POLITIQUE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 12 JUIN 2025
ce côté-là. Concernant la motion de censure, la majorité n’a même pas eu besoin de s’impliquer : son rejet l’arrangeait bien. Elle échappe surtout à une condam- nation morale et politique et évite d’avoir à rendre des comptes, devant l’opinion publique, sur un bilan accablant. Au sein du PPS, nous avons joué un rôle constructif, en tentant de rapprocher les points de vue. Nous avons voulu recentrer le débat, non pas sur la question de savoir qui allait porter la motion, mais sur quoi y mettre, et com- ment parler au peuple pour sus- citer son intérêt, son engagement et lui permettre de distinguer ce gouvernement d’une opposition responsable et courageuse. Malheureusement, une compo- sante de l’opposition, l’USFP en l’occurrence, a décidé de torpil- ler ce processus. Alors même que nous étions proches d’un consensus, elle s’est retirée uni- latéralement des concertations en cours. C’est regrettable. Cela dit, au PPS, nous poursuivrons notre action. Avec ou sans les autres composantes de l’opposition. Car aujourd’hui, nul ne peut ignorer que nous jouons un rôle de lea- dership sans céder au populisme, avec sérieux, conviction et déter- mination. Nous le faisons car nous sommes convaincus que ce gou- vernement est en échec, et qu’il ne répond pas aux aspirations de notre peuple. Nous n’avons pas pu le censurer à la Chambre des représentants, soit. Mais les prochaines élections devront être l’occasion, pour le peuple, de lui infliger une censure populaire. C’est pourquoi nous appelons à un vote massif afin que ce parti qui dirige aujourd’hui le gouver- nement ne puisse plus disposer, demain, d’une majorité parlemen- taire. F.N.H. : En 2026, peut-on s’attendre à une recompo- sition de l’opposition autour d’un pôle progressiste élar- gi, ou les divergences idéo- logiques et stratégiques sont-elles aujourd’hui trop profondes ? N. B. : Ecoutez, c’est le sou-
hait que porte le Parti du pro- grès et du socialisme. Il faut le dire avec franchise : nous avons connu des difficultés, notamment avec l’USFP. La première fois que nous avons tenté d’engager une concertation bilatérale, cela s’est soldé par un abandon en cours de route. Pourtant, nous avions élaboré ensemble un document que nous n’avons même pas eu l’occasion de présenter à l’opi- nion publique. La seconde tentative, autour de la motion de censure, a été tout aussi compliquée. Par ailleurs, une partie de la gauche semble s’enfermer dans une posture de repli sur soi qui ne mène à rien de constructif. Cela dit, nous avons une conviction forte au PPS : les forces progressistes dans ce pays ne se limitent pas aux par- tis politiques. Bien au contraire, la majorité des progressistes se trouve aujourd’hui en dehors de ces structures traditionnelles. C’est pourquoi nous souhaitons nous adresser directement à ces citoyens, pour leur dire : si vous aspirez au changement, com- mencez par vous inscrire sur les listes électorales. C’est un geste fondamental. Il faut voter, car c’est le seul levier pour mettre en échec ce gouvernement. Je sai- sis l’occasion que vous m’offrez pour relancer cet appel : si l’on veut faire barrage au pouvoir de l’argent et à la corruption (ou fas- sad, comme on dit en arabe) qui gangrènent aussi bien le champ politique qu’électoral, alors il n’y a qu’une seule voie : une par- ticipation populaire massive et un vote sanction à l'égard de ce gouvernement. Et dans cette dynamique, nous espérons que le PPS bénéficiera d’un soutien large et résolu, porté par ce vote du changement. F.N.H. : Face au désenchan- tement politique croissant, que propose concrètement le PPS pour redonner envie de voter, en particu- lier chez les jeunes et les classes moyennes ? N. B. : Nous travaillons actuel- lement à l’élaboration de notre programme. Il s’appuie sur les
Lors de la session d’octobre du Conseil de sécurité des Nations unies, un tournant décisif pourrait être acté : la reconnaissance de l’autonomie comme l’unique issue viable au différend autour du Sahara marocain.
obstinément le dialogue. Son chef, s’exprimant devant la Chambre des députés, s’est permis une déclaration pour le moins choquante : tout ce qu’on lui dit, selon ses propres mots, «entre par une oreille et sort par l’autre». Devant les représen- tants de la Nation, ce même chef de gouvernement n’a pas hésité à adopter un ton menaçant à l’égard de ceux qui osent le critiquer. «Vous ne me connais- sez pas et vous ne connaissez pas mon père», leur a-t-il lancé, dans un avertissement à peine voilé. Nous sommes face à un exécutif qui privilégie la menace au lieu de la concertation. Un gouvernement qui ne sait pas ce qu'est le débat démocratique et être à l'écoute de citoyens. Ce recul manifeste entrave sérieu- sement les avancées en matière de participation citoyenne, de renforcement démocratique et d’engagement politique. Au
final, c’est l’ensemble du pay- sage politique et partisan qui en pâtit. F.N.H. : La motion de cen- sure avortée récemment a mis en lumière les divi- sions au sein de l’opposi- tion. Le PPS peut-il conti- nuer à jouer seul le rôle de contre-pouvoir crédible ? N. B. : Nous avons tout mis en œuvre pour que cette motion de censure puisse aboutir. En amont, nous nous sommes activés pour que la commission d’enquête sur les importations de viandes rouges puisse voir le jour. Le gou- vernement, quant à lui, a évidem- ment tout fait pour faire capoter cette initiative. A ce jour, rien n’a été concrètement mis en place de
D’après le CESE et le HCP, 8,5 millions de Marocains sont aujourd’hui sans couverture sociale.
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