entre la CGEM et le GPBM en mars dernier.

sées avec le temps ? Difficile de le dire. En tout cas, du côté de la Banque centrale, on tient à la transmis- sion de la politique monétaire. BAM restant convaincue que ses nouvelles décisions prises en juin, auxquelles s’ajoutent l’élargissement du collatéral éli- gible à ses opérations de refi- nancement, le renforcement de ses programmes non convention- nels, ainsi que l’allègement tem- poraire des règles prudentielles,

Made with FlippingBook flipbook maker