FNH 989

20

BOURSE & FINANCES

JEUDI 2 ET VENDREDI 3 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

reprise des entreprises par les salariés revêt un avantage primordial, car elle permet de sauver les pertes d’emplois, éviter les faillites d’entre- prises en drainant des liquidités sans le recours aux aides étatiques. En Espagne, par exemple, le modèle des socie- dades laborales - sociétés de travailleurs asso- ciés- est fondé sur l’actionnariat salarié. Il constitue un programme de sauvetage des entreprises en difficulté, et a permis une forte création d’emplois dans tous les secteurs d’ac- tivités. Le modèle des SCOP françaises (Société coo- pérative de production) constitue une forme hybride entre l’entreprise et la coopérative; le management s’apparente à celui des entreprises commerciales, mais le capital et le pouvoir sont partagés de façon équitable entre les salariés associés. Ce sont des entreprises dans les- quelles les salariés détiennent au moins 51% du capital, et se distinguent par la primauté donnée à la rémunération salariale et l’investissement à long terme au détriment de la rémunération du capital. Les SCOP se caractérisent par un système démocratique en matière de prise de

En période de récession économique, la reprise des entre- prises par les salariés revêt un avantage primordial, car elle permet de sauver les pertes d’em- plois…

la structure et des ratios financiers et favorise, par conséquent, l’accès futur à l’endettement bancaire à des taux d’intérêt bas, et ce selon plusieurs études internationales. Ensuite, l’actionnariat salarié peut constituer un argument d’attraction et de rétention des sala- riés les mieux qualifiés. Et enfin, l’actionnariat salarié renvoie un signal positif fort au marché financier quant à la croissance et la santé finan- cière de l’entreprise susceptible d’améliorer sa crédibilité et sa réputation auprès des stakehol- ders. Car l’achat d’actions par les salariés est considéré comme une marque de confiance à l’égard de sa croissance et de sa pérennité. Néanmoins, il est judicieux de préciser qu’il n’y a pas un seul modèle pour instaurer l’AS, mais trois. Nous allons les définir et expliquer ainsi les avantages de chaque formule. Le premier modèle se déploie via l’achat d’actions par les salariés à des conditions préférentielles, notam- ment une décote sur le prix avec ou sans abon- dement. Cette configuration appelée Employee Share Purchase Plans (ESPP) concerne notam- ment les grandes entreprises cotées en Bourse. La deuxième formule concerne les plans de stock options destinés aux salariés et aux dirigeants des entreprises. Il s’agit d’un droit d’achat d’actions attribué aux salariés à un prix d’exercice avantageux fixé à l’avance pour une échéance donnée. Ce dispositif est appliqué, également, par les start-up qui le présentent, notamment, comme un second pilier du disposi- tif de rémunération afin de compenser le risque et rétribuer la performance individuelle des salariés fondateurs. Cette formule constitue un facteur de développement des start-up, car elle

permet d’attirer les meilleurs profils et renforce ainsi l’attractivité et la rétention des meilleures compétences. A ce titre, ce modèle peut engen- drer une réelle dynamique entrepreneuriale sus- ceptible de booster la création d’emplois et d’insuffler une nouvelle vigueur à l’économie marocaine endommagée par l’épidémie. LeprogrammeESOP (EmployeeStockOwnership Plan) constitue la troisième formule et intéresse essentiellement les PME et les entreprises non cotées. Cette formule américaine est sans doute la plus opportune pour les entreprises et les salariés. Il s’agit d’un rachat par endettement permettant aux salariés de posséder une partie ou la totalité du capital de leur entreprise sans investissement financier; c’est la configuration Management Buy-Out du Leverage Buy-Out. Cette formule connait un fort engouement aux Etats-Unis et concerne près de 14 millions de salariés. Ce dispositif s’avère particulièrement intéressant pour sauver les entreprises maro- caines en crise de liquidité engendrée par la pandémie de la Covid-19. La pertinence des plans d’ESOP à l’américaine est liée au fait que le financement est assuré par les banques, et les salariés ne sont pas obligés d’investir leurs éco- nomies en achat d’actions. Aussi, le caractère inclusif des plans d’ESOP constitue un facteur de stabilité, de motivation et de fédération des salariés. F.N.H. : Dans les pays développés, quels sont les leviers activés pour encoura- ger le développement de l'actionnariat salarié ? S. E. : En période de récession économique, la

décision fondé sur le principe une voix pour chaque salarié, i ndépe ndam- ment de la pro- portion d’ac- tions détenues. En Italie, la coo- pérative sociale instaurée par la loi Marcora 49/1985 a pour objectif d’aider les salariés en chômage tech- nique ou ceux issus d’entre- prises en diffi-

L’Etat doit accom- pagner et promou- voir l’expansion de l’actionnariat salarié par la mise en place d’un cadre législatif incitatif, susceptible de séduire les entre- prises.

culté à se regrouper en coopératives afin de reprendre leurs entreprises et ainsi sauvegarder leurs emplois. Ce mécanisme existe toujours et constitue un instrument majeur pour la promo- tion de la croissance économique italienne. Les Etats-Unis, pays pionnier en matière de développement et de démocratisation d’action- nariat salarié, se caractérisent, notamment, par l’ampleur et l’efficacité des incitants fiscaux qui facilitent l’instauration et la diffusion des plans de participation. Ainsi, l'Employee Retirement Income Security Act (ERISA) de 1974 est une loi fédérale qui fixe des normes minimales pour la plupart des régimes de retraite et consacre des avantages fiscaux à toutes les formules de participation et

Made with FlippingBook flipbook maker