FNH N° 1199 V2

POLITIQUE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 12 JUIN 2025

En somme, ce périple s’est avéré très fructueux : il nous a permis d’exposer à nos cama- rades vénézuéliens et cubains l’état de maturation avancée du processus en cours et de les inviter à adopter rapidement une attitude constructive, alors que le Maroc agit pour régler définitivement cette question. F.N.H. : Vous avez dénon- cé plusieurs fois la pas- sivité du gouvernement face à la flambée des prix. Si vous étiez en responsabilité, quelles mesures immédiates mettriez-vous en œuvre pour améliorer le pouvoir d’achat des Marocains ? N. B. : Il y a deux ans, nous avons publié une lettre ouverte, la première du genre, pour aler- ter sur une situation alarmante: une inflation à deux chiffres. Nous y appelions le gouver- nement à agir sans délai pour enrayer cette spirale des prix. Parmi les solutions concrètes proposées, figurait l’activation de l’article 4 de la loi sur la liber- té des prix et de la concurrence, permettant un plafonnement temporaire (pour six mois, par exemple) de certains prix jugés abusifs. Nous avions également recommandé une action sur les leviers fiscaux, notamment la TVA, la TIC et les droits de douane, à l’image de ce qu’ont fait plusieurs pays. Nous avions également insis- té sur la nécessité d’un enca- drement strict des profits réa- lisés par les distributeurs de carburants, que le Conseil de la concurrence avait qualifiés d’issus d’ententes illicites. Car à chaque hausse du prix du car- burant, c’est le consommateur final qui en paie le prix fort. Autre dysfonctionnement que nous avions mis en lumière : la multiplication des intermé-

diaires entre producteurs et consommateurs, notamment dans le secteur agricole, qui fait parfois grimper les prix par dix. Là aussi, nous avions exhorté le gouvernement à intervenir pour faire baisser réellement les prix à la consommation. Or, hormis un soutien ponctuel de 8 milliards de dirhams accor- dé aux transporteurs, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour freiner l’inflation. Pire: en refusant d’agir sur la fisca- lité indirecte, l’Etat a profité de cette flambée pour engranger davantage de recettes fiscales au détriment du citoyen. On peut légitimement craindre que cette logique perdure. Nous avons bien peur que les prix repartent à la hausse, puisque ceux des carburants sont en train de grimper. Et rien ne laisse penser que le gouverne- ment compte inverser la ten- dance ou défendre le pouvoir d’achat des ménages. Pourtant, les cours du pétrole ont connu plusieurs baisses sur le marché international, sans jamais se traduire sur les prix à la pompe au Maroc. Les der- niers indicateurs annoncent une nouvelle vague d’augmentation qui pourrait bien relancer la machine inflationniste. F.N.H. : Vous évoquez souvent l’influence des lobbies économiques sur les décisions de l’Exé- cutif. Avez-vous des élé- ments précis sur cette «mainmise» ou est-ce une posture politique ? N. B. : S’agissant tout d’abord des importations, commençons par les viandes rouges. Nous avons démontré que seules quelques entreprises importa- trices ont réellement bénéficié des mesures mises en place; elles en ont largement profité sans répercussion tangible sur les prix à la consommation. En réponse à notre demande, nous avons obtenu en octobre der- nier un document du ministère des Finances. Celui-ci révèle que cette opération a coûté environ 13 milliards de dirhams

liens officiels entre nos pays, un point auquel la partie véné- zuélienne accorde une grande importance. Rappelons qu’à ce jour, le Maroc ne dispose pas d’ambassade à Caracas : notre représentation est assurée par l’ambassadeur accrédité en République dominicaine. La seconde étape s’est déroulée à Cuba, où l’accueil fut des plus chaleureux et les rencontres de haut niveau. L’agenda ne nous a toutefois pas permis de voir le président, également premier secrétaire du Parti communiste cubain, alors en tournée dans différentes com- munes du pays. Nous avons néanmoins échangé avec le chef des relations extérieures, le numéro trois du parti chargé des questions économiques, la secrétaire du comité cen- tral, les responsables de la jeu- nesse et des femmes ainsi que

plusieurs hauts responsables. Tous ont salué les positions du PPS condamnant le blocus qui frappe Cuba. Sur place, nous avons consta- té l’impact dramatique de ce blocus imposé par les Etats- Unis depuis soixante-cinq ans. Le Parti communiste cubain a remercié le Maroc pour son soutien constant aux résolu- tions présentées à l’Assemblée générale des Nations Unies. Nos discussions se sont sol- dées par la signature d’un mémorandum d’entente visant à renforcer la coopération entre nos partis. Les autorités cubaines, comme leurs homo- logues vénézuéliennes, se sont déclarées prêtes à approfondir le dialogue avec le Maroc sur la question du Sahara et l’intégrité territoriale du Royaume, étape susceptible de faire évoluer leur position sur ce dossier.

Le chômage oscille entre 13% et 13,7%, un sommet inédit depuis un quart de siècle, révélateur de l’échec de la politique écono- mique actuelle.

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