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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 18 FÉVRIER 2021

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◆ L’année 2021 marquera-t-elle la fin de la crise économique et sanitaire ? Quels impacts sur les marchés, les entreprises et l’emploi ? ◆ Amine El Bied, économiste, expert en finance et stratégie, a bien voulu répondre à nos questions dans une interview réalisée le 30 janvier 2021. Quelles perspectives pour l'économie marocaine en 2021 ? Conjoncture

de 2003, celle de l'épidémie de SRAS qui est également due à un coronavirus, la crise de la Covid-19 a eu un impact énorme sur les économies du monde entier. Seule la Chine peut se préva- loir d’une croissance positive en 2020. Étant donné la gravité de la crise que nous vivons, je trouve que l’économie marocaine a fait preuve d’une grande résilience. La dernière estimation, don- née par Bank Al-Maghrib, de la crois- sance en 2020 serait de -6,6%. C’est presque une bonne nouvelle parce qu’on aurait pu s’attendre à pire. Le système économique marocain a montré une grande capacité de résistance, face à ce qu’on peut considérer comme le plus grand choc économique de ce début de siècle. Comme les marchés bour- siers intéressent particulièrement votre journal, on remarquera la similitude du chiffre avancé par la Banque centrale, de -6,6%, avec la baisse annuelle YTD des indices boursiers, qui ont clôturé l’année 2020 à respectivement -7,27% pour le Masi et -7,35% pour le Madex. On peut dire qu’à la fin de 2020, la Bourse a eu une évolution conforme à l’économie; c’est un bon signe je trouve pour les marchés financiers. L’indice des prix à la consommation a connu, de son côté, une hausse de 0,7% en 2020, et l’indica- teur d’inflation sous-jacente a augmenté de seulement 0,5%. Ce qui fait que le taux directeur est resté à un niveau bas, de 1,5%. Cette politique monétaire de Bank Al-Maghrib, restée inchangée à fin 2020, favorise les marchés boursiers. Les investisseurs arbitrent en leur faveur

face à un marché obligataire valorisé à la hausse. Quant aux gestionnaires du marché des taux, ils ont profité de cette valorisation de leur portefeuille, mais il y a un risque de retournement si l’inflation n’est plus contenue et si la politique monétaire devait évoluer au courant de l’année. F.N.H. : Quel est votre scénario central concernant la croissance du Maroc en 2021 ? A. E. B. : Avant de présenter le mien, je vais d’abord parler de celui qui est com- munément admis au Maroc. Dans la Loi de Finances, par exemple, il est estimé une croissance de +4,8% pour 2021, contre, si vous vous souvenez, -6,6% estimée en 2020. Ce qui veut dire que dans ce scénario central, on ne retrouve pas encore à fin 2021 le niveau de PIB de 2019. Dans ce scénario à 4,8%, on pré- voit une progression de la valeur ajoutée agricole de 11%, pour une production céréalière de 75 millions de quintaux, et des activités non agricoles de +3,8%. On suppose également un déficit budgé- taire de 6,5% du PIB, alors qu’en 2020, il s’établit à environ 7,5%; il y a donc une amélioration. On estime aussi qu’il y aura une reprise de la consommation finale intérieure de +3,6%. Le cours moyen du brent de pétrole est supposé être à 50 dollars US. L’inflation reste maîtrisée autour de 1%. Parlons à présent de mon scénario cen- tral, puisque c’est l’objet de votre ques- tion. Vous faites bien d’utiliser le terme de scénario «central», parce que j’en

Propos recueillis par A.. Hlimi

Finances News Hebdo : Notre éco- nomie, comme le reste de la planète, a subi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire l'an dernier et cela se prolonge en ce début d'année. Quel commentaire faites-vous sur l'évolution des indicateurs macroéconomiques du Royaume en 2020 ? Quelles sont les évolu- tions qui vous ont marqué ? Amine El Bied : Contrairement à la dernière grande crise sanitaire mondiale

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