FNH N° 1199 V2

POLITIQUE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 12 JUIN 2025

social, certaines notions ne devraient pas être galvau- dées : le service public, la justice sociale concrète et une santé publique de qua- lité. Cela implique non seu- lement des hôpitaux régio- naux ou universitaires perfor- mants, mais aussi une offre de soins accessible et digne sur l’ensemble du territoire. Or aujourd’hui, la réalité est tout autre : l’essentiel de l’offre de soins est désormais accaparé par le secteur privé. Plus de 400 cliniques privées ont vu le jour récemment. Pourquoi ? Parce que 80% des fonds de la CNSS et 95% de ceux de la CNOPS sont absorbés par ces établissements privés. C’est tout simplement alar- mant. Dans ces conditions, comment espérer financer durablement l’enseignement public ou le système de santé public ? C’est là un échec de plus à mettre au passif de ce gouvernement. Une preuve de plus que «l’Etat social» dont il se réclame n’est qu’un slo- gan trompeur. Un Etat social digne de ce nom, c’est aussi l'élargissement de la démo- cratie. C’est l’accès à la libre initiative et le soutien à l’entreprise nationale pour qu’elle puisse pleinement jouer son rôle économique, mais aussi social. Car c’est elle qui crée de la richesse, investit et embauche. Mais là encore, ce gouvernement tourne le dos à cette vision. Non pas par ignorance, mais parce que, fondamentale- ment, ils ne croient pas à l’idée même d’un Etat social. Car l’Etat social, c’est d’abord une conviction. C’est une phi- losophie issue des valeurs de gauche, avec une exigence de lutte contre la pauvreté et une ambition d’élargir vérita- blement la classe moyenne. Les chiffres sont là : le bilan est désastreux, contrairement au discours officiel. Face à cela, il est temps de proposer une alternative. Une vision diffé- rente, ambitieuse et résolument tournée vers le progrès. ◆

 Pour Nabil Benabdellah, le gouvernement aurait pu agir sur la TVA, la TIC et les droits de douane pour maîtriser la flambée des prix.

fondements que nous avons défendus durant notre action d’opposition à ce gouverne- ment. Aujourd’hui, nous lan- çons une vaste concertation, en particulier avec les jeunes, et plus largement avec l’en- semble des citoyens, afin de co-construire, de manière par- ticipative et citoyenne, un pro- gramme qui puisera à la fois dans nos engagements pas- sés et dans les orientations du Nouveau modèle de dévelop- pement, un document officiel que le gouvernement actuel a pourtant relégué aux oubliettes. Notre ambition est claire : élar- gir les espaces de démocra- tie et renforcer la participation citoyenne. On ne peut pas avancer sans un portage politique fort et sans l’adhésion active de toutes les composantes de la société au processus du changement. Et même lorsque les décisions sont difficiles sur le plan poli- tique, économique ou social,

mage, créer des opportunités et remettre l’économie sur les rails d’une croissance réelle et inclusive. Sur le plan social, nous enten- dons corriger les erreurs fla- grantes de l’actuelle majorité. On nous parle de généralisation de la couverture sociale, mais la réalité est tout autre. Les données du CESE et du HCP sont édifiantes : 8,5 millions de Marocains sont aujourd’hui sans couverture. Autrefois bénéficiaires du Ramed, ils se retrouvent désormais sans filet de sécurité, ni dans l’AMO, ni dans l’AMO solidarité. Quant à l’aide directe, dont ils vantent aujourd’hui les mérites, ils l’avaient rejetée lorsqu’ils étaient avec nous au gouverne- ment. Et même cette aide, dans sa forme actuelle, est insuf- fisante. C’est une illusion de solidarité. F.N.H. : Vous critiquez la conception gouverne- mentale de «l’Etat social» en la qualifiant de «pro- duit défectueux». Quelle serait, selon vous, une version aboutie et opé- rationnelle de ce modèle pour le Maroc ? N. B. : Dans un véritable Etat

il faut des femmes et des hommes capables de les expli- quer, que ce soit au Parlement, dans les associations ou lors de réunions publiques. La réforme ne peut avancer que si elle est comprise, portée et défendue. Nous comptons également mettre en œuvre une véritable stratégie de relance écono- mique. Une politique où l’Etat retrouve son rôle d’orientation et de régulation, et où l’inves- tissement public devient un levier majeur. Le gouvernement actuel avait promis 550 mil- liards de dirhams d’investis- sements pour la création de 500.000 emplois. Nous atten- dons toujours de voir la cou- leur de ces promesses : ni les investissements, ni les emplois ne sont au rendez-vous. Un échec de plus à mettre à leur actif. Nous voulons au contraire promouvoir une politique auda- cieuse de soutien à l’entreprise nationale, encourager l’inves- tissement productif et instaurer des mécanismes rigoureux de transparence pour lutter contre la rente, la corruption et les conflits d’intérêts. Il s’agit de restaurer la confiance des por- teurs de projets et des entre- preneurs, condition indispen- sable pour faire reculer le chô-

L‘opération relative aux importations de viandes rouges a coûté environ 13 milliards de dirhams à l’Etat, sous forme de taxes non perçues ou de subventions accordées aux importateurs, sans pour autant empêcher les prix du mouton de s’envoler…

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